Un homme à part (2003) : le test complet du DVD

A Man Apart

Réalisé par F. Gary Gray
Avec Vin Diesel, Larenz Tate et Timothy Olyphant

Édité par Metropolitan Film & Video

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Le 09/03/2004
Critique

Nouveau venu dans le paysage cinématographique hollywoodien, F. Gary Gray a su en quelques films se frayer un chemin tout droit vers les sommets du Box Office. Sa méthode : donner aux gens ce qu’il veulent et aux studios ce qu’ils souhaitent. Une attitude qui aurait pu déclencher agacement, mépris et parfaite indifférence à l’égard de ce jeune cinéaste mais qui, bien au contraire, eût très tôt pour effet de lui attirer faveurs du public, de la presse et de l’ensemble de la profession. Principale raison : l’homme est furieusement doué ! A se demander même s’il n’est pas magicien. Après avoir tourné deux films mineurs, F. Gary Gray se voit confier la réalisation du Negociateur. A l’affiche, Samuel L. Jackson et Kevin Spacey. Il en fait un Western urbain doublé d’une haletante partie d’échec entre Jackson et Spacey. Ce seul film va immédiatement le propulser dans le top 50 des réalisateurs. Désormais Hollywood lui appartient. F. Gary Gray se lance alors dans ce projet à la fois intimiste et grand public qu’est « Un Homme à part ». Opportunité de diriger un acteur sauvagement charismatique : Vin Diesel. Occasion de porter à l’écran un scénario qui alterne une fois encore action, réflexion et introspection. Clairement sa spécialité !

Sans être à la hauteur du Negociateur, le film a de quoi séduire. D’abord par sa mise en scène qui fait étalage d’une extraordinaire précision et d’une singulière opulence. Que ce soit le Quartier Général des narcotrafiquants ou la maison de Sean, chaque lieu, par son désordre et sa complexité, respire la vie et ajoute à la crédibilité de l’histoire. Une crédibilité que l’on retrouve dans Scarface et dont s’inspire librement et respectueusement « Un Homme à part ». La danse au QG des narcotrafiquants, la voiture piégée, le mitraillage en règle de l’appartement figurent parmi les scènes qui vous rappelleront quelques unes des séquences les plus incandescentes du film de Brian De Palma. Inutile de pousser plus loin la comparaison, « Un Homme à part » n’est ni un remake, ni une copie ! Avec F. Gary Gray aux commandes, le film prend même un chemin assez particulier vascillant entre drame intimiste, film de gang et blockbuster 100% action. L’atmosphère quasi électrique donne au film cette intensité et cette coloration si particulière. A tout instant, un grain de sable, un rien peut faire s’emballer la machine. La scène du vrai faux deal et le tabassage en règle d’un des dealers est sans conteste le climax du film (point culminant par son intensité et sa densité narrative). Climax auquel F. Gary Gray donne un sens ambigu, radical, extrême même…et que la performance de Vin Diesel transcende totalement.

Allez ! Les enfants sont couchés… on peut se lâcher deux minutes sur la performance animale de Vin Diesel. Surnommé Turbo Diesel depuis Fast and Furious, Vin est une bête… la quintessence même de l’animalité faite homme. De la trempe des Kirk Douglas, il incarne la force… la violence à l’état pur. Repéré par Spielberg alors qu’il fait une brève apparition dans un court-métrage en compétition au Festival de Deauville, il est immédiatement enrôlé pour sauver le Soldat Ryan. Puisqu’il le faut… Steven « Wonderboy » Spielberg crée même un petit rôle afin qu’il puisse y jouer. Enfin quand on dit jouer, on veut dire irradier de sa présence un court instant le film. Puis il enchaîne les rôles et apparitions charismatiques ; il prête sa voix au Le Géant de fer, crève l’écran dans Les Initiés avant de définitivement s’imposer dans la peau de l’antihéros nyctalope qu’est Riddick. C’est Pitch Black qui l’a fait et Fast and Furious qui l’a propulsé dans la peau d’une star, d’un jeune premier… mais pas n’importe lequel. Belle gueule, bon genre, regard d’acier, muscles de braises et cette voix rocailleuse à vous carboniser une midinette à distance… l’homme appelle de ses voeux le fauve qui est en lui… Nom de code : faut pas m’chauffer. Et pour le reste : voir avec son agent. Les Hommes de main confirme son talent… mais la sortie française littéralement sabotée (par le distributeur) éclipsera la performance (à apprécier en DVD). On tente alors de l’imposer dans une image de sulfureux héros. Manque de peau ! Censure et politique des studios (qui veulent faire de xXx une franchise) revisitent xXx pour en faire un bon gentil petit James Bond anticonformiste mais pas trop… il vole la voiture d’un politicien et dit des gros mots face à la caméra… oh la la le vilain garçon… Bref Diesel vient de gripper le turbo en tournant son premier navet…interdit aux plus de 12 ans !

Mais l’homme a de la ressource ! A venir « Pitch Black 2 », sans oublier le rôle d’Hannibal, général Carthaginois qui fit trembler Rome, dans le peplum éponyme. Sortie prévue en 2005 ! « Un Homme à part » est à l’image de Vin Diesel. Il est celui qu’aucune catégorie ne peut véritablement ranger. Aussi à l’aise dans l’action, que dans la guerre ou dans la Science Fiction, cet acteur né sait tout faire, emplissant l’écran à sa seule apparition ! Il est l’atout majeur de F. Gary Gray, son héros, son histoire, son atmosphère même. Alors le cinéaste oublie l’espace de quelques plans qu’il tourne un film et s’attarde sur le sourire, la musculature et les larmes de Vin Diesel. Plus de mise en scène, plus de scénario, juste une caméra, un réalisateur et son acteur. On regrette l’absence d’un De Palma lors de ces moments-là. Il aurait permis à Diesel de se tailler la part du lion dans des scènes à la mesure de son envergure. F. Gary Gray, lui, mise sur la star…et son talent certain à tenir en haleine. Malheureusement, à certains moments (je dis bien certains), cela ne suffit pas. Plate et scolaire à certains endroits, la réalisation se révèle ultra aseptisée, ce qui a pour effet de rendre  » Un Homme à part  » moins intense, moins rythmée, moins structurée que le Negociateur. Dommage ! On était pourtant sur la bonne voie. Il vous suffit de garder en mémoire le tabassage du dealer pour voir de quoi le couple Gray / Diesel est capable. Et si le film avait été un film indépendant…régie par aucune autre loi que celle de la création ? C’est sûr, Scarface n’aurait été qu’un vague souvenir…

Reste un film furieusement jouissif, rock’n’roll au possible, avec de solides interprétations. Au programme : vengeance et castagne. Cocktail explosif servi bien chaud… Diesel y veille… Gray aussi… à consommer sans modération !

Présentation - 1,0 / 5

…et pourtant « Un Homme à part » méritait bien autre chose qu’une édition mal ficelée. C’est franchement décevant de la part d’un éditeur qui nous avait habitué à bien mieux que ça ! Où sont donc passés les menus animés, les musiques punchies, les documentaires et makings of façon Le Seigneur des Anneaux, les interviews, l’analyse des effets spéciaux et le commentaire audio du réalisateur et de son équipe ?

Enfin toutes les choses auxquelles les Dévédéphiles ont droit. Ici, c’est carrément la déche avec pour seule et unique compensation des scènes coupées et une bande-annonce. Pour le reste, t’as l’bonjour d’Alfred !

L’éditeur se concentre sur le soin (habituel chez lui) apporté à l’image et au son. C’est bien mais on aurait aimé aussi qu’il n’oubliât pas l’importance capitale des suppléments qui sont (on ne le répétera de toute évidence jamais assez) l’autre valeur ajoutée du DVD. Fort heureusement, dans sa hâte, l’éditeur a toutefois pris soin de réaliser une jaquette à peu près propre, en tous les cas plus accrocheuse que l’affiche cinéma. Vin Diesel déguisé en penseur de Rodin, ça ne le faisait vraiment pas…Demeure une accroche approximative dont on aurait très bien pu se dispenser ; « Un Homme qui n’a plus de raison de vivre a toutes les raisons de se battre »… mouais, pas le sens de la formule, encore moins celui du résumé… allez on passe au film… ça vaut mieux !!!

Bonus - 1,0 / 5

Allez, une autre tournée de « y a vraiment rien à se mettre sous la dent, c’est dégueulasse, je ne suis pas content » et de « qu’est-ce que fout l’éditeur ? » ! Maintenant, tout ne vient pas de lui non plus ! Il faut que le réalisateur veuille bien se livrer, que les acteurs soutiennent le film, que les producteurs prévoient un budget promotion… enfin que la grande chaîne de la création soit respectée pour qu’il y ait matière ! Ici, difficile de trouver matière, c’est sec de chez sec… est-ce par manque de moyens ? Par protestation ? Par mépris pour le support ou pour le film ? Il faudrait demander à l’éditeur mais il est fort à parier qu’une anguille d’au moins un bon kilomètre se cache, lovée, sous la roche de cette édition DVD.


Scènes coupées (9’50 environ - VOST)

Montées, bruitées et d’excellente qualité, ces scènes auraient pu / dû figurer dans « Un Homme à part ». Quel est le massacreur de films qui a forcé le réalisateur à les couper ? Elles sont toutes intéressantes et apportent de pertinents éclaircissements vis-à-vis de l’action. Celle opposant Frost et Demetrius (intitulée Demetrius est remis en place) est même essentielle à la compréhension du film. C’est à peine croyable qu’on puisse forcer le réalisateur à supprimer ce genre de scènes. Le message subversif délivré par chacune d’elles explique leur suppression honteuse. Voici le détail :

- L’avertissement de Hollywood Jack
- Frost donne son feu vert
- Demetrius est remis en place
- Sean se recueille
- Leon prévient Sean et Demetrius
- La livraison
- La danse d’Assia

Juvénal, poète latin, écrivait ceci : « La censure pardonne aux corbeaux et poursuit les colombes ». En voulant à tout prix édulcorer le film, on a enlevé certaines des scènes les plus inspirées… combien de temps encore aurons-nous à subir le dictat de misérables corbeaux hollywoodiens sans le moindre talent ni le moindre respect pour les oeuvres de création ?

Bande-annonce (2’20 – VOST)

Livrée avec une très belle qualité de son et d’image, vous aurez également le choix de l’écouter en VF ou en VOST. Toutefois, ne soyez pas surpris si vous ne comprenez rien au sens de film après sa vision. Elle a été montée en dépit du bon sens. Objectif premier : montrer qu’ « Un Homme à part » est avant tout un film d’action avec Vin Diesel. Ca flingue, ça cogne, ça explose, 2 ou 3 vannes par ci par là et roule avec ça. Pour résumer, la bande-annonce d’ « Un Homme à part » est un concentré de grand n’importe quoi !

Image - 5,0 / 5

Image somptueuse, compression haute gamme, tons et ambiances du film parfaitement bien rendues…que peut-on reprocher à cette édition DVD ? C’est simple… rien ! Du QG à la prison en passant par le salon de massage ou bien encore l’appart de Sean, chacune des atmosphères a été retranscrite avec infiniment de précision de sorte que chaque « territoire » fût bien marqué. En terrain neutre, autrement dit les extérieurs, toujours la même qualité d’image et cette couleur dominante qui tire sur le sableux. F. Gary Gray opte même pour une surexposition légère à la faveur de certains plans qui n’aident parfois pas à la compréhension de l’action mais apporte néanmoins un petit côté documentaire nécessaire à l’ambiance du film.

Les gunfights sont une partie essentielle du film. Rapides, nerveux, dotés par endroit de plans à la limite du subliminal, ils tirent pleinement avantage d’une compression sans faille. Ni bruit, ni gel, ni pixellisation et pourtant, ces séquences survitaminées dispensent une quantité faramineuse d’informations. Quelle que soit la complexité et la richesse visuelle du plan, l’image la retranscrit avec une aisance désarmante qui fait étalage du haut degré de professionnalisme de l’éditeur dans ce domaine.

Son - 5,0 / 5

Côté bande-son, c’est le carnage absolu ! Au point même que vous sentirez presque l’odeur asphyxiante de la poudre à canon (les soirs de plein lune). Encodage Dolby Digital 5.1 que ce soit pour la VF ou pour la VO mais avec la sensation d’écouter du surroud ex. C’est bien simple, première scène, premier gunfight et la saisissante impression de décoller du siège vous envahit. Détaillées à souhait l’une comme l’autre, elles vous offriront quelques injections de pure adrénaline droit dans les veines…sensation que Negociateur procurait mais dans une moindre mesure !

Léger avantage tout de même à la VO afin de retrouver la vraie voix de Vin Diesel et non un doublage français aussi plat qu’irritant. Aucun style, aucune chaleur dans cette voix robotisée qu’on a eu la mauvaise idée de lui affubler. Si la plupart des doublages français ne sont pas trop mal réussis, hormis erreur de casting (exemple : Yvan Attal pour Tom Cruise), celui-ci est clairement raté ! Pour le reste, il n’y a aucune différence flagrante entre VF et VO.

A toutes et tous, excellente pro-jection…bon DVD !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle
Note du disque
Avis

Moyenne

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laurent
Le 30 mars 2004
j' avoue etre assez décu par le film car meme si un réel travail de réalisme apparait clairement à l' écran, l' histoire manque singulièrement d' originalité les personages sont très stéréotypés, vin diesel n' a pas son aura habituelle et la fin de l' histoire est loin d' etre aussi tranchante que le 6 eme sens ou les autres ce qui n' est pas le but avoué d' un film d' action tel que celui ci mais quand on s' inspire des autres il faut en avoir les moyens

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