Chico - Le devedech' (2002) : le test complet du DVD

Édité par Studiocanal

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Le 26/03/2004
Critique

Après Tout Monsieur Manatane, après Les Nuls, Studio Canal se décide enfin à éditer l’intégrale d’une autre de ses icônes comiques: l’unique, le seul, le grand CHICO. Et quand on parle d’intégrale, on n’est pas franchement loin du nu complet. On est en revanche loin très loin à des milliards d’années lumières de l’ambiance softisée et bon enfant des pubs Universal Music Mobile. Cap sur la caricature socio-culturo-politico sexuelle à caractère subversif et à l’humour franchement trash. En plus de 40 sketchs, le mot « enculé » doit être prononcé une bonne cinquantaine de fois. Quant aux embrassades goulues et insultes à l’égard de figures de la vie publique. Ca tombe, ça pleut, ça neige… bref, vous l’aurez compris âmes sensibles et pudibondes… s’abstenir ! Ce dévédech n’est carrément pas pour vous et franchement tant mieux car l’humour « Coluche », l’esprit « Mocky » (qui fait une apparition on ne peut plus remarquée et hilarante… à la hauteur du personnage) commençait sérieusement à nous manquer.

Hé oui, il fallait bien que quelqu’un se chargeât de salir un peu ce PAF (Paysage Audiovisuel Français) un peu trop propre, par trop aseptisé. Et devinez qui s’y colle ! La Bande à Canal qui, malgré les difficultés à restaurer l’esprit des débuts de la chaîne, a poursuivi son travail de dénicheurs de talents. Poelvoorde, Baer, Moustic, Garcia,… ils ont tous été élevés au bon grain de la chaîne qui voulait faire de la télé autrement. Et parce que l’aventure qui s’appelait Les Nuls résonne encore de son succès jusque dans les moindres recoins de la tristounette Canal+ d’aujourd’hui… la chaîne n’a de cesse de cultiver et même d’encourager une tradition comique irrévérencieuse. La bonne, la salutaire irrévérence qui divertit et « corrige les moeurs », dixit Molière. L’irrévérence qui fait rire de tout et redonne espoir. Oui la liberté est encore chérie sur nos ondes. Oui, on peut encore dire ce qu’on pense sur la politique, l’argent, la religion et même (irrévérence parmi les irrévérences) sur le show business tout puissant. (cf le gag sur Jean-Marie « J2M » Messier et le contrat Universal Music). Le « tu m’as pris pour Jennifer d’la Star Ac’ » restera à jamais parmi les répliques cultes.

Chez Canal, on a pas peur de se moquer… de Canal… enfin plus quand on s’appelle Les Guignols mais fort heureusement voici la relève. Aussi délirant qu’un personnage beanesque aux allures de dragqueen évadée d’une cocaïne party… CHICO met son coeur et son âme au service d’un divertissement sans aucune espèce de retenue ni frontière. Ca n’est pas toujours très réussi. C’est parfois trop court pour être cohérent. Ca vire de temps en temps à l’imbittable Private Joke mais au fond… on a le sentiment que l’humour, brute de fonderie, ne demande qu’à être mis en scènes et trouver des scenarii consistants. Pour l’instant, ça reste du sketch osé et plaisant… mais dans quelques années, CHICO et l’homme qui se cache derrière le costume, Patrick Mille (un nom prédestiné), seront au centre de one man shows hors du commun. Car sans nulle doute, l’homme est pétri de talents. En attendant ce jour, le joussif dévédech de CHICO « qui déchire sa race » promet de purs moments de folich… à grignoter sans aucunech modération.

Présentation - 3,0 / 5

Après une intro délire qui tient les promesses du DVD à paillettes, vous voilà projetés au coeur du réacteur avec musique techno et ambiance boule à facettes. Bienvenue chez CHICO ! Côté conception, la cahier des charges (à savoit la top éclatch) a été plutôt bien respectée. On aurait toutefois aimé un visuel plus CHICOdélique au lieu de cette photo très pose de star mais qu’importe, on ne va pas chipoter sur l’emballage ! Ca sent le CHICO, c’est ce qui compte !!!

Non, le vrai coup de gueule se situe du côté des bonus parce qu’avec l’intégrale des Coming next (lire autopromotion ou lancement), le sitcom « Full Metal Chicket » qu’on aurait fort bien pu intégrer aux autres sketchs et quelques lapidaires bonus cachés, on a la sensation que l’éditeur a cherché à artificiellement gonfler le DVD. Où sont les coulisses, les interviews, les bêtisiers… on ne va pas nous faire croire qu’en plus 40 sketchs, il n’y a pas eu matière à constituer un bêtisier digne de ce nom.

Le DVD profite de l’indéniable savoir-faire technique du Studio Canal mais on aurait aimé qu’il bénéficiât aussi de l’esprit inventif et fouineur de la chaîne afin d’en connaître plus sur ce personnage si fascinant qu’est CHICO. Un faux documentaire, un karaoké improvisé, un vrai faux test… peut-êtrech pour une deuxième édition… et venir enfin chercher total bonheur !

Bonus - 2,0 / 5

Sous la dénomination de suppléments apparaissent d’autres sketchs qu’on aurait pu tout aussi bien intégrer à la trame principale du DVD. Bonus signifie ici rallonge de sketchs qui ont pris la forme de sitcom ou que la télévision n’a peut être tout simplement pas pu diffuser eu égard au caractère très irrévérencieux de certains d’entre eux. Seule exception, les comings next qui font office de véritable supplément. Pour le reste, no bio, no filmo, no coulisses ni bonus extravagants. Seule l’excitation de découvrir quelques bonus cachés. Côté suppléments, c’est plutôt la mini éclatch…

Full Metal Chiket : le sitcom guerrier et sexuel (9’52)

Sans nulle hésitation, c’est le point fort du DVD ! Les aventures du soldat Chico do Brazil rappellent étrangement le sketch de Jean-Marc Thibault et de Roger Pierre. Remis au goût du jour, il prend aujourd’hui pour cible l’armée américaine et la guerre en Irak. On regretterait presque que tout le DVD ne fût pas sur ce modèle. Un sitcom dans laquelle les improvisations de CHICO sont canalisées autour d’une histoire à épisodes. Le transfert est de qualité tant au niveau son qu’au niveau image. Toutes les conditions sont réunies pour goûter ce Mash chicaldien en connaisseur.

L’intégrale des comings next (2’43)

Le seul vrai bonus de cette édition DVD. Les uns à la suite des autres, les coming next s’enchaînent à la vitesse de la lumière et renvoient (tout naturellement) aux sketchs épiques présents dans le DVD. Un fort joli bonus qui, destiné dans un premier temps à replacer les sketchs dans leur contexte, se transforme le plus simplement du monde en un vrai faux bêtisier.

Image - 4,0 / 5

Solidement ancré au savoir-faire technique du Studio Canal, l’édition n’a ménagé aucun de ses efforts pour fournir au dévédéchnaute une image topch canon. Hormis quelques sursaturations colorimétriques malheureuses à de très rares moments, l’ensemble joue la carte du contraste à travers le mélange des couleurs.

Chaudes et criardes, c’est le style CHICO. Le dévédech se devait de respecter ce chamarré cahier des charges. C’est chose faite ! Ici, c’est viens chercher couleurs, ambiances, lumières et paillettes. C’est la Fête !

Son - 2,0 / 5

Que le niveau sonore soit inégal d’un sketch à l’autre, on ne peut vraiment en tenir rigueur à l’éditeur. Malgré l’égalisation en post-production, certains sketchs sentent le manque de moyen et le travail de l’ingénieur du son n’a certainement pas été de tout repos. C’est la loi de l’artisanalement fait !

En revanche, l’éditeur aurait tout de même pu nous offrir autre chose que de la stéréo. Alors certes, il s’agit de sketchs. Certes on tolère ici que la forme prime sur le fond. Certes la prise directe n’a pas été originellement prévue pour être ensuite diffusée en 5.1. Mais au moins, remasterisez la musique. On ne demandait pas du DTS. Un simple Dolby Surround aurait suffi. Il faudra se contenter de la stéréo. Un format tout droit sorti du passé accompagné d’un mixage somme toute passable.

Chico vous aime toutch et toutches… bon DVD !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle