Après Tout Monsieur Manatane,
après Les Nuls, Studio
Canal se décide enfin à éditer l’intégrale d’une autre de ses
icônes comiques: l’unique, le seul, le grand CHICO. Et quand
on parle d’intégrale, on n’est pas franchement loin du nu
complet. On est en revanche loin très loin à des milliards
d’années lumières de l’ambiance softisée et bon enfant des
pubs Universal Music Mobile. Cap sur la caricature
socio-culturo-politico sexuelle à caractère subversif et à
l’humour franchement trash. En plus de 40 sketchs, le mot
« enculé » doit être prononcé une bonne cinquantaine de fois.
Quant aux embrassades goulues et insultes à l’égard de
figures de la vie publique. Ca tombe, ça pleut, ça
neige… bref, vous l’aurez compris âmes sensibles et
pudibondes… s’abstenir ! Ce dévédech n’est carrément pas
pour vous et franchement tant mieux car l’humour « Coluche »,
l’esprit « Mocky » (qui fait une apparition on ne peut plus
remarquée et hilarante… à la hauteur du personnage)
commençait sérieusement à nous manquer.
Hé oui, il fallait bien que quelqu’un se chargeât de salir un
peu ce PAF (Paysage Audiovisuel Français) un peu trop propre,
par trop aseptisé. Et devinez qui s’y colle ! La Bande à
Canal qui, malgré les difficultés à restaurer l’esprit des
débuts de la chaîne, a poursuivi son travail de dénicheurs de
talents. Poelvoorde, Baer, Moustic, Garcia,… ils ont tous
été élevés au bon grain de la chaîne qui voulait faire de la
télé autrement. Et parce que l’aventure qui s’appelait Les
Nuls résonne encore de son succès jusque dans les moindres
recoins de la tristounette Canal+ d’aujourd’hui… la chaîne
n’a de cesse de cultiver et même d’encourager une tradition
comique irrévérencieuse. La bonne, la salutaire irrévérence
qui divertit et « corrige les moeurs », dixit Molière.
L’irrévérence qui fait rire de tout et redonne espoir. Oui la
liberté est encore chérie sur nos ondes. Oui, on peut encore
dire ce qu’on pense sur la politique, l’argent, la religion
et même (irrévérence parmi les irrévérences) sur le show
business tout puissant. (cf le gag sur Jean-Marie « J2M »
Messier et le contrat Universal Music). Le « tu m’as pris
pour Jennifer d’la Star Ac’ » restera à jamais parmi les
répliques cultes.
Chez Canal, on a pas peur de se moquer… de Canal… enfin
plus quand on s’appelle Les Guignols mais fort heureusement
voici la relève. Aussi délirant qu’un personnage beanesque
aux allures de dragqueen évadée d’une cocaïne party… CHICO
met son coeur et son âme au service d’un divertissement sans
aucune espèce de retenue ni frontière. Ca n’est pas toujours
très réussi. C’est parfois trop court pour être cohérent. Ca
vire de temps en temps à l’imbittable Private Joke mais au
fond… on a le sentiment que l’humour, brute de fonderie, ne
demande qu’à être mis en scènes et trouver des scenarii
consistants. Pour l’instant, ça reste du sketch osé et
plaisant… mais dans quelques années, CHICO et l’homme qui se
cache derrière le costume, Patrick Mille (un nom prédestiné),
seront au centre de one man shows hors du commun. Car sans
nulle doute, l’homme est pétri de talents. En attendant ce
jour, le joussif dévédech de CHICO « qui déchire sa race »
promet de purs moments de folich… à grignoter sans aucunech
modération.
Après une intro délire qui tient les promesses du DVD à
paillettes, vous voilà projetés au coeur du réacteur avec
musique techno et ambiance boule à facettes. Bienvenue chez
CHICO ! Côté conception, la cahier des charges (à savoit la
top éclatch) a été plutôt bien respectée. On aurait toutefois
aimé un visuel plus CHICOdélique au lieu de cette photo très
pose de star mais qu’importe, on ne va pas chipoter sur
l’emballage ! Ca sent le CHICO, c’est ce qui compte !!!
Non, le vrai coup de gueule se situe du côté des bonus parce
qu’avec l’intégrale des Coming next (lire autopromotion ou
lancement), le sitcom « Full Metal Chicket » qu’on aurait
fort bien pu intégrer aux autres sketchs et quelques
lapidaires bonus cachés, on a la sensation que l’éditeur a
cherché à artificiellement gonfler le DVD. Où sont les
coulisses, les interviews, les bêtisiers… on ne va pas nous
faire croire qu’en plus 40 sketchs, il n’y a pas eu matière à
constituer un bêtisier digne de ce nom.
Le DVD profite de l’indéniable savoir-faire technique du
Studio Canal mais on aurait aimé qu’il bénéficiât aussi de
l’esprit inventif et fouineur de la chaîne afin d’en
connaître plus sur ce personnage si fascinant qu’est CHICO.
Un faux documentaire, un karaoké improvisé, un vrai faux
test… peut-êtrech pour une deuxième édition… et venir enfin
chercher total bonheur !
Sous la dénomination de suppléments apparaissent d’autres
sketchs qu’on aurait pu tout aussi bien intégrer à la trame
principale du DVD. Bonus signifie ici rallonge de sketchs qui
ont pris la forme de sitcom ou que la télévision n’a peut
être tout simplement pas pu diffuser eu égard au caractère
très irrévérencieux de certains d’entre eux. Seule exception,
les comings next qui font office de véritable supplément.
Pour le reste, no bio, no filmo, no coulisses ni bonus
extravagants. Seule l’excitation de découvrir quelques
bonus cachés. Côté suppléments, c’est plutôt la mini
éclatch…
Full Metal Chiket : le sitcom guerrier et sexuel
(9’52)
Sans nulle hésitation, c’est le point fort du DVD ! Les
aventures du soldat Chico do Brazil rappellent étrangement le
sketch de Jean-Marc Thibault et de Roger Pierre. Remis au
goût du jour, il prend aujourd’hui pour cible l’armée
américaine et la guerre en Irak. On regretterait presque que
tout le DVD ne fût pas sur ce modèle. Un sitcom dans laquelle
les improvisations de CHICO sont canalisées autour d’une
histoire à épisodes. Le transfert est de qualité tant au
niveau son qu’au niveau image. Toutes les conditions sont
réunies pour goûter ce Mash chicaldien en
connaisseur.
L’intégrale des comings next (2’43)
Le seul vrai bonus de cette édition DVD. Les uns à la suite
des autres, les coming next s’enchaînent à la vitesse de la
lumière et renvoient (tout naturellement) aux sketchs épiques
présents dans le DVD. Un fort joli bonus qui, destiné dans un
premier temps à replacer les sketchs dans leur contexte, se
transforme le plus simplement du monde en un vrai faux
bêtisier.
Solidement ancré au savoir-faire technique du Studio Canal,
l’édition n’a ménagé aucun de ses efforts pour fournir au
dévédéchnaute une image topch canon. Hormis quelques
sursaturations colorimétriques malheureuses à de très rares
moments, l’ensemble joue la carte du contraste à travers le
mélange des couleurs.
Chaudes et criardes, c’est le style CHICO. Le dévédech se
devait de respecter ce chamarré cahier des charges. C’est
chose faite ! Ici, c’est viens chercher couleurs, ambiances,
lumières et paillettes. C’est la Fête !
Que le niveau sonore soit inégal d’un sketch à l’autre, on ne
peut vraiment en tenir rigueur à l’éditeur. Malgré
l’égalisation en post-production, certains sketchs sentent le
manque de moyen et le travail de l’ingénieur du son n’a
certainement pas été de tout repos. C’est la loi de
l’artisanalement fait !
En revanche, l’éditeur aurait tout de même pu nous offrir
autre chose que de la stéréo. Alors certes, il s’agit de
sketchs. Certes on tolère ici que la forme prime sur le fond.
Certes la prise directe n’a pas été originellement prévue
pour être ensuite diffusée en 5.1. Mais au moins,
remasterisez la musique. On ne demandait pas du DTS. Un
simple Dolby Surround aurait suffi. Il faudra se contenter de
la stéréo. Un format tout droit sorti du passé accompagné
d’un mixage somme toute passable.
Chico vous aime toutch et toutches… bon DVD !