La Vie d'O'Haru, femme galante (1952) : le test complet du DVD

Saikaku ichidai onna

Réalisé par Kenji Mizoguchi
Avec Kinuyo Tanaka, Tsukie Matsuura et Ichirô Sugai

Édité par Films sans Frontières

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Le 20/07/2016
Critique

La vie d'O'Haru, femme galante

Ville de Kyoto, Japon au XVIIe siècle : une prostituée grelottante de froid se réfugie dans un temple. La contemplation d’une statue de Bouddha lui donne l’occasion de rassembler ses souvenirs : comment en est-elle arrivée là ? Héritière d’une famille de petits samouraïs, elle s’enfuit adolescente avec un amant de condition subalterne. Arrêtés par la police impériale, il est exécuté; elle est déchue puis exilée, en compagnie de sa famille, à la campagne. Apprentie geisha, O’Haru devient, en raison de ses caractéristiques physiques recherchées, la mère porteuse du seigneur d’un clan respecté. Sa vie s’achèvera pourtant, après bien des péripéties, dans la tristesse et l’humiliation.

La Vie de O’Haru, femme galante (Saikaku ichida onna) (Jap. 1952) de Kenji Mizoguchi est filmographiquement situé entre Miss Oyu (Oyu sama) (Jap. 1951) dont Mizoguchi n’était pas satisfait et Les Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu Monogatari) (Jap. 1953) qui fut très apprécié en Occident. La critique japonaise contemporaine considérait, pour sa part, le titre de 1953 légèrement inférieur à celui de 1952.

La Vie de O’Haru, femme galante ne fut pas tourné pour la société Daiei qui produisit la plupart des films classiques de la période finale de Mizoguchi entre 1950 et 1956. Son affiche originale japonaise indique Shin-Toho comme société de production, le générique chimique indique Toho Company comme société de distribution. La Shin-Toho (« Nouvelle Toho ») avait été fondée en 1947, elle disparut en 1961 : elle produisit d’excellents films d’exploitation, notamment les classiques du cinéma fantastique de Nobuo Nakagawa. Ce qui explique que l’équipe technique de La Vie de O’Haru, femme galante soit différente de celles des films Daiei. Son casting comporte, en revanche, beaucoup d’actrices et d’acteurs de la période Daiei. La Vie de O’Haru, femme galante révéla Mizoguchi en Occident et lui valut son premier Lion d’argent au Festival de Venise en 1952.

La vie d'O'Haru, femme galante

Le scénario est fidèle à l’histoire dépeinte dans Koshoku ichidai onna (Une femme de volupté), le roman classique de Saikaku Ibara (1642-1736) que Mizoguchi admirait. La Vie de O’Haru, femme galante fut le premier Mizoguchi à être ainsi primé hors du Japon et il en fut très fier. Mizoguchi réfléchissait à l’adaptation de cette histoire depuis des années, dès son installation à Kyoto, en fait. Le sujet lui tenait particulièrement à coeur. Mizouchi est l’un des plus grands peintres de la condition féminine japonaise. La Vie de O’Haru, femme galante présentait l’avantage dramatique de lui permettre d’évoquer, en une seule narration, un personnage transversal, illustrant diverses catégories historiques féminines qu’elle incarne successivement : noble fille de samouraï, puis noble condamnée pour outrage social, puis apprentie-geisha, puis mère porteuse pour un clan féodal, etc… jusqu’à la déchéance finale. Tous les aspects du cinéma de Mizoguchi sont ici rassemblés : fragilité du destin selon le bouddhisme (le début et la fin du film sont expressément placés sous cet angle), psychologie féminine, description sociale réaliste, légère coloration stylisée, parfois proche du fantastique, de certains plans expressifs. La Vie de O’Haru, femme galante est une oeuvre idéale pour qui désire une introduction esthétique et thématique à l’univers filmique de Mizoguchi. Célèbre création de l’actrice Kinuyo Tanaka dans le rôle-titre.

La vie d'O'Haru, femme galante

Présentation - 3,0 / 5

Un DVD Pal All zones, édité le 25 avril 2016 par Film Sans Frontières, collection « Auteurs », section « Mizoguchi ». Durée du film : 136 minutes ou 2H16min. Image 1.37 N&B respectée, compatible 4/3. Son mono japonais en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Un fragment de la belle affiche originale japonaise reproduite au verso de la jaquette, par-dessus un boîtier Amaray standard. Les DVD des films de Mizoguchi édités par FsF bénéficient de copies chimiques mieux nettoyées et de masters vidéo d’une qualité supérieure à celle des anciennes éditions DVD sorties en 2004 par Opening puis en 2006 par Aventi.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun supplément, mis à part un fragment d’une critique de Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma - volume 3 : Les Films, éditions Robert Laffont, collection1 « Bouquins », Paris 1992, reproduite au verso de la jaquette. Elle comporte une intéressante remarque sur le rapport du temps et de l’éternité dans le découpage du scénario. Je recommande à ceux qui voudraient des informations de première main sur Mizoguchi, de visionner l’excellente édition collector Films sans Frontières du Le Héros sacrilège (Jap. 1955) de Kenji Mizoguchi, comportant en supplément le célèbre documentaire VOSTF de Kaneto Shindo sur son maître Mizoguchi, tourné en 1975 et d’une durée de 150 min. Comme base bibliographique pour la connaissance de ce grand cinéaste, l’étude classique de la chef-monteuse Vê-Hô, Mizoguchi, Editions universitaires, collection « Classiques du cinéma », Paris, 1963, première monographie sur Mizoguchi parue chez nous, demeure indispensable.

Image - 4,0 / 5

Format 1.37 N&B compatible 4/3. Copie chimique (plus aucune griffure ni rayure, plus aucune poussière négative ni positive) dans un état supérieur de restauration, master vidéo (compression, encodage, définition, contrastes) dans un état supérieur aussi, à ceux des anciennes édition Opening et Aventi sur DVD Pal zone 2 sortie en 2004 puis 2006 sur laquelle le film durait seulement 133’ au lieu de 136’ ici. Qu’on n’attende pas, cela dit, la qualité d’un bluray mais on dispose, avec cette édition, de la meilleure image actuellement disponible de ce grand classique.

Son - 4,0 / 5

Son mono japonais d’origine en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Le souffle a été convenablement réduit sans altérer la sonorité originale des voix de la piste mono d’origine. Là aussi, progrès évident par rapport aux pistes sonores de l’ancienne édition Opening. Effets sonores et musique bien restitués. Inutile de regretter une VF d’époque qui n’a jamais existé : le film fut exploité dans le circuit Art et Essais en France, qui exigeait la VOSTF mais ne nécessitait pas la VF, afin de permettre aux distributeurs français de diminuer les frais de sortie.

La vie d'O'Haru, femme galante

Crédits images : © Films sans Frontière

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p
Note du disque
Avis
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