Réalisé par Brian De Palma
Avec
Kevin Costner, Sean Connery et Charles Martin Smith
Édité par Paramount Pictures France
Los Angeles. 1987. Fort de succès critiques et publics
colossaux, l’un des parrains d’Hollywood décide de
s’attaquer à l’un des épisode mouvementé de l’histoire des
Etats-Unis : la lutte d’une poignée d’agents assermentés
pour faire respecter la Prohibition et diminuer l’influence
de la Mafia. L’idée du studio est d’adapter sur grand écran
la série TV « Les Incorruptibles ». Celle du réalisateur est
d’offrir une vision alternative au romanesque de cette même
série. Oui Eliot Ness est un héros. Oui on lui doit
l’arrestation du célèbre Al Capone. Mais il convient de
rendre floue la limite entre le Bien et le Mal, la Vérité et le
Mensonge, la Justice et le Crime.
Objectif avoué du réalisateur : transformer cette
véritable machine à fric en thriller politique inspiré. Au
programme, noirceur et perversité : la spécialité d’un
De Palma toujours prêt à pourfendre le boy-scoutisme
hollywoodien et ses wagons de clichés. Armé d’une
filmographie à faire pâlir un producteur et d’un scénario
retors et inspiré, De Palma s’y colle et taille dans le
vif : mise en scène brutale aux entournures sanglantes
(cf. la scène ou Sean Connery se vide littéralement sur la
parquet de sa salle à manger), « Les Incorruptibles » se
voient assaisonnés à la sauce Scarface. Les
protagonistes, eux non plus, ne seront pas épargnés :
policiers trouillards, juges véreux, mentor au bout du
rouleau, vilains bon chic bon genre soucieux de leur image
de bon père de famille, pas de doute, c’est bien l’univers de
Brian De Palma.
Seuls les décors résistent à cette réappropriation de
l’oeuvre par le réalisateur. Tocs, criards, dépourvus de
toute subtilité, il puent le théâtral et laissent un
arrière-goût de factice à l’ensemble. Sans doute parce qu’ils
sont la preuve qu’une superproduction vide d’âme et de sens se
préparait. Une banale exploitation d’une franchise TV à
succès comme il en existe aujourd’hui des milliers. Les
décors montrent qu’il s’en est fallu de peu.
Heureusement ! Le film ne leur ressemble
pas ! De Palma prend même un malin plaisir
à en extirper toute la fausseté qui s’en dégage.
Comme s’il voulait signifier au spectateur de regarder
au-delà des apparences… au delà de ce qui nous est dessiné.
Y aurait-il un second degré ? Evidemment, car pris au
premire degré, « Les Incorruptibles » n’a que peu d’intérêt.
Grattez un peu et vous verrez appraître derrière le thriller
grandiloquent une diatribe politiquement engagée. La peinture
féroce d’une Amérique bien pensante où le puritanisme est
pretexte et le dollar roi. Le tableau d’une Amérique en
pleine déliquescence qui n’a plus aucun repère. Certains
voient en Capone un machiavélique truand, De Palma, lui, le
dépeint comme un produit de la société ; un simple homme
d’affaires que la Prohibition a engendré. Sans la Prohibition,
pas d’Al Capone et sans Al Capone pas d’Eliot Ness. C’est
dans cette assertion que le film puise son inspiration. Une
assertion « sévèrement burnée » pour un film de studio.
Mais avec De Palma, il fallait s’y attendre. Le réalisateur
cristallise dans « Les Incorruptibles » les
dysfonctionnements récurrents d’une Amérique pas si
exemplaire que ça : une Amérique, qui boit, une Amérique
qui vole, une Amérique qui ment… Et de finir par une
apothéose en forme de pied de nez « Et maintenant que la
Prohibition a été abolie Monsieur Ness, qu’allez-vous
faire ? ». Réponse d’Eliot Ness « Boire un verre
« . Il fallait oser. Comprenez que non seulement Ness, le
héros de l’histoire, affirme qu’il ne sert plus à rien (ce
qui est grandement inhabituel dans la merveilleuse contrée
hollywoodienne où on laisse toujours une fin ouverte… on ne
sait jamais des fois que le film ait marché… on peut ainsi
fabriquer en hâte un 2 et un 3), mais encore, il affiche
clairement son mépris pour une loi absurde. Il aurait tout
aussi bien pu dire : « La Prohibition… quelle belle
connerie ! ». C’eût été tout aussi
efficace bien que moins raffiné je vous l’accorde.
De Palma met ainsi sa verve et son talent au service d’une
oeuvre qu’il nous invite à redécouvrir. Relisez les »
Incorruptibles » en oubliant la non moins formidable série TV
et vous y trouverez une oeuvre forte et
incontournable.
Pour vous la faire brève. Packaging et bonus sont les atouts
principaux de cette édition spéciale collector. On déplorera
qu’il n’y ait pas eu de véritable retravail au niveau du son
(en tous les cas en français) et de l’image qui présente
quelques légers défauts de compression.
Que voulez-vous ? Il manque cruellement ce deuxième DVD.
C’est même incompréhensible qu’une édition collector se
présentât sur 1 seul et unique DVD. Toutefois, le lifting des
menus et la présence de bonus passionnants parviennent à nous
faire oublier ce désagrément de taille… un court instant.
A l’évidence le point fort de cette édition DVD. Comment
a-t-on pu même songer à sortir le film sans eux. Ils ne sont
pas juste intéressants, ils sont indispensables, nous
éclairant tour à tour sur les motivations du réalisateur,
l’état d’esprit des acteurs et les coulisses d’une production
visionnaire à gros budget : la spécialité de Brian De
Palma. Un deuxième DVD avec quelques bonus en plus n’aurait
cependant pas été de trop.
Le scénario et la distribution (18’30 - VOST)
Centrée autour des anecdotes de Brian De Palma, cette
première partie du making of aborde le domaine de la
pré-production. On y apprend des choses passionnantes sur la
manière dont se monte un blockbuster si et seulement si on
sait lire entre les lignes.
Anecdotes du tournage (17’17 - VOST)
Cette deuxième partie du making of nous entraîne sur la
production par le biais des anecdotes. Ca tombe plutôt bien
puisque Brian De Palma n’en est pas avare et ses comparses
non plus.
Réinventer le genre (14’23 VOST)
Voici la partie la plus intéressante du making of. Les
intervenants reviennent sur ce qu’ils ont essayé tout au long
de la production afin de rendre le personnage et le film à la
fois plus crédibles et plus captivant. De la simple
trouvaille visuelle à l’intonation, la pré-production a
fourmillé d’idées.
Le classique (5’37 VOST)
Très rapidement est évoqué le rapport des protagoniste à la
célèbre série dont est tiré le film. On vous laisse la
surprise des commentaires. Bref mais intense !
Les hommes : bande-annonce promotionnelle (5’25
VOST)
Une featurette beaucoup plus longue que la bande-annonce sans
aucun intérêt. D’autant plus que la qualité dans laquelle
cette bande-annonce promotionnelle nous est livrée est
absolument déplorable.
Bandes-annonces (2’37)
La bande-annonce particulièrement efficace nous rappelle les
meilleurs moments du film. Autrement dit un vrai régal et un
collector.
Même si l’image continue d’offrir netteté, contraste et
profondeur, on était clairement en droit d’attendre autre
chose. Une remasterisation complète qui puisse donner de
grands airs de collector à cette édition spéciale mono DVD.
Il faudra attendre pour cela une nouvelle réédition car
l’image est approximativement la même que sur l’édition
précédente, à quelques défauts d’encodage près (notamment sur
certains plans, lors de la poursuite entre Eliot Ness et
Frank Nitti).
Mais il ne faut pas être injuste. L’image conserve une
qualité plus que respectable et redécouvrir ce chef
d’oeuvre en DVD demeure, en partie grâce
à cela, toujours un plaisir.
A noter enfin, le très beau travail opéré sur les menus.
Transitions soignées et séquences clés du film vous mettent
immédiatement dans l’ambiance. Rien que pour cette immersion
par l’image, cette édition DVD vaut amplement de remplacer la
précédente.
Côté VF, aucune différence notable entre l’édition précédente
et la nouvelle. On n’en était pas au point d’espérer un piste
DTS mais enfin tout de même du 5.1 de cette qualité pour une
édition collector, c’est un peu léger. N’attendez donc aucun
miracle de cette piste-là : ni profondeur, ni émotion,
ni même dynamisme. C’est mou, c’est terne… bref c’est à se
pendre !
Côté VO, l’effort est bien plus conséquent. Dolby Digital 5.1EX
je vous prie et pas une simple spatialisation du son,
non ! De la vraie bonne bande-son digne d’un vrai bon
collector. Juste histoire de vous montrer de quoi le tandem
De Palma / Morricone est capable, repassez-vous en boucle la
séquence de l’arrestation à la frontière canadienne. En Dolby
Digital 5.1, tension et action donnent aux scènes de sérieux
accents Léoniens.
Inutile de perdre votre temps avec les autres pistes son,
seule la piste VO Dolby Digital 5.1 EX mérite votre intérêt.
C’est à se demander si les autres pistes ne servent tout
simplement pas d’éléments de comparaison tant l’écart est
abyssal.
Excellente soirée sans aucune Prohibition !