Réalisé par Guillaume Canet
Avec
François Berléand, Guillaume Canet et Diane Kruger
Édité par M6 Vidéo
Bastien est chauffeur de salle pour une émission TV douteuse et accepte de se faire humilier par l’animateur-vedette pour pouvoir cotoyer son idole, Jean-Louis Broustal, producteur de génie. Mais il ne tarde pas à découvrir la face cachée de ce manipulateur cynique…
« Du Fun, du fun, du fun, si tu m’emmerdes… tu dégages ». Si vous n’aviez pas compris qu’il s’agissait d’un gimmick extrait du film, la pochette cartonnée du DVD est là pour vous le rappeler. Et c’est tant mieux ! Aucune ambiguïté, le propos est clair, net et précis. « Mon Idole » ne traite pas, comme on aurait pu le croire, de l’ascension d’un jeune et fringuant chauffeur de salles dans les hautes sphères du télé-business mais bel et bien de la dégringolade d’un magnat de la télé, odieux et omnipotent, qui s’acharne à retrouver les fulgurances de sa jeunesse. L’homme se décrit lui-même comme un « cynique performant » (et c’est peu dire) sans aucune compassion pour le genre humain.La note est sévère, je l’admets ! D’autant que côté
présentation tout est beau, innovant et s’intègre
parfaitement à l’ambiance du film. Couleurs flashy, extraits
de la BO, scènes chocs et punchlines (dialogues chocs) en
arrière-plan, tout a été pensé pour que dès l”introduction de
la galette dans votre lecteur DVD, vous soyez plongés dans
l’ambiance du film.
Au menu, « du fun, du fun, du fun », le tout empaqueté dans une
élégante pochette cartonnée sur laquelle figurent une
multitude de couleurs, de dialogues et d’illustration
animales (chacun le sien, Broustal le vautour, Bastien le
chien, Letzger le cafard…) rappelant le contenu de ce
somptueux écrin : à l’intérieur un film culte.
Néanmoins, l’absence frustrante d’une véritable interview du
réalisateur et des scénaristes livrant ainsi leurs sources
d’inspirations est fort regrettable. C’est même gênant car
elle laisse aux possesseurs du DVD un goût amer d’inachevé
compte tenu de la richesse du sujet et de l’engagement dont
fait preuve le propos. C’est peut-être l’effet (Bernard)
Montiel ? Qui sait ? La peur de « balancer » ? Plus
sérieusement, un simple panorama des travers télévisuels
observés aurait suffi à nous éclairer sur la manière dont
Lefebvre et Canet les ont intégré à l’histoire. Ca manque !
Au lieu de cela, les possesseurs de DVD-Rom peuvent
télécharger le script sous forme de continuité dialoguée.
C’est bien mais on était en droit d’en attendre plus étant
donné la qualité du scénario et son importance dans la
fabrication de « Mon Idole ».
Toutefois, la formidable énergie qui émane de Guillaume Canet
et l’axe volontariste du DVD d’en montrer le plus possible
sur l’élaboration, la réalisation et la production du film
nous fait presque oublier cette absence de taille. L’édition
DVD de « Mon Idole » n’est rien de moins qu’un concentré de
talent et de vitalité !!!
C’est un Guillaume Canet comme vous ne l’avez encore jamais
vu que mettent en scènes les différents bonus de ce DVD.
Euphorique, énergique, excité, intenable, autoritaire,
mégalomane, anxieux, exténué, attentif… les adjectifs dont
on pourrait le taxer s’accumulent tant il apparaît sous les
traits d’un véritable homme-orchestre. Entouré de
« figurants », le jeune acteur braque les projecteurs sur son
travail de réalisateur qu’il décrit lui-même avec beaucoup de
simplicité, de passion, sans faux-semblant ni complaisance.
Un reportage-vérité sur les coulisses du tournage.
Attention… silence… moteur… aaaaaaaaction !
Le Making of (32’29)
Et c’est parti pour plus d’une demi heure de « je t’emmène et
j’te montre ». Tout tout tout, vous saurez tout sur « Mon
Idole »… de l’écriture à la fin du tournage.
Acte 1 scène 1, les deux scénaristes (Lefebvre et Canet)
finissent le scénario en sachant qu’ils ont eu l’argent pour
tourner le film. C’est avec beaucoup de stress et d’anxiété
mêlés à une « pêche d’enfer » (dixit Canet) que le tournage
commence. Le producteur, lui, nous confie ses peurs, ses
doutes… et si le film ne marchait pas ? Comment ça et
alors, vous n’imaginez pas tout le fric que j’ai pu mettre
et
pendant ce temps Canet fait mumuse ; séquences filmées par
hélico, shoots en steadycam, chorégraphie, effets
spéciaux… mais c’est que si on le laissait faire, il se
prendrait pour un réalisateur.
Il faut le voir le jeunot se démener dans tous les sens : le
mieux, c’est lorsqu’il mime les séquences. Ha il sait tout
faire ce Guillaume ! Après le copain frenchy dans
La Plage, après le journaliste trouble dans
Vidocq, le voilà déguisé en storyboard humain pour
« Mon Idole », gesticulant sur la BO de Sinclair (avec les
scènes finales en arrière plan). Et vous voulez que je vous
dise ! Ca marche. Chaque plan résonne de son énergie, de sa
précision et de son talent. C’est en déconstruisant les
séquences-clés du film que le DVD nous amène à cette
conclusion sinon lumineuse belle et bien évidente.
Bien sûr il y a la patience et le savoir-faire des
techniciens. Evidemment, les acteurs (Berléand en tête) se
surpassent en livrant l’une sinon la plus brillante
performance de leur carrière. Il n’en demeure pas moins que
sans l’inépuisable détermination de Canet à faire un
spectacle inattendu et de très grande qualité, « Mon Idole »
serait très certainement passé inaperçu comme bon nombre de
comédies françaises. Le making of est à la hauteur du film :
original, hilarant et captivant… enfin des coulisses où le
DVDéphile apprend en s’amusant ! Que du Bonheur !!!
Les scènes inédites (18’)
Au programme, pas moins de 7 scènes coupées que vous pourrez
visionner toutes ensemble ou une à une avec ou sans les
commentaires (lucides) du réalisateur. N’oubliez pas, « du
fun, du fun, du fun ». Même si quelques unes d’entre elles
montrent un sens irrésistible de la mise en scène (cf le
reportage sur Couilly Pont aux Dames) ou nous en apprennent
plus sur la psychologie des personnages, elles ont été jugées
(souvent à raison) longues, lourdes voire trop téléphonées.
Guillaume Canet-monteur a ainsi décidé de les couper… tout
en sachant qu’il les réintégrerait sur le DVD. Mais
attention… pas en vrac ou en niquedouille. C’est monté,
sonorisé et impeccablement encodé. Merci qui ? Merci
Guillaume Canet !!!
Bêtisier (12’03)
Séquence humour ! Malgré un début poussif dû au montage qui
prend le parti de montrer intégralement les plantages, lapsus
et ratages de toutes sortes, le bêtisier gagne peu en peu en
rythme et en intérêt. Ça nous en dit long sur l’ambiance mais
également sur la préparation et la composition que livrent
les acteurs. François Berléand est hilarant…
Derniers plans des acteurs
La tradition veut que l’équipe ovationne ou surprenne les
acteurs principaux lorsqu’ils ont terminé de tourner leur
dernier plan. Mouais ! Au nombre de 3, ces séquences
recyclent des blagues approximatives qui tiennent plus de la
private joke que de la surprise… on aurait très bien pu
s’en passer.
Clip « MAYBE LOVE » de Sinclair (3’37)
Dolby Digital 5.1, image soignée, festival d’effets et par-
dessus tout, véritable star du clip, la plastique absolument
renversante de Diane Kruger. Petits veinards, Guillaume et
Sinclair vous ont gâtés ! Un reproche toutefois ? Où est le
clip de la chanson-titre « Mon Idole » ???
Court-métrage « JE TAIM » de Guillaume Canet (11’)
Asseyez-vous bien confortablement dans votre fauteuil !
Eteignez les lumières… surtout que personne ne vienne vous
déranger ! Mais pourquoi c’est pas en 5.1 ? C’est pas grave,
l’image n’est pas excellente mais c’est largement regardable.
De la direction des acteurs au montage, c’est éblouissant de
maîtrise. Privilégiant à la fois la retenue et l’émotion, le
narratif et le visuel, le film livre des personnages
attachants rongés par le spleen et la dépendance. Mouvements
amples, lumière crue et angles subtils servent un sujet
passionnel et difficile. Comment ? C’est déjà fini ??? Il
faut que je le vois à nouveau !!! C’est fort, intense et
remarquablement bien joué. Un bijou… Immanquable !
Quelques scènes sous-exposées trahissent par leur évidente
pâleur une mauvaise gestion du contraste. Malgré cette clarté
trop prononcée, il est fort surprenant de noter l’absence de
grain. Pourquoi ? L’explication devient alors lumineuse à son
tour : certaines scènes jugées trop sombres ont dû être
éclairées lors du transfert vidéo. Un choix malheureux
(puisque manquant cruellement de subtilité) qui s’est
néanmoins accompagné d’une volonté de ne pas dégrader l’image.
Même absence de nuance concernant les couleurs : les tons
sont criards (c’est particulièrement visible sur l’orange et
le rouge) et privilégient l’agression visuelle. C’est un
choix qui peut tout à fait se défendre compte tenu du
penchant des Broustal pour le cynisme et l’ostentatoire. Mais
cela n’aurait-il pas été plus inattendu de décrire une
atmosphère feutrée aux transitions tonales adoucies ? La
surprise de Bastien face à la découverte de la véritable
personnalité des Broustal n’en aurait été que plus forte. A
force d’être agressé visuellement, on finit par s’habituer.
Hormis cela, c’est une image belle et précise que vous aurez
le loisir d’observer sur cette édition DVD. Les plans du
jardin, de la forêt ou bien encore dans l’entreprise sont
irréprochables et offrent une gamme variée de verts, de gris
et de bleus. Les ralentis sont parfaitement bien gérés tout
comme les accélérés (dans la boîte de nuit). Quant aux
visages, vous apercevrez jusqu’au grain de la peau. H2F est
ici très loin des transferts approximatifs réalisés à ses
débuts. L’éditeur s’est ici surpassé !
Sinclair en concert dans votre salon ! Si si c’est possible
!!! Pour cela, il vous suffit de mettre « Mon Idole » dans le
lecteur DVD, de sélectionner la piste DTS ou 5.1 et de
tourner la molette de votre amplificateur de son. Vous y êtes
? Ce sont les voisins qui vont apprécier !!! Le mixage
célèbre sans complexe les basses, laissant ainsi échapper de
vos enceintes une féroce impression de puissance. Pour le
coup, c’est peu subtile mais judicieux et terriblement
efficace.
En accordant une place prépondérante à la musique de
Sinclair, le DVD met ainsi à l’honneur une BO somptueuse
parfaitement en rythme avec les situations et le montage.
Toutefois, ce choix se fait souvent au détriment des
dialogues légèrement en retrait. C’est particulièrement
flagrant pour la piste DTS. Ca l’est nettement moins pour la
piste Dolby Digital 5.1. Autre désavantage mineur qu’un tel
choix entraîne : un déséquilibre dans la spatialisation du
son. Parce que Sinclair chante et parce que les basses
soulignent sa voix, l’essentiel du son porte sur la centrale
et les enceintes avant. Lorsque la musicalité de la bande-son
fait place à l’ambiance, les enceintes arrière se mettent en
mouvement, offrant une dynamique équilibrée.
Que choisir parmi les différents encodages sons ? Je ne
saurai trop vous conseiller le DTS. Oubliez un instant
certains dialogues pour leur préférer la chaleur et la
puissance du « bon son » signé Sinclair. Ses harmonies
formidablement inspirées donnent au film une épaisseur et une
dimension nouvelles. Pour ceux qui n’ont pas la chance de
posséder un amplificateur DTS et/ou Dolby Digital 5.1, une
piste Dolby 2.0 leur est tout spécialement destinée. C’est
enfoncer des portes ouvertes que d’observer qu’elle ne
bénéficie ni de la richesse et ni de la puissance du DTS et
du Dolby Digital 5.1. Néanmoins, elle a le mérite d’exister !
Preuve que l’éditeur s’est soucié de l’équipement de tous ses
acheteurs. Cette marque de respect est à saluer et même à
encourager !
Bon DVD à toutes et tous !