Réalisé par David Lynch
Avec
Nicolas Cage, Laura Dern et Willem Dafoe
Édité par Wild Side Video
Dire que Sailor & Lula est un film culte n’est pas très original.
Toute l’oeuvre de Lynch est culte. Chacun de ses films soulève
l’enthousiasme pour certains et le mépris pour d’autres. Chacun
de ses films fait l’objet d’une dissection méticuleuse et d’une
tentative de sondage de l’esprit soit-disant torturé du génie
Lynchien.
A mi-chemin de sa carrière actuelle, « Sailor & Lula » se pose
comme l’une des plus grosses pierres de son oeuvre. Seul maître
à bord de ses réalisations, il s’entoure de collaborateurs qui
soit le suivent les yeux fermés, soit font tout pour l’aider
à mener à bien son projet.
Un projet tout droit sorti du livre de Barry Gifford qui respecte
au plus haut point Lynch et ce qu’il a fait de son roman. L’histoire
de ces deux amoureux fous qui doivent littéralement lutter
pour préserver leur amour et leur intégrité au milieu d’une
troupe de personnages vomis par ce monde « au coeur sauvage et tordu ».
Parmi eux, la pire, la plus vicieuse, la plus tordue : Marietta, la
mère de Lula. Contrariant depuis le début cette histoire d’amour,
c’est à elle que Sailor et Lula doivent de s’embarquer pour ce
voyage sur les routes de l’enfer.
Lynch ne fait alors que les suivre tout en n’oubliant jamais de
profiter du plus petit détail sordide ou insolite qui forgent
l’ambiance du film toujours en équilibre entre réalisme et
surréalisme. Et c’est justement ce subtil équilibre qui happe
le spectateur attentif, ce mélange de magie et de vérité grotesque
qui est finalement l’une des signatures les plus évidentes de
Lynch, une clé indispensable pour accéder à son imaginaire et
à sa vision d’un monde qui le dérange manifestement…
Violent pour son époque, on peut aujourd’hui regarder « Sailor Lula »
comme une oeuvre indispensable non seulement pour la carrière de
Lynch mais également pour son côté « leçon de cinéma » indéniable.
Rien à redire ! Digipack impeccable, sérigraphies classes, menus travaillés, navigation simple et cerise sur le gâteau, un livret de 80 pages tout à fait intéressant. Merci Wild Side pour cet excellent travail.
Sur la base de l’édition spéciale américaine de MGM, l’équipe
de Wild Side a ajouté près de deux heures de bonus rares voire
inédits, offrant ainsi près de 3 heures de bonus aux fans du film
et aux curieux qui auront ici tout le loisir de découvrir non
seulement les origines de ce film mais également d’avoir un
bon aperçu de qui est Mr Lynch.
AUTOUR DE SAILOR ET LULA
On trouve ici une featurette d’époque qui présente brievement les
personnages et l’univers du film. Une rareté certes, mais à l’intérêt
limité.
Les deux entretiens exclusifs avec Barry Gifford et Harry Dean Stanton
sont riches d’anecdotes mais ont tendance à verser dans la redite par
rapport aux divers making of.
Le morceau de choix (mais trop court) est Love, Death, Elvis & Oz
un making of réalisé cette année qui remonte avec toute l’équipe du
film aux sources du projet qui nous fait partager sensations, humeurs et
anecdotes.
Dans la série des bonus exclusif, l’interview de Bernardo Bertolucci est
le plus riche. Celui-qui fut le président du Festival de Cannes qui accorda
la Palme d’Or à « Sailor & Lula » revient sur des détails croustillants
de cette attribution nous livre également son sentiment sur David Lynch.
DAVID LYNCH
Issue d’une série de documentaires diffusés par la chaîne CinéCinémas
et déjà présent sur le DVD Elephant Man Les réalisateurs :
David Lynch retrace la carrière de David Lynch jusqu’à Mulholland Drive
et donne la parole à une belle brochette d’acteurs ayant travaillé avec
ce réalisateur que tous s’accordent à décrire méticuleux et joyeux sur les
tournages.
Jusqu’à présent, David Lynch regardait le DVD avec un certain mépris et
ne supportait pas par exemple qu’on puisse découper son oeuvre en chapitres ou
que l’on tente via les bonus d’expliquer ses films. Il semble qu’il s’assagisse
et qu’il reviennent peu à peu sur sa décision, en tout cas en ce qui concerne
la qualité du film proposé sur ce support. David Lynch : à propos de cette édition DVD
est une courte interview, où Lynch explique pourquoi et comment il a fallu
repartir du négatif original du fim afin de pouvoir offrir une copie de qualité
adaptée à la vidéo et donc au DVD. Qu’il en soit remercié !
Une spontanéité particulière : travailler avec Lynch est un prolongement
du making of et offre des impressions supplémentaires des collaborateurs de
Lynch sur sa façon de travailler.
Des traditionnels bandes-annonces, spots et revues de presse, on retient surtout
ces dernières qui montrent bien à quel point les avis sont partagés sur ce film,
entre admiration et dégoût.
Le voyage se termine CHEZ DELL’S qui est également un prolongement du making of
et qui permet à chacun de nous livrer une belle série d’anecdotes.
Difficile de faire plus ! Seul regret comme souvent, la facheuse manie de découper
un gros making of d’une heure en petits morceaux. Car si l’on regarde bien,
Love, Death, Elvis & Oz, Une spontanéité particulière : travailler avec Lynch et
CHEZ DELL’S sont une seule et même source.
Comme précisé dans les bonus ci-dessus, David Lynch s’est enfin investi dans la préparation d’un DVD d’un de ses films. Le bénéfice pour l’image est énorme ! Reparti du négatif original, nous voici en présence d’une copie exempte de griffure et salissure, d’un encodage qui frise la perfection (les séquences sombres fourmillent légèrement) et d’une qualité de visionnage exmplaire avec des couleurs aussi chaudes que l’ambiance du film. Un régal !
C’est ici que vous attend une autre exclusivité zone 2 française :
la piste VO en DTS. La piste DD5.1 est déjà tout à fait excellente
avec une finesse et une profondeur qui rendent justice à toute
l’ambiance sonore (des dialogues à la musique en passant par les
bruitages) ; mais la piste DTS vous emmène encore plus loin et
apporte un sentiment d’ultra-réalisme permettant une plongée encore
plus profonde dans le film.
La piste française ? Et bien, puisqu’il faut en parler, parlons-en…
Une horreur ! Par le fait de la stéréo, c’est déjà très plat, mais
le doublage n’arrange rien ! Par pitié, que les allergiques à la
VO fassent un effort pour éviter cette piste car elle tue tout
simplement l’esprit du film et le rend grotesque.