Gainsbourg (Vie héroïque) (2009) : le test complet du Blu-ray

« J’aime trop Gainsbourg pour le ramener au réel. Ce ne sont pas les vérités de Gainsbourg qui m’intéressent, ce sont ses mensonges » Joann Sfar. Tout est dit ! Sfar n’a pas cherché le biopic larmoyant et facile. Il n’a pas non plus cherché la véracité absolue (si tant est qu’on puisse vraiment connaître la vérité absolue sur la vie de quiconque et encore moins sur celle d’un personnage aussi énigmatique que Gainsbourg).

Entre faits connus (et peut-être avérés) et purs fantasmes le célèbre auteur/dessinateur de BD nous propose sa vision du mythe. Une vision faite d’émotions, de traumatismes, de sensations, de créatures étranges et de personnages qui crèvent l’écran.

Car outre l’hallucinant Éric Elmosnino qui interprète Gainsbourg avec une vérité confondante, on retrouve une Brigitte Bardot flamboyante (merci Laetitia Casta !) et une Jane Birkin (craquante Lucy gordon) à la fois fragile et maître d’oeuvre d’un grand virage dans la carrière et la vie personnelle de l’artiste. Sans oublier « La Gueule », le Mr Hyde, celui que l’on peut assimiler au « Gainsbarre » dont Gainsbourg avait fait son alter-ego sur la fin de sa carrière. Cette Gueule permet au réalisateur et donc au personnage de nous faire partager ses démons intérieurs, ses pulsions refoulées qui vont peu à peu faire surface et remplacer l’être timide et complexé par le provocateur manipulateur.

Tout ce petit monde s’anime à l’écran dans un bal de tableaux animés qui collent aux musiques de Gainsbourg, faisant de nous les témoins d’un tour de magie dont Joann Sfar est le prestidigitateur en herbe. Pour une première réalisation, c’est un coup de maître. En bon compositeur de cases de BD, Sfar voit juste dans la composition de chacune de ses scènes et ne semble n’avoir jamais été limité dans son processus créatif. Par moment, on croirait même voir du Burton des premières heures…

Du cinéma français osé, pas forcément grand public au sens pop-corn du terme, mais définitivement digne de toutes les attentions et de récompenses par un réalisateur à qui l’on souhaite de nombreuses récompenses afin d’encourager un sens esthétique certain et une joie manifeste de faire ce métier. En attendant, on a tous simplement envie de lui dire : « merci p’tit gars »…

Du menu musical et très chic, jusqu’au boîtier noir glissé dans son fourreau tout de noir vêtu lui aussi, tout est sobriété et efficacité. Un écrin juste comme il faut.

Le making of est beaucoup trop court ! On pourrait rester des heures à être les témoins de la création d’un tel film. Heureusement, le commentaire audio de Joan Sfar nous rassasie d’informations, d’anecdotes, de détails, de sensations et de secrets… un modèle du genre, effectué par un réalisateur sincère, érudit et fier de son travail.

Les scènes coupées ne sont pas indispensables, les galeries de photos, croquis et affiches le sont pour les fans du film et de Joann Sfar.

On retrouve d’ailleurs une grande partie de ces images dans la piste Picture in Picture « U-control » proposé en parallèle au film. Images tirées du livre « Gainsbourg (Hors Champ) » de Joann Sfar édité au moment de la sortie du film.

Restent le saisissant teaser et la bande-annonce (HD tous les deux) et on a fait le tour d’un Blu-ray Disc bien fourni sans non plus être plein à ras bord.

Mis à part un très léger grain qui sied finalement plutôt bien au côté biographique, l’image est d’une redoutable netteté et permet de laisser l’émotion faire son travail sans interférence.

Forcément, la bande son est d’importance dans un biopic sur un artiste musical. Beaucoup de finesse et de délicatesse se dégage de l’encodage DTS-HD MA 5.1 de ce Blu-ray Disc qui sait également s’envoler parfois dans les instants forts. La version 2.0 est presque un sacrilège.