Invictus (2009) : le test complet du Blu-ray

Comme le vin, Clint Eastwood se bonifie en vieillissant : rien à jeter dans ses derniers films depuis Mystic River, réalisé en 2003, suivi par Million Dollar Baby, L’échange (Changeling, dont j’avais critiqué le DVD à sa sortie) et le touchant Gran Torino. Toutes des oeuvres personnelles qu’il réalise avec une grande liberté en assurant lui-même leur production et qui lui ont valu pas moins de quatre oscars et… plus de cent autres récompenses !

Invictus ne démérite pas, tout d’abord par le choix du sujet : Nelson Mandela, nouvellement élu à la tête de la nation, veut faire du rugby, sorte de religion pour beaucoup des Afrikaners, symbole de l’apartheid pour la population noire des townships (les Springboks comptent un seul joueur noir dans leur équipe, boycottée par les organisateurs des compétitions internationales). Comment ne pas voir également dans ce film un appel de Clint Eastwood à faire l’unité derrière le président Barack Obama ?

Le film se distingue aussi par ses qualités formelles. Le découpage ménage quelques moments de suspense, au début du récit, centré su la protection du nouveau président contre de possibles attentats, quand une camionnette fonce dans la nuit alors que Nelson Mandela, particulièrement vulnérable, se promène dans une rue déserte ; ou encore quand un jet fonce sur le stade juste avant le coup d’envoi de la finale de la coupe du monde. Pas besoin d’être un fan du ballon ovale pour être captivé par les 20 minutes de la fin du film retraçant la victoire de l’Afrique du Sud. L’enjeu primordial de la confrontation sportive n’explique pas tout, il y a aussi l’impressionnante photo de Tom Stern, un fidèle de Clint Eastwood, qui nous immerge dans l’immense stade de Johannesburg (63.000 places !) et nous jette en traître au coeur de la mêlée.

Morgan Freeman, qui doit à Clint Eastwood quelques uns de ses meilleurs rôles avec ce film après Impitoyable (Unforgiven) et Million Dollar Baby, a obtenu deux prix d’interprétation pour sa remarquable performance dans Invictus.

Hereafter

Des menus classiques assurent une navigation sans histoire.

Picture in Picture. Tout le film peut être visionné avec les commentaires de nombreux intervenants dans une petite fenêtre s’ouvrant dans la partie inférieure droite de l’écran. Les réflexions de ceux qui ont approché Nelson Mandela à l’époque des faits sont, sans l’ombre d’un doute, plus intéressants que celles, souvent banales, de ceux qui ont contribué au tournage du film. Un bémol pour la géométrie des images en insert, étirées verticalement.

Behind the Story :

- Mandela meets Morgan. Documentaire, avec les commentaires de John Carlin, auteur du livre dont est tiré le scénario, sur la rencontre entre Nelson Mandela et Morgan Freeman qui permet de vérifier une assez frappante ressemblance entre l’acteur et son modèle et de ressentir le courant de sympathie qui passe entre les deux hommes. 1.78, VC-1, VOST, DD stéréo, 28’10”

- Matt Damon Plays Rugby. Hollywood ne laisse décidément aucun répit au Jason Bourne de la trilogie La Vengeance sans la peau : il doit mouiller le maillot dans son incarnation de François Pienaar, l’ex-capitaine des Springboks, qui relate lui-même ses souvenirs. 1.78, VC-1, VOST, DD stéréo, 6’49”

The Eastwood Factor est extrait d’un documentaire beaucoup plus long, à sortir plus tard, écrit, réalisé et produit par Richard Schickel, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma. L’occasion de revoir le jeune Clint Eastwood dans la peau de Rowdy Yates, le héros de la série Rawhide (uniquement disponible en zone 1), de recevoir en plein dans les yeux quelques flashes tirés des cinq films dans lesquels il incarnait L’Inspecteur Harry (Harry Callahan, dit « Dirty Harry », le flic de San Francisco à la gâchette facile), de le suivre pour une visite du vestiaire où sont conservés pas moins de 20.000 costumes de ses films, de le voir jouer quelques mesures au piano dans le studio d’enregistrement dont il a financé la restauration. Le documentaire complet, intelligemment ficelé à en juger par les extraits montrés, devrait être bien accueilli par les fans de Clint Eastwood. 1.33, VC-1, VOST, DD stéréo, 22’23”

Bande-annonce, 2.35, VC-1, VOST, DD stéréo, 2’36”

Warner Bros BD-Live

Le format VC-1 garantit une excellente résolution, particulièrement appréciée dans les nombreuses scènes tournées dans un stade plein à craquer de spectateurs.

Léger manque de contraste.

Le format DTS-HD Master Audio est réservé à la version originale. DD 5.1 pour les versions doublées dans les quatre autres langues. Difficile d’exiger plus sur un seul disque si l’on prend en compte la longueur du film et des bonus, tous en HD et une flopée de sous-titres.

Le son, précis, sans souffle, est au coeur de l’action : chocs brutaux des corps, râle des joueurs, coups de pied sur la balle à faire sursauter…

Pas d’effets multicanaux spectaculaires, le film n’en offrant pas l’occasion. Mais une spatialisation convaincante, particulièrement dans les scènes de stade.

La piste DD 5.1, légèrement plus mate, est à la hauteur.