Tu seras mon fils (2011) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Gilles Legrand
Avec Niels Arestrup, Lorànt Deutsch et Patrick Chesnais

Édité par Universal Pictures Home Entertainment

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Le 20/02/2012
Critique

Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint Émilion a un fils, Martin, qui travaille avec lui sur le domaine familial. Mais Paul, vigneron exigeant et passionné, ne supporte pas l’idée que son fils puisse un jour lui succéder. Il rêve d’un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes de père. L’arrivée de Philippe, le fils de son régisseur va bouleverser la vie de la propriété. Paul tombe en fascination devant ce fils idéal.

Gilles Legrand (Malabar Princess, La Jeune fille et les loups) désirait depuis plusieurs années réaliser un film qui se déroulerait dans le milieu du vin. Avec Tu seras mon fils, le cinéaste signe un remarquable drame psychologique parfois à la limite du documentaire quand il décrit le processus créatif d’un domaine viticole. La linéarité des magnifiques vignes n’avait jusqu’alors été montrée qu’avec une rare parcimonie et le réalisateur tire profit de ce remarquable décor de cinéma pour y raconter une histoire familiale dense, poignante et difficile. Face à l’ogre Niels Arestrup qui a peu de choses à faire pour s’imposer à l’écran, Lorànt Deutsch étonne dans un rôle à contre emploi et complexe.

Gilles Legrand aidé de sa coscénariste Delphine De Vigan ne fait pas dans la facilité et dessine des personnages que l’on pourrait détester au premier abord. La psychologie de chacun est finement dessinée, et même ce père odieux finit sous certains aspects à devenir presque attachant, tandis que les personnages plus  » gentils  » peuvent agacer également. C’est de cette ambivalence que provient la grande réussite du film à savoir proposer des personnages certes bons (le fils malmené et méprisé) et mauvais (le père cruel et méprisant), mais terriblement humains et complexes. Les seconds rôles ne sont pas oubliés, Anne Marivin, Patrick Chesnais, Valérie Mairesse et Nicolas Bridet ayant chacun leur partition à jouer dans cette mélodie tragique dont l’issue s’avèrera aussi imprévisible qu’inéluctable.

En refusant tout pathos et manichéisme, Gilles Legrand signe un film élégant, remarquablement écrit, dialogué et photographié, passionnant, qui n’aura pas besoin d’être rangé à la cave pour bien vieillir.

Présentation - 4,0 / 5

Outre le beau visuel de la jaquette repris de l’affiche du film, saluons l’élégance et le soin apportés au menu principal animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

L’interactivité s’ouvre sur un commentaire audio posé, précis et divertissant du réalisateur Gilles Legrand. L’écoute de ce commentaire prolonge habilement le film car notre interlocuteur revient sur la psychologie des personnages, en particulier le fils Martin (en qui il se retrouve beaucoup), croise habilement le fond et la forme, partage quelques anecdotes de tournage (le tournage n’a pas été de tout repos avec Niels Arestrup) tout en donnant quelques leçons d’oenologie qui visiblement le passionne. Hormis quelques silences, ce commentaire demeure prenant jusqu’à la fin.

Ensuite, le réalisateur reprend le micro pour commenter neuf séquences coupées au montage. Comme l’indique Gilles Legrand, la plupart d’entres elles apparaissaient nécessaire à l’écriture mais finalement inutiles au moment du tournage car jugées redondantes ou parce qu’elles appuyaient trop la mainmise du père sur son fils ou les moqueries envers ce dernier (en boite de nuit, chez le régisseur). Ceci dit, l’ensemble de ces scènes est très réussi notamment une visite de Lorànt Deutsch au cabinet médical d’Anne Marivin. Une scène alternative de l’accident de voiture accompagnée d’images du tournage est également au programme (directement avec les commentaires audio) ainsi qu’une fin alternative où Lorànt Deutsch découvre qu’il va être père d’un petit garçon. Cette section se clôt par un petit bêtisier.

A l’occasion de la sortie en DVD et Blu-ray de Tu seras mon fils, Gilles Legrand se rend à nouveau sur les lieux de tournage du film au Clos Fourtet, domaine viticole de 20 ha situé à Saint-Émilion en Gironde. Le réalisateur semble avoir bien retenu la leçon et nous fait à nouveau partager sa passion du vin en compagnie du consultant viticole et vinicole Stéphane Derenoncourt, tout en revenant sur la figure et les valeurs du personnage principal du film interprété par Niels Arestrup. Les vignes, les caves qui ont servi pour le tournage nous sont montrées par le maître de chai au Clos Fourtet Daniel Alard (qui fait une apparition dans le film) et le directeur Matthieu Cuvelier. Ce documentaire se clôt évidemment sur une petite dégustation que l’on envie.

Nous retrouvons une dernière fois le réalisateur, cette fois en compagnie de Lorànt Deutsch, pour un entretien dense et passionnant de 14 minutes. Le comédien y confie ses peurs et réticences ressenties avant de finalement accepter ce rôle qu’il juge effrayant sur le plan psychologique. Tandis que Gilles Legrand le couvre d’éloge (comme s’il n’était pas à ses côtés), l’acteur évoque le travail avec ses partenaires notamment Niels Arestrup (un  » ogre pas simple sur le plateau  » dixit Gilles Legrand) et comment il appréhendait chaque jour son rôle.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce ainsi que par la possibilité d’écouter l’intégralité de la bande-originale du film (29’) en visionnant des photos et des images du tournage du film.

Image - 4,5 / 5

Cette édition HD restitue habilement les partis-pris esthétiques originaux avec des couleurs vives et chatoyantes en extérieur, un relief probant sur les magnifiques vignes, et la froideur des séquences intérieures marquées par des gris, blancs et noirs concis. La luminosité flatte la rétine, les contrastes sont denses, le piqué est précis et seules les scènes sombres comme celles se déroulant dans les caves apparaissent plus douces, moins définies et même un peu ouatées. Le transfert demeure d’une très haute tenue.

Son - 4,5 / 5

La spatialisation musicale arrache quelques frissons dès le générique d’ouverture. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 plonge délicatement le spectateur dans l’ambiance du film, les dialogues sont précis et certains effets comme la crémation en ouverture ou la séquence en discothèque sont percutantes et bénéficient d’une large ouverture de l’ensemble des enceintes, sans oublier le caisson de basses. La stéréo est également saisissante mais le pouvoir enveloppant de son homologue 5.1 n’est aucunement comparable. L’éditeur joint une piste audiodescription ainsi que des sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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P. de Melun
Le 10 mars 2021
Gilles Legrand, aidé de Delphine de Vigan pour l'écriture du scénario, se penche sur les rapports plus que difficiles qu’entretiennent un père et son fils dans le vignoble bordelais où derrière les fûts entreposés de grands crus se trament des passions dévastatrices. Martin, fils unique de Paul, riche propriétaire du château Marseul est incapable de s’épanouir face à un père qui prend un malin plaisir à briser ce qu’il a lui-même enfanté. Les acteurs sont tous parfaits avec une mention spéciale pour Niels Arestrup qui donne une dimension tragique à cet être pervers qui semble, à force de se montrer tout à la fois odieux et séducteur, incarner l'image du diable. La sauce est déjà relevée avec les brimades imposées au fils mal aimé mais elle prend un goût carrément amer quand Paul entreprend d'installer le fils de son maître de chais mourant, formidable Patrick Chesnais, comme son successeur allant même jusqu'à vouloir l'adopter. On se dit alors que De Vigan et Legrand ne nous épargnent rien. Mais ce qui s'impose petit à petit, malgré l'onctueuse perversité que déverse Arestrup sur tout le film, c'est la lâcheté de Martin que rien n'oblige à subir une telle purge quotidienne. C'est d'ailleurs cette fâcheuse tendance à la victimisation que son père lui reproche sans doute le plus. On dit souvent que tout bourreau a un moment besoin du consentement de sa victime. Ici la démonstration parfois un peu lourde est patente. A voir pour le jeu des acteurs avec une attention spéciale pour Lorant Deutsch employé à contre-emploi.

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