Les Mystères de Paris (1962) : le test complet du Blu-ray

Responsable de la mort d’un ouvrier, le marquis Rodolphe de Sambreuil veut aider sa veuve à retrouver sa fille, Fleur-de-Marie, mystérieusement disparue. Avec l’aide d’un forçat, il s’aventure à ses risques et périls dans les bas-fonds de Paris… Le baron de Lansignac, ennemi juré de Rodolphe, monte alors contre lui une odieuse machination.

Adapté de l’oeuvre d’Eugène Sue, Les Mystères de Paris réalisé par André Hunebelle en 1962 offre à Jean Marais un rôle dans la droite lignée de leurs précédents triomphes, Le Bossu (1959), Le Capitan (1960) et Le Miracle des loups (1961). Comme toujours chez le metteur en scène, la technique est irréprochable, les costumes et les décors sont superbes, les seconds couteaux parfaits dont l’indispensable et trop souvent oublié Noël Roquevert, et l’histoire allie hardiment aventures, action, humour, histoire d’amour et politique.

Jean Marais prend visiblement un malin plaisir à réaliser lui-même ses cascades dans un rôle proche d’un Jean Valjean, tout comme à passer des costumes du marquis à ceux d’ouvrier. Les rebondissements sont légion et l’impérial Raymond Pellegrin (la voix inimitable de Fantômas) campe un méchant que l’on a plaisir à détester. André Hunebelle n’a pas son pareil pour livrer aux spectateurs un film d’aventures prenant, élégant, divertissant, empreint d’une naïveté revigorante. Comme il le disait lui même,  » mon souci est de faire plaisir au public avec un spectacle de qualité, et de bons acteurs « . Mission accomplie même cinquante ans après.

Comme d’habitude chez Gaumont, le visuel est classe et soigné, le menu principal animé, sobre et musical.

Exclusif à cette édition Blu-ray, une présentation succincte mais passionnante de l’oeuvre de l’écrivain français Eugène Sue (1804-1857) est réalisée par Jean-Pierre Galvan, éditeur de la correspondance d’Eugène Sue. Notre interlocuteur parvient en un peu plus d’un quart d’heure à retracer le parcours de l’écrivain, en énumérant ses échecs (Histoire de la Marine) et succès littéraires (Mathilde) en s’attardant bien évidemment sur son roman-feuilleton Les Mystères de Paris (1842-1843), triomphe qui touche toutes les couches de la société, qui dépasse les frontières mais qui créé le scandale car l’oeuvre dénonce avec force et réalisme les dysfonctionnements de la société et les conditions dans lesquelles vivent les plus démunis. C’est donc plus rapidement que prévu que Le Journal Gouvernemental, qui publie Les Mystères de Paris, à la solde du pouvoir, demande à Eugène Sue d’arrêter son roman-feuilleton devenu un outil politique récupéré par l’opposition.

Disponible sur l’édition DVD et Blu-ray, un superbe documentaire rend hommage à l’un des cinéastes français ayant donné ses lettres de noblesse au divertissement populaire, André Hunebelle (1896-1985). A travers les témoignages de l’écrivain et journaliste Henri-Jean Servat, des comédiens Pierre Mondy et Mylène Demongeot, et du cascadeur-réalisateur Yvan Chiffre, se dessine le portrait d’un metteur en scène ou plutôt d’un artisan au service d’une histoire à raconter pour distraire les spectateurs pendant 1h30. Ayant touché à tous les genres, nous retenons surtout sa collaboration avec Jean Marais dans ses films de Cape et d’épées (Le Bossu, Le Capitan, Le Miracle des loups) mais aussi sur les trois Fantômas. Chacun des intervenants partagent de nombreuses anecdotes, notamment Mylène Demongeot qui avoue avoir eu plusieurs fois des divergences avec André Hunebelle sur sa direction d’acteurs.

Enfin, nous retrouvons le même quatuor centré cette fois sur la vedette des Mystères de Paris, Jean Marais. Ce portrait sincère et émouvant, permet d’en savoir plus sur l’un des comédiens français les plus populaires, même si la partie consacrée à sa vie privée aurait pu être plus pudique. Mylène Demongeot qui lui a donné la réplique dans les trois Fantômas, s’extasie encore devant la beauté du comédien mais vante également son immense bonté et son courage face aux insultes au moment où son homosexualité a été révélée. Ses rôles dans les films de Cape et d’épées, brèche dans laquelle il s’est visiblement engouffré pour marquer la rupture avec Jean Cocteau, sont rapidement passés au peigne fin en indiquant que Jean Marais jouait non seulement des rôles proches de sa propre personnalité mais qui avaient souvent comme particularité d’être souvent un double-rôle à l’instar du Bossu, du Capitan, du Capitaine Fracasse, Les Mystères de Paris et dans un autre genre dans la trilogie Fantômas.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce du Masque de fer, disponible dans la même collection.

Certes, quelques critiques diront que la définition décroche quelques secondes au niveau des nombreux fondus enchaînés entraînant quelques flous sporadiques. Mais ces menus accrocs demeurent bien trop anecdotiques compte tenu de la sublime restauration des Mystères de Paris en Haute définition. Jamais nous n’avions vu le film dans de telles conditions techniques. Le cadre large offre un lot de détails confondant, le piqué est merveilleux, la clarté éblouissante, le relief omniprésent (voir les scènes de rues) et les contrastes d’une densité exemplaire. Toutes les scories ont été éradiquées, le grain est limité, la compression AVC exemplaire et la colorimétrie affiche une richesse et une saturation inédites. En un mot, magnifique.

La piste DTS-HD Master Audio mono offre de fabuleuses conditions acoustiques malgré de sensibles saturations inhérentes à l’âge du film. La belle musique de Jean Marion (Le Capitan, Le Bossu) dispose de belles envolées, aucun souffle intempestif n’est à signaler, les dialogues demeurent clairs et distincts.

L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.