L'Exercice de l'État (2011) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Pierre Schoeller
Avec Olivier Gourmet, Michel Blanc et Zabou Breitman

Édité par Diaphana

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Le 21/03/2012
Critique

Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n’a pas le choix. Ainsi commence l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique… Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre. A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ? Jusqu’où tiendront-ils, dans un Etat qui dévore ceux qui le servent ?

Pierre Schoeller, réalisateur de Versailles, se penche avec son second long-métrage L’Exercice de l’Etat sur la figure du pouvoir. Comme l’indique le cinéaste, le but était de mettre de côté la conquête du pouvoir et les questions de politique partisane, le bal des égos, les luttes intestines, les petites phrases pour se concentrer uniquement sur la pratique du pouvoir, l’Etat, à travers ceux qui l’incarnent et s’y vouent. Pour cela, Pierre Schoeller choisi de raconter la vie d’un cabinet ministériel heure par heure avec des hommes qui travaillent sous une pression constante, où tout est affaire de vitesse. Le personnage central du ministre des transports, merveilleusement incarné par Olivier Gourmet, nous est montré sous toutes ses coutures. Ses nausées, ses ivresses, ses coups de colère comme ses accès de tendresse, tout est dévoilé. A ses côtés, l’excellent comédien non-professionnel Sylvain Deblé, qui interprète le chauffeur silencieux, incarne les sentiments cachés, mêlés parfois confus ou contradictoires qu’on éprouve souvent envers notre classe politique. Sur un rythme endiablé, le metteur en scène passe d’une scène  » tranquille  » à une séquence de chaos qui reflète la vie du ministre.

Pierre Schoeller a choisi de ne pas trancher et de ne pas rattacher le personnage de Saint-Jean à un parti clairement défini dans le but de faire oublier pendant 1h50 les questions de droite et de gauche pour seulement se concentrer sur les rituels du pouvoir, ses humeurs, l’ivresse de la fonction, la déprime du personnel politique. En traitant ce thème complexe de l’intérieur avec des dialogues percutants, son intrigue dense, Pierre Schoeller créé un vrai suspense croisé avec des séquences d’une réelle chaleur humaine à l’instar des scènes entre Saint-Jean et son directeur de cabinet, interprété par Michel Blanc dans l’une de ses plus remarquables prestations. Aucun doute, nous assistons ici à l’éclosion d’un immense cinéaste.

Présentation - 4,0 / 5

Un menu animé et musical sous forme de mosaïque met instantanément dans l’ambiance du film. La navigation demeure fluide et très agréable.

Bonus - 3,5 / 5

On commence les hostilités par un court module intitulé L’accident, construction d’une scène (3’22”) centré comme son nom l’indique sur le montage et le tournage de la séquence centrale du film. Quelques images issues des prises de vue nous montrent l’équipe des cascadeurs (menée par Michel et David Julienne) préparer le tremplin qui permettra à la voiture de réaliser plusieurs tonneaux.

S’ensuit un fabuleux entretien de 12 minutes avec le compositeur (et frère du réalisateur) Philippe Schoeller. Dans son bureau, entouré d’instruments de musique, notre interlocuteur passe en revue sa collaboration avec le metteur en scène et détaille comment ont été créé les différents thèmes musicaux du film, leur rythme, leur énergie.

Le plus gros de cette interactivité est un document audio (50’) dans lequel le réalisateur Pierre Schoeller s’entretient avec le critique de cinéma Michel Ciment dans le cadre de l’émission  » Projection privée «  diffusée sur France Culture à l’occasion de la sortie du film au cinéma. Cet échange dense et passionnant revient sur tous les aspects de la production, les thèmes politiques abordés, les intentions du réalisateur, le casting, l’écriture du scénario, la dimension romanesque du personnage principal, et la collaboration avec son frère compositeur de la musique du film.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

Image - 5,0 / 5

Diaphana livre un de ses plus beaux transferts HD ainsi qu’un véritable Blu-ray de démonstration. Dès la première séquence, la luminosité et le piqué affûté s’impriment sur la rétine. La colorimétrie froide est magnifiquement restituée (notamment la blancheur étincelante de la neige) tout comme les ambiances plus feutrées et ambrées des scènes de bureau, les noirs sont denses et les détails tranchants comme la lame d’un scalpel. Le cadre large est intelligemment exploité, le relief omniprésent, les contrastes acérés et les arrière-plans sont aussi nets aussi que les plans rapprochés. Même les séquences sombres apparaissent aussi détaillées que les scènes diurnes, tandis que la compression AVC consolide de manière spectaculaire la mise en scène brute et viscérale de Pierre Schoeller. C’est ce qu’on appelle du grand art.

Son - 4,5 / 5

L’envoutante et enivrante composition de Philippe Schoeller est formidablement mise en valeur grâce au mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui immerge le spectateur dès la première séquence du film. Les effets latéraux sont utilisés avec brio, la balance frontale est saisissante et les voix solidement plantées sur la centrale. N’oublions pas non plus les ambiances naturelles ainsi que le caisson de basses, particulièrement fracassant sur les séquences du rêve, de l’hélicoptère et de l’accident.

Une piste DTS-HD Master Audio 2.0 est disponible et même si elle se révèle forcément moins immersive, elle n’en demeure pas moins frappante. L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis
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L'Exercice de l'État
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