L'Ordre et la morale (2011) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Mathieu Kassovitz
Avec Mathieu Kassovitz, Iabe Lapacas et Malik Zidi

Édité par UGC

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Le 11/05/2012
Critique

Avril 1988, Île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie. 30 gendarmes retenus en otage par un groupe d’indépendantistes Kanak. 300 militaires envoyés depuis la France pour rétablir l’ordre. 2 hommes face à face : Philippe Legorjus, capitaine du GIGN et Alphonse Dianou, chef des preneurs d’otages. À travers des valeurs communes, ils vont tenter de faire triompher le dialogue. Mais en pleine période d’élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale…

Il aura fallu plus de dix ans à Mathieu Kassovitz pour porter à l’écran ce projet. Après ses escapades américaine (Gothika) et franco-tchéco-américaine (Babylon A.D.), le réalisateur des Rivières pourpres revient avec le film le plus ambitieux de sa carrière, un chef d’oeuvre, L’Ordre et la morale.

En relatant avec minutie et sans concession ces faits réels, c’est tout un système politique, tout un pays que le réalisateur dénonce. Les plaies sont encore ouvertes en Nouvelle-Calédonie et Mathieu Kassovitz parvient à retracer jour après jour les épisodes de la prise d’otages à Ouvéa en 1988. Si les médias de l’époque dressaient un portrait très négatif des Kanaks en rapportant des faits non vérifiés (des viols, des décapitations) qui se sont d’ailleurs révélés entièrement faux, le réalisateur s’inspire lui du livre Enquête sur Ouvéa, neutre et intègre, intégrant les deux points de vue, qui lui a servi de véritable scénario. Drame politique engagé, audacieux, réaliste, complexe, magistralement reconstitué et mis en scène (les travellings et plans-séquences sont étourdissants), viscéralement interprété, L’Ordre et la morale s’impose comme l’un des plus grands films français de ces dernières années.

Présentation - 3,5 / 5

Si la jaquette et la sérigraphie du Blu-ray sont soignées, on déplore comme souvent chez l’éditeur l’absence d’un menu principal. Le film démarre directement et revient aussitôt au début après la projection. Seul un menu contextuel est disponible grâce auquel vous pouvez accéder aux suppléments ainsi qu’au chapitrage.

Bonus - 4,5 / 5

Dès la fin du film, visionnez immédiatement le making of Le dernier assaut (65’). D’une richesse exemplaire, passionnant, ce documentaire revient sur toutes les étapes de la longue production de L’Ordre et la morale. Agrémentés des propos de Mathieu Kassovitz, du producteur Christophe Rossignon, des comédiens et de l’ensemble des responsables des départements, les images impressionnantes du tournage se succèdent et démontrent l’investissement viscéral de toute l’équipe mais aussi les difficultés rencontrées et surmontées pendant des mois.

Le superbe et indispensable documentaire intitulé Le temps kanak (65’) complète le making of précédent. Mathieu Kassovitz introduit lui-même ce supplément en expliquant sa rencontre avec le comédien Olivier Rousset sur le tournage des Rivières pourpres en 1999. L’acteur lui avait expliqué avoir vécu six mois en Nouvelle-Calédonie en 1989, comment il avait été accepté par les habitants et sa passion pour pour ce pays. Olivier Rousset avait séjourné en contact direct avec les gens qui ont vécu les évènements d’Ouvéa.

Véritable genèse à L’Ordre et la morale, ce documentaire s’étend sur dix années (de 2001 jusqu’au tournage) pendant lesquelles le comédien, Mathieu Kassovitz et même le producteur Christophe Rossignon ont tenté d’obtenir l’accord des chefferies kanaks et des familles des victimes pour mettre en chantier un film relatant les faits. Véritable film à part entière, on y voit les espoirs et désillusions de la mise en route du film, les accords puis les désaccords, les menaces prononcées à l’encontre de Mathieu Kassovitz qui l’ont finalement conduit à réaliser L’Ordre et la morale en Polynésie française et non sur les lieux où se sont déroulés les faits. Souvent émouvantes, ces rencontres avec ceux qui étaient présents lors des évènements laissent une marque indélébile dans les mémoires.

Image - 5,0 / 5

L’édition Blu-ray de L’Ordre et la morale se révèle indispensable. Usant du Scope et remplissant le cadre large, Mathieu Kassovitz compose des plans de toute beauté sublimés par l’apport de la Haute définition. C’est tout d’abord la profondeur de champ, la colorimétrie chatoyante et la densité des contrastes qui frappent d’emblée. Ce transfert immaculé consolidé par la compression AVC n’est jamais pris en défaut autant dans les séquences diurnes que sombres, le relief est omniprésent à l’instar des plans qui immiscent les spectateurs dans la végétation luxuriante, la luminosité est aveuglante et les détails n’en finissent pas de subjuguer. Ajoutez à cela un piqué acéré comme une lame de rasoir et vous obtenez un Blu-ray de référence.

Son - 4,5 / 5

Voici une piste unique DTS-HD Master Audio 5.1 qui explore en tous sens l’ensemble des enceintes ! Certes quelques dialogues manquent parfois de punch sur la centrale, mais le spectateur est bel et bien plongé dans l’atmosphère du film grâce à une spatialisation saisissante, bénéficiant d’une large ouverture des enceintes et du caisson de basses utilisé à maintes reprises. La composition oppressante de Klaus Badelt jouit d’un usage chronique des latérales et du subwoofer et ce dès l’apparition du titre du film. Riche et percutante, cette piste distille son lot d’ambiances (le tonnerre, le martèlement de la pluie, les rotors des hélicoptères, les coups de feu) pour une immersion complète pendant plus de 2 heures. Une version audiodescription ainsi que des sous-titres destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis
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