Rhum Express (2011) : le test complet du Blu-ray

Lassé de sa vie new-yorkaise, Paul Kemp s’expatrie sur l’île paradisiaque de Porto Rico. Très vite, il adopte le rythme de la vie locale, fait de douceur de vivre et de beaucoup de rhum… Paul est engagé par un modeste journal local, le San Juan Star, dirigé par Lotterman. Il tombe aussi sous le charme de la très belle Chenault, une jeune femme fiancée à Sanderson, un homme d’affaires mouillé dans des contrats immobiliers douteux. Sanderson fait partie du nombre croissant d’entrepreneurs américains bien décidés à transformer la magnifique île en un paradis capitaliste réservé aux riches. Lorsque Kemp est engagé par Sanderson pour écrire un article élogieux sur son dernier plan véreux, il se retrouve face à un vrai choix : soit il met sa plume au service de cet homme d’affaires corrompu, soit il dénonce tout et révèle les trafics sordides. Sur l’île et ailleurs, son choix va faire des vagues…

Initié par Johnny Depp en 1998 suite à la trouvaille d’un manuscrit non publié de Hunter S. Thompson alors qu’il s’apprêtait à tourner Las Vegas Parano, Rhum Express ne doit surtout pas être vu comme une suite au film de Terry Gilliam mais plutôt comme une préquelle. Comme s’il interprétait le même personnage quinze ans avant, Johnny Depp (également producteur) se montre très à l’aise dans la peau de ce journaliste Gonzo, qui se met en scène au coeur de l’action. Oeuvre lente, volontairement désuète (tournée en 16mm) mais ne manquant pas de charmes, Rhum Express est une comédie irrévérencieuse divertissante, souffrant parfois d’un manque de rythme et de rebondissements, surtout durant la première heure.

Ayant interrompu sa retraite sous la pression de Johnny Depp, le réalisateur Bruce Robinson (Jennifer 8) s’empare du roman de Hunter S. Thompson et prend visiblement plaisir à raconter cette histoire presque inclassable sous le soleil du Porto Rico (entièrement tournée en décors naturels) de la fin des années 50. Comme souvent dans l’univers de l’écrivain, les personnages se démènent pour savoir où ils vont, pour essayer de comprendre ce qui leur arrive et trouver leur place dans un monde de dingues où l’alcool coule à flot.

Histoire pleine d’humour et d’auto-dérision, portée par de fameux seconds rôles, faisant penser à une version tordue de Casablanca, Rhum Express est surtout intéressant dans le portrait dressé d’un écrivain qui n’avait alors pas encore trouver la façon d’exprimer sa rage.

Le boitier Blu-ray classique renferme le Blu-ray. Le menu principal animé et musical, met immédiatement le spectateur dans l’ambiance du film et la navigation est fluide.

A l’occasion de la promotion du film en France, les comédiens Johnny Depp et Amber Heard, et le réalisateur Bruce Robinson parviennent à échapper aux réponses toutes faites et se révèlent très intéressants. Chacun revient sur l’histoire du film, l’oeuvre et la vie de Hunter S. Thompson, l’adaptation de ce roman « perdu » (aucun dialogue n’a été repris de l’oeuvre originale), les thèmes du film, tandis que quelques images issues du tournage viennent illustrer l’ensemble.

Le segment Une voix faite d’encre et de rage (13’) dissimule le making of de Rhum Express et donne la parole à l’ensemble du casting, aux techniciens ainsi qu’au réalisateur, tous s’exprimant sur le plateau entre deux prises. C’est ainsi l’occasion de voir l’implication totale de l’équipe qui rendait quotidiennement hommage à Hunter S. Thompson, « présent » grâce à un siège de producteur à son nom ainsi que par le verre de Chivas Regal (boisson fétiche de l’écrivain) grâce auquel Johnny Depp se baptisait tous les matins pour se porter chance. Le comédien s’exprime sur sa rencontre et son amitié avec Hunter S. Thompson ainsi que sur les années qui ont été nécessaires pour porter Rhum Express à l’écran.

Le formidable documentaire qui suit, intitulé Les Origines de Rhum Express (46’), revient sur le long processus de transposition du roman perdu de Hunter S. Thompson, grâce à des images d’archives montrant l’auteur en compagnie de Johnny Depp, alors que Las Vegas Parano venait à peine de sortir sur les écrans. Ces images vidéo nous dévoilent les révisions et corrections de Rhum Express en 1998, manuscrit non publié et retrouvé par hasard par Johnny Depp dans les archives de l’écrivain. Hunter S. Thompson nous en lit quelques passages, Johnny Depp, confortablement installé dans une paillote chez le romancier se délecte à l’idée d’interpréter à nouveau un personnage proche de celui de Las Vegas Parano. S’ensuit la venue de quelques producteurs et scénaristes voulant plancher sur l’adaptation qui finalement n’aura jamais lieu du vivant de Hunter S. Thompson, qui s’est suicidé en février 2005.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens Internet.

Afin d’évoquer le langage cinématographique des années 50-60, le réalisateur et le chef opérateur Dariusz Wolski (la trilogie Pirates des Caraïbes) ont opté pour un tournage en Super 16mm. Le master HD édité par Metropolitan restitue habilement ces volontés artistiques en conservant un superbe grain cinéma, des couleurs chaudes et clinquantes, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. Ces volontés artistiques entraînent certes une image parfois plus douce, une sensible perte de la définition sur les séquences nocturnes et un léger bruit vidéo ; mais la compression AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails sont légion et la copie éclatante.

Le spectacle est largement assuré par les mixages DTS-HD Master Audio 5.1, en anglais comme en français. La spatialisation musicale bénéficie d’une large ouverture de l’ensemble des enceintes, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, les latérales distillent leur lot impressionnant d’ambiances naturelles et la balance frontale ne cesse de jouer au ping-pong du début à la fin.