L'Empire des loups (2004) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Chris Nahon
Avec Jean Reno, Jocelyn Quivrin et Arly Jover

Édité par Gaumont

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Le 07/09/2012
Critique

Anna Heymes, la trentaine, est l’épouse d’un des plus hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur. Depuis plus d’un mois, elle souffre d’hallucinations terrifiantes et de régulières crises d’amnésie, au point de ne plus reconnaître le visage de son propre mari et même de commencer à douter de l’honnêteté de ce dernier.

Pendant ce temps, dans le Xe arrondissement, Paul Nerteaux, un capitaine de police acharné, se voit confier une enquête concernant la mort de trois femmes d’origine turque qui travaillaient dans des ateliers clandestins et dont les corps ont été retrouvés atrocement mutilés. Pour l’aider à infiltrer la population turque du quartier, Nerteaux n’a d’autre solution que de faire appel à Jean-Louis Schiffer, un de ses anciens collègues connu pour sa réputation de flic implacable.

Si ses livres se vendent comme des petits pains à travers le monde, Jean-Christophe Grangé n’a jamais été vraiment gâté par les adaptations de ses romans au cinéma et L’Empire des loups demeure la pire transposition qui soit. Si l’entrecroisement de la manipulation du cerveau avec la mafia turque de Paris pouvait se révéler passionnante sur papier, il en est tout autrement au cinéma.

Fort du succès international de son précédent film Le Baiser mortel du dragon, le réalisateur Chris Nahon se voit confier un budget confortable de 24 millions d’euros pour porter à l’écran le quatrième roman de Jean-Christophe Grangé. Il délègue l’un des rôles principaux à Jean Reno, déjà habitué du monde de Grangé puisqu’il avait interprété le commissaire Niémans dans Les Rivières pourpres (2000) sous la direction de Mathieu Kassovitz, qui malgré un scénario souvent incompréhensible demeure un bel objet de cinéma.

Déjà limité, le comédien livre une de ses plus pitoyables prestations. Monocorde, les yeux de chien battu, affublé d’un look à mourir de rire, Jean Reno n’est pas crédible une seule seconde, ennuie et même apitoie. A ses côtés, Arly Jover tente de créer une empathie avec le spectateur mais son jeu reste sans effet, d’autant plus que ses dialogues, visiblement repris en postsynchronisation, sonnent faux tout du long. Jocelyn Quivrin fait la moue pendant plus de deux heures, Laura Morante paie ses impôts, tandis que les seconds rôles débitent des répliques sans consistance en espérant faire avancer l’intrigue.

Mais tout cela ne serait rien sans la réalisation horrible de Chris Nahon qui enchaîne les effets clipesques, un montage bourré de tics, une profusion de ralentis inappropriés, une musique couvrant les dialogues, et un son qui a rapidement raison de notre patience. La deuxième heure est un modèle de ce qui ne fait pas faire au cinéma, le spectateur se trouve complètement largué, et l’ennui le plus profond s’installe définitivement jusqu’à l’indigeste séquence finale turque d’une fantastique stupidité. Depuis, Chris Nahon a cosigné les scénarios de Skate or Die et Le Baltringue. Ne riez pas.

Présentation - 3,5 / 5

La jaquette reprend le visuel soigné de l’affiche du film. L’éditeur ne s’embarrasse pas de menu extravagant et livre une interface dynamique, sobre, animée et musicale.

Bonus - 2,0 / 5

Gaumont n’a pas repris l’entièreté de l’interactivité présente sur l’édition DVD collector 3 DVD du film, et n’a malheureusement pas gardé le meilleur.

En effet, le commentaire audio du réalisateur Chris Nahon, de l’actrice Arly Jover et du chef opérateur Michel Abramowicz est un des plus consternants que l’on puisse trouver sur le marché. Murmurant comme s’il ne fallait pas réveiller un bébé à côté d’eux, les protagonistes n’ont absolument rien à dire d’intéressant (à part qu’Arly Jover sort d’une gastro), et pire, se goinfrent de Carambars tout du long rendant ce commentaire encore plus inécoutable. Le plus gonflé est que personne n’évoque une seule fois le roman de Jean-Christophe Grangé dont le film se veut une  » adaptation « . Finalement, c’est peut-être mieux pour l’écrivain. Signalons que Chris Nahon a l’air de s’ennuyer devant son propre film, ne se souvient de rien à tel point qu’on se demande s’il a été une fois sur le plateau, tandis qu’Arly Jover tente parfois de le secouer un peu, sans résultat. Si vous avez des troubles du sommeil, nous ne saurons trop vous conseiller d’écouter le réalisateur parler de ses intentions. Satisfait ou remboursé !

L’éditeur n’a pas daigné reprendre les dessins préparatoires, le dossier d’intention de Chris Nahon (!), les scènes coupées storyboardées, le carnet de tournage, le tournage du clip, un documentaire sur les effets spéciaux, un comparatif film/storyboard, un module sur la séquence du columbarium, la bande-originale et un documentaire sur la musique du film.

Heureusement, Gaumont a conservé l’entretien passionnant avec Jean-Christophe Grangé (27’). Chez lui, confortablement installé dans son canapé, l’écrivain se livre comme rarement auparavant, s’exprime sur ses études, sa formation (études de lettres, travail dans la publicité), ses rencontres déterminantes et ses reportages dans les années 80 avec le journaliste Pierre Perrin qui lui ont fait connaître tous les pays du monde. Notre interlocuteur en vient ensuite à sa passion venue sur le tard pour le roman policier, genre qu’il avoue avoie réellement découvert qu’à l’âge de 30 ans, et qui lui a donné tout naturellement l’envie d’essayer de concilier sa nouvelle passion avec un reportage sur la migration des cigognes. Cette alliance a donné naissance à son premier roman, Le Vol des cigognes, paru en 1994. Enfin, Jean-Christophe Grangé expose sa façon de travailler (le dénouement déjà en tête avant de s’atteler à l’écriture, se lever à 4 ou 5h du matin), sa conception de la peur, la façon de créer l’angoisse chez le lecteur, et (en souriant) sa vie monastique (il ne boit pas, ne fume pas et ne sort pas) qui a fait couler pas mal d’encre auprès de certains journalistes qui l’ont qualifié d’écrivain fou et d’angoissé.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, deux teasers, ainsi que le clip vidéo (absurde, mis en scène par Chris Nahon) de Skin  » Kill Everything  » dans ses versions TV et non censurée (2 secondes en plus) comprenant un ou deux plans violents issus de L’Empire des loups.

Image - 4,0 / 5

Gaumont déterre un codec VC-1 qui ne relève surtout que la luminosité. Nous avons l’impression de se retrouver face à un DVD amélioré puisque la photo brumeuse du chef opérateur Michel Abramowicz, habitué des films d’art et d’essai du style Michel Vaillant, Taken, From Paris with Love, donne du fil à retordre à la compression et entraîne un piqué peu ciselé. Les noirs et les contrastes manquent de concision, les détails sont négligés, bien que les ambiances nocturnes se révèlent agréables pour les mirettes. Si la profondeur de champ était parfaite sur l’édition SD (labellisée THX à sa sortie), elle déçoit sur support Blu-ray, et seuls les quelques plans à l’étalonnage repris en postproduction se révèlent dignes de la HD. Les gros plans sont plus précis (voir la séquence d’ouverture) tout comme la partie turque, lumineuse, précise, au relief certain.

Son - 4,5 / 5

Là en revanche le film profite à fond de l’apport HD pour en mettre plein les oreilles grâce à une piste DTS-HD Master Audio 5.1 spectaculaire. Le score omniprésent est délivré par l’ensemble des enceintes, les basses sont sollicitées dès la première séquence du film (la seule réussie d’ailleurs) tout comme les latérales qui créent un environnement acoustique percutant. En revanche, cela pèche du côté du report des voix (la postsynchronisation est horrible) qui se trouvent littéralement submergées par tous les effets sonores, à l’instar de la pluie constante, et l’irritante musique. Les séquences d’action (le hammam, le columbarium, la fusillade finale) et d’hallucinations d’Anna ressemblent à un gloubi-boulga phonique mais au moins, on ne pourra pas reprocher au mixage d’en faire le minimum. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’on ne s’endort pas (vraiment) au cours du visionnage. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

3,8
5
3
4
1
3
1
2
0
1
1

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Charlou
Le 6 mai 2023
Parce Jean-Christophe GRANGE et Jean RENO.
Dans la ligné des Rivières Pourpres.
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Giuseppe Salza
Le 17 janvier 2013
Pas de commentaire.
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Sabrina Piazzi
Le 28 septembre 2012
Pas de commentaire.

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