Les Amants de Montparnasse (Montparnasse 19) (1958) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Jacques Becker
Avec Gérard Philipe, Lilli Palmer et Léa Padovani

Édité par Gaumont

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Le 26/11/2012
Critique

Dans le Montparnasse des années 1919-1920, le jeune Modigliani noie son amertume dans l’alcool. Il tombe amoureux de Jeanne et en dépit de l’opposition de sa famille, la jeune fille décide de partager la vie de l’artiste. Le couple brave les difficultés du quotidien, mais Modigliani ne rencontre que des échecs et replonge dans la débauche…

Malgré l’immense succès de Touchez pas au grisbi en 1954, Jacques Becker ne parvient pas à trouver de producteurs pour monter les quelques projets qui lui tiennent à coeur. C’est pourquoi il accepte deux oeuvres de commandes, Ali Baba et les 40 voleurs et Les Aventures d’Arsène Lupin. Si ces films sont très réussis et ont su trouvé leur public, le cinéaste peine à s’imposer et agit surtout en tant que simple « faiseur ». En 1957, Max Ophüls meurt soudainement d’une cardiopathie rhumatismale. Défenseur du metteur en scène allemand, Jacques Becker reprend le film qu’Ophüls était en train de préparer avec Gérard Philipe. Il s’agit d’une hagiographie narrant les derniers mois du peintre et sculpteur Amedeo Modigliani, qui noyait alors son amertume dans l’alcool et combattait ses démons malgré l’amour que lui portait Jeanne Hébuterne.

Gérard Philipe et Anouk Aimée sont les magnifiques Amants de Montparnasse, connu également sous le titre Montparnasse 19. Ce merveilleux couple respire, vit et s’aime sous la caméra inspirée de Jacques Becker, qui signe un mélodrame poignant et viscéral, dont le final cruel interprété par Lino Ventura (magnifique dans le rôle du marchand d’art sans scrupules) et souligné par la musique lyrique de Paul Misraki, reste dans toutes les mémoires. On voit d’ailleurs comment Jacques Becker a pu se réapproprier cette oeuvre en mettant en relief la difficile condition d’artiste. Drame universel et intemporel, renforcé par l’usage hypnotique du N&B qui permet de se focaliser sur les yeux des comédiens, Les Amants de Montparnasse est un grand film, et même un chef d’oeuvre oublié de Jacques Becker, qui amorce le dernier virage de sa carrière vers une noirceur sans espoir de retour.

Présentation - 4,5 / 5

De la jaquette en passant par l’élégance des menus et la restauration du film lui-même, saluons le travail de l’éditeur qui n’a pas son pareil pour offrir au spectateur un bel objet à ranger dans sa collection Gaumont Classique.

Bonus - 3,5 / 5

Qui dit Gaumont Classique, dit documentaire rétrospectif de près d’une heure. Dans ce module réalisé par Dominique Maillet, nous retrouvons Sophie et Jean Becker (les enfants de Jacques Becker), la comédienne Françoise Fabian (à l’époque compagne du réalisateur), Olivier Curchod (historien du cinéma), Denitza Bantcheva (historienne du cinéma) et la comédienne Anouk Aimée, dont les témoignages croisés complètent ceux également présents sur l’édition DVD et Blu-ray d’Antoine et Antoinette.

Comme tout ou presque a déjà été dit sur le réalisateur, ce module se penche de manière plus approfondie sur la production (difficile) des Amants de Montparnasse (Montparnasse 19), son casting, la reprise en main du projet après la mort de Max Ophuls, la relation quelque peu conflictuelle entre Becker et Gérard Philipe, les partis-pris esthétiques adoptés. Les images du film viennent un peu trop entrecroisés ces propos, les photos de tournage dévoilent un peu l’envers du décor et les propos tenus dans ce module sont toujours passionnants à entendre.

Image - 5,0 / 5

Il y a certains éditeurs qui devraient en prendre de la graine. Gaumont nous permet de voir ou revoir Les Amants de Montparnasse (Montparnasse 19) dans une copie exceptionnelle. Fort d’un master au format respecté 1.66 et d’une compression AVC, ce Blu-ray en met plein les yeux dès le générique d’ouverture. La restauration est étincelante, la stabilité de mise, les contrastes d’une densité extraordinaire, les gris riches, les blancs lumineux et le grain original heureusement préservé. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes diurnes et extérieures, le piqué est tranchant et les détails étonnent par leur précision notamment dans le rendu des textures (voir la scène sur la plage à 1h02). Une définition exemplaire supplémentaire à afficher au palmarès de Gaumont.

Son - 4,5 / 5

Egalement restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants. Aucun souffle sporadique n’est à déplorer, l’écoute est propre, l’ensemble dynamique et les ambiances annexes sont limpides. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm