Funny Games (1997) : le test complet du Blu-ray

Une famille composée d’un couple et de leur fils passe ses vacances au bord d’un lac. Deux jeunes hommes leur rendent visite sous un prétexte futile. Ils les séquestrent et leur font vivre un enfer…

Funny Games est l’oeuvre la plus controversée et la plus abstraite de Michael Haneke. Le cinéaste autrichien se penche sur la représentation de la violence au cinéma en détournant les codes du genre, le spectateur étant de son côté mis à contribution puisque le tueur - qui tire toutes les ficelles (et détient la télécommande) et manipule le film à sa convenance - communique avec lui directement face caméra et lui fait même un clin d’oeil complice.

Puisque le personnage « sait » que l’audience est venue pour voir une famille se faire torturer, alors autant y aller jusqu’au bout. Haneke s’amuse à montrer au spectateur comment il devient manipulable car ce dernier est libre de partir ou d’arrêter le film s’il se sent mal face à ce qu’il est pourtant venu voir de son plein gré, le mal à l’état pur.

L’extrême violence côtoie l’humour le plus noir, et ce mixe entre tragique et comique hypnotise du début à la fin, met mal à l’aise et prend littéralement le spectateur à la gorge. On en ressort les nerfs à vif, agacés, bouleversés, renversés. Il serait d’ailleurs dommage de trop disséquer Funny Games puisque chaque spectateur verra ou plutôt prendra le film d’une manière différente. Une chose est certaine, les détracteurs et les encenseurs du film ne pourront jamais trouver un terrain d’entente.

La jaquette n’est guère attirante, tout comme la sérigraphie du disque, trop sobre à notre goût. Même chose concernant le menu principal, certes animé et musical, mais guère recherché.

Philippe Rouyer, critique de cinéma et co-auteur du livre Haneke par Haneke, présente Funny Games (12’) et replace ce film dans la filmographie du cinéaste autrichien. Il y évoque la présentation du film au Festival de Cannes en 1997 (une première pour le cinéaste) et le scandale qui l’accompagna, divisant autant la critique que les spectateurs, certains criant au génie, d’autres conspuant le film et son auteur. Philippe Rouyer évoque rapidement l’histoire du film, les thèmes abordés, les partis-pris esthétiques et narratifs adoptés et le rapport entre le spectateur et les personnages. Dans la dernière partie de cette présentation, notre interlocuteur évoque le remake plan par plan réalisé dix ans après par Michael Haneke lui-même en 2007 avec Naomi Watts et Tim Roth, une nouvelle expérience, un nouveau casting et de nouvelles émotions comme l’indique Philippe Rouyer.

S’ensuit une formidable interview de Michael Haneke par Serge Toubiana (18’) qui décortique Funny Games de manière passionnante et durant laquelle le réalisateur se penche sur la représentation de la violence au cinéma, ainsi que sur le rapport qui s’instaure entre les tortionnaires et les spectateurs, qui deviennent complices malgré eux de ce « jeu ».

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Le chef d’oeuvre de Michael Hanake bénéficie d’un master HD quasi-parfait qui lui redonne un sérieux coup de jeune. La propreté de la copie est indéniable, la colorimétrie retrouve une vivacité qui lui manquait et le piqué est fort appréciable. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec fermeté, les détails sont brillants. Quelques séquences, à l’instar de celles se déroulant au bord du lac sont magnifiques. Si les scènes sombres sont un poil moins définies avec un grain sensiblement plus appuyé, l’élévation HD de Funny Games ne déçoit jamais.

La version allemande jouit d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1 qui peine à instaurer une spatialisation concrète et naturelle, certains effets latéraux étant particulièrement artificiels et sûrement ajoutés pour exploiter un minimum les canaux surround, comme les quelques séquences sur le lac. Le caisson de basses ne profite surtout qu’aux morceaux de death-metal qui viennent parasiter la douce quiétude de la famille au début du film. En dehors de cela, les dialogues manquent de punch, surtout quand on compare cette piste avec l’excellent mixage français DTS-HD Master Audio 2.0, nettement plus ardent et peut-être plus approprié au film. Notons que les sous-titres français demeurent inamovibles.