Réalisé par Paul Verhoeven
Avec
Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh et Tom Burlinson
Édité par Filmedia
Quelque part en Europe, en l’an de grâce 1501… Martin et sa bande de mercenaires aident un seigneur, Arnolfini, à récupérer son château, contre la promesse de fabuleuses récompenses. Promesse non tenue. Martin va se venger cruellement et enlever la jeune Agnès, promise à Steven, le fils d’Arnolfini.
La Chair et le sang est le dernier film tourné par Paul Verhoeven en Europe, avant qu’il ne se lance à Hollywood dans la réalisation d’une belle série de blockbusters : Robocop, Basic Instinct, Total Recall, Starship Troopers et Hollow Man. Il reviendra cependant en Europe, 21 ans plus tard, pour le tournage d’un de ses tout meilleurs films, Black Book.
La Chair et le sang est la dernière collaboration entre Paul Verhoeven et Rutger Hauer, un de ses acteurs fétiches de la période hollandaise. Celles et ceux qui la connaissent mal trouveront les cinq meilleurs films dans un intéressant coffret Metropolitan, distribué en France en novembre 2004.
Peu importe que le scénariste ait pris certaines libertés avec la vérité historique (l’épidémie de peste noire avait ravagé l’Europe au milieu du XIVe siècle), on est vite fasciné par cette fresque guerrière hyperbolique, pleine de bruit et de fureur, de sang et de sexe et d’une brutalité sans fard : viols, tueries, cadavres putréfiés, incendies… « Monstrueux et délicat » c’est ainsi que Michelet qualifiait la fin du Moyen-Âge quand commençaient à apparaître les signes annonciateurs de la Renaissance. Et c’est bien l’impression que donne le film, qui laisse aussi place à la dénonciation des manipulations exercées par les religieux.
Les acteurs apportent leur pierre à l’édifice, surtout Rutger Hauer (dont le talent paraît avoir été généralement sous-estimé) juste dans l’incarnation d’un héros équivoque, ni tout à fait méchant, ni tout à fait gentil, et Jennifer Jason Leigh, troublante dans le rôle d’une femme encore enfant qui devra apprendre très vite les choses de la vie et comment troubler le coeur des deux hommes tombés sous son charme.
L’ambitieuse musique de Basil Poledouris (qui composera également les partitions de Robocop et de Starship Troopers) la richesse des costumes, inspirés des toiles des maîtres flamands, la beauté des paysages d’Espagne, tout concourt à nous en mettre plein les yeux.
Le boîtier gris, une jaquette bien composée où dominent le rouge et le noir et un beau menu sont un des atouts de cette réédition. Sous-titres français imposés sur la version originale.
L’édition de 2005 n’offrait aucun bonus. Filmedia a, pour l’occasion, produit trois documentaires plutôt intéressants.
Dans Un brûlot entre deux mondes (13’33”), Nathan Réra, auteur de « Au jardin des délices : entretien avec Paul Verhoeven » et Jean-François Rauger, directeur de la programmation à la Cinémathèque Française, soulignent le tournant que marque ce film dans la carrière de Paul Verhoeven et, en même temps, son inspiration qui reste très européenne et tranche avec les canons, beaucoup plus policés, de Hollywood.
Les Apocalypses du Moyen-Âge chez Paul Verhoeven (8’20”) donne surtout la parole au médiéviste Patrick Boucheron qui confronte scénario du film avec la vérité historique, puis l’en rapproche.
Le troisième document est une Rencontre avec Paul Verhoeven (21’43”), dans un entretien assez vivant. Dommage que n’ait pas été repris le commentaire du film par Paul Verhoeven, disponible sur le DVD zone 1 de 2004.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à un net gain de résolution, on aura bien du mal à mesurer, en comparant l’image du Blu-ray à celle du DVD zone 1 de 2004, l’apport de la haute définition. Si la qualité qu’offrait le DVD méritait tous les éloges, il faut bien constater que la réédition ne tire pas profit des capacités du nouveau support : elle continue à manquer un peu de piqué dans les scènes en lumière faible ou dans les plans très larges.
Même chose pour le son Dolby Digital 2.0 de l’édition DVD, dont on se doit, cependant, de reconnaître la qualité. Ce qui n’empêche pas de dire que l’avantage du Blu-ray se limite à un léger gain de place sur les étagères pour une différence de prix, certes limitée, avec le DVD, qui contient les mêmes bonus.