L'Oeil de l'astronome (2011) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Stan Neumann
Avec Denis Lavant, Airy Routier et Max Baissette de Malglaive

Édité par Les Films du Paradoxe

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Le 05/10/2012
Critique

Prague, 1610 : une lunette astronomique, inventée par Galilée, est remise à Johannes Kepler, mathématicien et astronome à la cour de l’empereur Rodolphe II. Chaque nuit, on s’assemble autour de l’étonnant instrument pour observer la « voûte céleste » et y découvrir des astres dont on ignorait l’existence…

L’Oeil de l’astronome, sorte de documentaire-fiction, est un objet curieux, comme venu d’ailleurs, un OVNI écrit et réalisé par Stan Neumann, documentariste né… à Prague. Difficile de comparer cette création à un autre film, quelque soit l’angle sous lequel on la regarde.

L’écriture cinématographique, tout d’abord, est très particulière : une succession de plans, en général assez longs, filmés la nuit par une caméra fixe ou qui tourne lentement autour des personnages, en plans serrés, sous des éclairages très contrastés, ne montrant parfois les visages qu’en silhouette.

Le scénario et les dialogues, écrits par le réalisateur, donnent une large place aux interrogations suscitées par la possibilité, soudain offerte, de scruter l’univers au-delà de ce que qu’on n’avait jamais pu faire, comme si la possibilité était maintenant offerte de lire un livre jusque-là trop éloigné pour qu’on ait pu en distinguer les caractères. Stan Neumann utilise cette métaphore pour confronter les récentes découvertes aux postulats du catholicisme, farouchement défendus par le Vatican, notamment le géocentrisme qui plaçait la Terre au centre de l’univers, autour de laquelle le soleil était supposé tourner.

Copernic, en 1543, fut le premier à proposer le modèle de l’héliocentrisme, qui sera validé par les observations de Galilée. Kepler établira, à partir de 1610, les trois premières « lois » de la mécanique céleste. Mais il faudra pourtant attendre une encyclique de 1893 pour que le Vatican admette de distinguer la bible et l’enseignement scientifique et 1992 pour qu’il reconnaisse publiquement l’injustice faite à Galilée !

La polémique est exposée par Stan Neumann, sous le regard curieux d’un gamin qui ne parle jamais, avec des dialogues emprunts de poésie, par petites touches, sans pathos. L’approche est éloignée de celle retenue par Jean-Daniel Verhaeghe, sur un scénario de Claude Allègre, pour l’excellent Galilée ou l’amour de Dieu, édité sur DVD en 2006, qui faisait ressentir avec force l’insupportable violence exercée sur le savant.

Cette petite oeuvre, un peu maniérée peut-être, est fascinante. Avant tout pour l’intelligence et la beauté des dialogues. Mais aussi pour la performance de Denis Lavant, pour la musique originale de Philippe Miller et pour le surprenant travail du chef opérateur Mathieu Poirot-Delpech sur les clairs-obscurs, opposition de l’ombre et de la lumière, de l’obscurantisme et de la connaissance.

Édition - 8 / 10

Un digipack, reprenant la belle affiche du film, contient les deux supports, Blu-ray et DVD. Et aussi un intéressant livret de 24 pages, fait essentiellement d’un entretien avec Stan Neumann, de sa filmographie et de citations de Johannes Kepler, dont celle qui figure sur la dernière page de couverture : « Apprendre, c’est comme s’éveiller d’un songe ».

Pour tout supplément, une bande-annonce de 1’52”. Un extrait du catalogue de l’éditeur, Les Films du Paradoxe, montre les couvertures de trois des 261 titres disponibles, George qui ? de Michèle Rosier, avec Anne Wiazemsky, Le Chien du jardinier de Pilar Miró, adaptation d’une pièce de Lope de Vega et Les Derniers Marranes, de Stan Neumann, relatant le sort des juifs portugais contraints, en 1500, de choisir entre conversion au catholicisme ou exil.

Pour l’image, le parti pris est singulier : tout a été tourné la nuit, sans éclairage additionnel, à 1600-3200 ISO avec un appareil photo Canon Mark IV dont le boîtier coûte moins de 5.000 euro ! Le résultat est étonnant, sur les deux supports : une définition poussée et de forts contrastes assurant une parfaite lisibilité des plans, y compris de ceux filmés dans la quasi-obscurité. Le Blu-ray est au format 1080i AVC.

Pas de haute définition pour le son, ce qu’impliquait probablement le choix d’une technique légère, cohérent avec celui fait pour la prise de vue. L’oeuvre, d’une nature très intimiste, ne souffre jamais de cette option qui assure une intelligibilité constante des dialogues, même quand ils ne sont que murmurés et donne à la musique une bonne ampleur.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur InFocus IN76
  • Panasonic DMP-BD30
  • Denon AVR-3806
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918 (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080i - Diagonale image 270 cm
Note du disque
8 / 10
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Philippe Gautreau
Le 8 octobre 2012
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