La Servante (1960) : le test complet du Blu-ray

Hanyo

Édition Collector

Réalisé par Kim Ki-young
Avec Lee Eun-shim, Ju Jeung-nyeo et Kim Jin Kyu

Édité par Carlotta Films

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Le 21/01/2013
Critique

Une famille vient d’emménager dans une grande maison neuve. Le père, Dong-sik, enseigne la musique dans une usine pour femmes. Afin de soulager son épouse qui souffre de fatigue, il accepte d’accueillir une servante recommandée par une jeune ouvrière à qui il donne des cours particuliers de piano et qui ne le laisse par indifférent. Possédant un comportement ambigu, la nouvelle venue s’amuse à espionner les conversations ou à effrayer les enfants. Lorsqu’elle entame une liaison avec Dong-sik, le foyer tombe lentement sous l’emprise de la servante…

Film choc et fondateur du cinéma coréen, La Servante, réalisé par Kim Ki-young en 1960, demeure une oeuvre froide, âpre et étouffante, marqué malgré tout par de nombreuses longueurs et redondances dans sa mise en scène (zooms et fondus enchainés), mais qui au final prend suffisamment le spectateur aux tripes.

Si la première partie reste d’un intérêt relatif et ponctué par quelques effets que l’on arrive aisément à anticiper, la réalisation de Kim Ki-young n’a rien perdu de sa fraîcheur, les travellings sont superbes bien que la technique l’emporte finalement trop souvent sur l’émotion.

Ce mélodrame expressionniste et social sud-coréen, pessimiste sur la nature humaine (personne, pas même les enfants ne sont épargnés), vénéneux, cruel et très noir, n’aura de cesse d’être revisité et réinventé par le cinéaste lui-même dans plusieurs auto-remakes, à l’instar du grand Howard Hawks avec sa trilogie Rio Bravo - El Dorado - Rio Lobo, d’inspirer plusieurs générations de réalisateurs dont Im Sang-soo qui n’hésitera pas à réaliser en 2010 une nouvelle adaptation de La Servante avec The Housemaid.

Présentation - 4,5 / 5

La jaquette reprend le visuel issu de l’affiche réalisée pour la ressortie de La Servante dans les salles françaises en 2012. Elle est glissée dans un boitier Blu-ray classique de couleur noire, lui-même recouvert d’un surétui marqué par les couleurs rose et blanche. Le menu principal est fort élégant, animé et musical.

Bonus - 3,0 / 5

Outre la bande-annonce de la ressortie du film en 2012, nous trouvons un documentaire intitulé Deux ou trois choses que je sais de Kim Ki-Young (2006, 48’), dans lequel 22 cinéastes coréens, dont Park Chan-wook (Old Boy), Bong Joon-ho (The Host) et Im Sang-soo (The Housemaid, remake de La Servante), évoquent leur rencontre avec Kim Ki-young (1919-1998), et l’influence de son cinéma sur leur génération de réalisateurs. Composé de nombreux extraits de La Servante et des remakes du film mis en scène par Kim Ki-young lui-même (La Femme de feu, La Femme de feu 82), un portrait fin et souvent captivant du réalisateur se dessine au gré des interventions. Chacun y va de sa petite anecdote et permet d’en savoir plus sur ce cinéaste culte. Notons que sur les 32 films tournés par Kim Ki-young, 22 seulement ont été retrouvés à ce jour, dont 18 projetés en novembre 2006 lors d’une rétrospective organisée par la Cinémathèque française.

Le documentaire sur la restauration de La Servante (29’) se contente de mettre en parallèle l’image de cinq séquences du film avant/après l’intervention numérique ayant éradiqué la plupart des rayures, les poussières, les sous-titres incrustés, les poils, les tâches d’eau, les vacillements. S’il demeure intéressant, ce module n’échappe pas à quelques redondances.

Image - 3,5 / 5

Comme l’explique un carton en introduction, le négatif original de La Servante a été retrouvé en 1982 mais 2 bobines étaient manquantes. En 1990, cette copie a été complétée grâce à la découverte d’une copie d’exploitation d’époque sur laquelle figuraient des sous-titres anglais rédigés à la main. Mais la pellicule était gravement endommagée et les sous-titres occupaient la moitié de l’image. La nouvelle restauration proposée ici a consisté à réduire les tremblements, à supprimer les rayures et poussières, effacer les sous-titres, refaire l’étalonnage.

Le master HD proposé par Carlotta dans son format 1.55 respecté est issu de cette copie restaurée en 2008 par la World Cinema Foundation et la Korean Film Archives. Seulement voilà, les deux bobines ayant servi pour compléter le négatif original posent problème. Entre 15 et 20 minutes du film demeurent fortement marquées par un travail de restauration passable, notamment sur les sous-titres anglais qui ont certes été gommés mais remplacés par des flous. De plus, ces séquences déséquilibrent totalement le reste avec moult décrochages, un grain très appuyé, de nombreux fourmillements, rayures, sautes et désaturations. Cela est d’autant plus regrettable que les scènes restaurées issues du négatif original brillent de mille feux avec des contrastes riches et solides, des noirs denses, une stabilité de mise, une propreté exemplaire, une clarté éblouissante, un piqué acéré et un relief indéniable.

Son - 3,5 / 5

Si l’unique mixage coréen DTS-HD Master Audio 1.0 est de fort bonne facture sur toutes les séquences issues du négatif original, le bât blesse une fois de plus sur celles des bobines retrouvées avec un souffle nettement plus appuyé et des voix couvertes. Les 3/4 du temps les voix demeurent claires et nettes, la musique délivrée avec force, même si le travail effectué en postsynchronisation laisse souvent à désirer et créé un décalage sensible. Cependant, l’ensemble est aéré, les silences sont denses, et l’important martèlement de la pluie omniprésent.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 7 novembre 2014
Pas de commentaire.
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Sabrina Piazzi
Le 21 janvier 2013
Pas de commentaire.

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