Le Privé (1973) : le test complet du Blu-ray

The Long Goodbye

Réalisé par Robert Altman
Avec Elliott Gould, Nina van Pallandt et Sterling Hayden

Édité par Potemkine Films

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Le 08/11/2012
Critique

En pleine nuit, Terry Lennox demande à son ami Philip Marlowe, un détective privé, de le conduire de toute urgence au Mexique. Ce dernier accepte, mais à son retour il est fraîchement accueilli par la police. Sylvia, l’épouse de Lennox, a en effet été retrouvée assassinée et Marlowe est inculpé pour meurtre.

Le huitième long métrage de Robert Altman, Le Privé, demeure l’un des films les plus singuliers de son auteur, mais aussi et surtout l’un de ses plus aimés à travers le monde. En collaboration avec le scénariste Leigh Brackett (co-auteur du Le Grand sommeil d’Howard Hawks), le cinéaste adapte ici l’oeuvre de Raymond Chandler The Long Goodbye et réinvente complètement le personnage du détective Philip Marlowe (au point que les fans ont crié au scandale), précédemment interprété au cinéma par Humphrey Bogart (Le Grand sommeil), Robert Montgomery (La Dame du lac) et James Garner (La Valse des truands). Pour ce faire, il confie le rôle à Elliott Gould qui trouve ici l’un des rôles de sa vie. Comme si Philip Marlowe se réveillait d’un grand sommeil (!) de 20 ou 30 ans, le voici plongé dans l’Amérique des années 70 après l’avortement du mouvement de la contre-culture, la catastrophe de la guerre du Vietnam et la libération sexuelle. Avec son air de chien fou, allumant clope sur clope, sa démarche nonchalante, sa dérision (la scène d’ouverture avec le chat est irrésistible, tout comme celle de l’interrogatoire), ses valeurs démodées et ses expressions éculées, Philip Marlowe, personnage complètement anachronique dans le Los Angeles des années 70, tente de comprendre ce qui se passe autour de lui, dans un monde totalement corrompu où l’argent s’échange, se vole et se convoite. Le personnage subit plus qu’il n’agit, arrive souvent le dernier sur le lieu de l’action, zigzague entre des personnages tous plus allumés les uns que les autres, et tente de relativiser toutes les menaces proférées à son égard d’un « it’s okay with me ».

Avec sa mise en scène virtuose, la géniale interprétation d’Elliott Gould, le score jazzy de John Williams et la sublime photographie éthérée du chef opérateur Vilmos Zsigmond, Robert Altman signe avec Le Privé une fabuleuse et immanquable relecture de la série noire des années 40.

Présentation - 4,5 / 5

Quel bel objet ! La superbe jaquette est glissée dans un boitier élégant de couleur noire. Le tout repose dans un surétui cartonné de très grande classe. Le menu principal est animé sur la musique de John Williams.

Bonus - 4,0 / 5

Nous avons le plaisir de retrouver deux entretiens croisés du réalisateur Robert Altman et du comédien Elliott Gould (2002-25’) qui reviennent sur la genèse, la production et l’échec du film. C’est ici l’occasion d’en apprendre plus sur cette transposition singulière du roman de Raymond Chandler et sur la façon dont Robert Altman a réinventé le personnage de Philip Marlowe, loin des interprétations classiques de Dick Powell et Humphrey Bogart. Ces partis-pris n’ont pas vraiment été appréciés par les aficionados de l’écrivain comme se souvient le cinéaste avec amusement. Quelques photos de tournage viennent illustrer ce passionnent documentaire.

S’ensuit un entretien de 14 minutes avec le directeur de la photographie Vilmos Zsigmond, rendu célèbre pour son travail sur L’Épouvantail, Obsession, Rencontres du troisième type, Voyage au bout de l’enfer, Blow Out, La Porte du paradis et bien évidemment Le Privé. Notre interlocuteur évoque sa collaboration avec Robert Altman, qui l’engage dès John McCabe (1971). Les deux hommes se retrouveront par la suite sur Images (1972) et Le Privé (1973). Ce segment complète parfaitement le précédent et nous en apprenons un peu plus sur le travail du réalisateur avec les comédiens, ainsi et surtout sur les partis-pris esthétiques du Privé, notamment l’usage récurrent du zoom (une spécialité chez Altman) et le procédé du post-flashage qui atténue les contrastes et créé une ambiance éthérée.

Enfin, nous retrouvons un entretien (22’) indispensable et passionnant d’un des plus grands historiens et critiques cinématographique français, Jean-Baptiste Thoret. Spécialiste du cinéma américain et notamment du Nouvel Hollywood, notre interlocuteur replace Le Privé dans son contexte cinématographique, en croisant habilement le fond et la forme. Toujours aussi didactique, spontané et captivant, Jean-Baptiste Thoret répond à toutes les questions que l’on pouvait se poser sur Le Privé, tout en exposant brièvement les carrières respectives de Robert Altman et Elliott Gould, les partis-pris adoptés, le casting (Robert Mitchum, Lee Marvin ont été approchés), les thèmes abordés. A ne manquer sous aucun prétexte !

Image - 4,0 / 5

Potemkine/Agnès b nous permet de redécouvrir Le Privé dans de belles conditions techniques, même si les partis-pris esthétiques concoctés par le chef opérateur Vilmos Zsigmond donnent constamment du fil à retordre au codec AVC. Ce sont surtout les séquences nocturnes qui demeurent altérées avec des noirs poreux virant au bleu, une baisse de la définition et une gestion des contrastes déséquilibrée, même si le directeur de la photographie a volontairement atténué les clairs-obscurs grâce au procédé du post-flashage. Malgré quelques points et tâches qui ont échappé au lifting numérique (voir à 1h15 quelques défauts récalcitrants), la copie demeure très appréciable et propre, et l’apport HD est loin d’être négligeable. D’une part parce-que les séquences diurnes sont magnifiquement restituées avec un halo de lumière vaporeux fort plaisant, mais nous découvrons également un lot de détails inédit qui flatte la rétine, d’autant plus que le cadre large est superbement exploité.

Son - 3,5 / 5

La version originale sous-titrée en français dispose d’un écrin acoustique DTS-HD Master Audio 1.0 qui l’emporte aisément sur la la piste française disposant d’un encodage similaire. Sur cette dernière, les voix sont mises bien trop à l’avant au détriment des ambiances annexes et de la musique du film. Certes, la piste anglaise demeure souvent sourde, mais le superbe score de John Williams s’allie avec fluidité à la grosse voix d’Elliott Gould ainsi qu’aux effets divers et variés. Dans les deux cas, notons tout de même quelques sensibles saturations et chuintements.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Sabrina Piazzi
Le 20 novembre 2012
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