À nos amours (1983) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Maurice Pialat
Avec Sandrine Bonnaire, Dominique Besnehard et Evelyne Ker

Édité par Gaumont

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Le 24/01/2013
Critique

À quinze ans, Suzanne fait l’amère découverte qu’il est plus facile de coucher que d’aimer. Fuyant les problèmes familiaux, elle accumule les expériences, changeant souvent de partenaires, n’en aimant aucun, jusqu’à sa rencontre avec Jacques.

A nos amours, Prix Louis Delluc 1983 et César du meilleur film 1984, est le sixième long métrage de Maurice Pialat. Ecrit par Arlette Langmann (la soeur de Claude Berri, qui s’inspire ici de leur propre vie), ce drame froid et violent où les membres d’une famille ne parviennent pas à s’aimer ou à se dire qu’ils s’aiment, demeure l’un des films les plus difficiles de Maurice Pialat.

A nos amours n’instaure pas vraiment une intrigue mais une juxtaposition de comportements intrigants parmi lesquels un père (Maurice Pialat lui-même) troublé par l’indépendance de sa fille qui se cherche en passant d’un amant à l’autre, la plupart du temps plus âgés qu’elle. Ce personnage d’adolescente tourmentée est incarné par Sandrine Bonnaire. Nous assistons à l’éclosion soudaine d’une jeune actrice de seize ans au naturel confondant, qui n’avait alors jamais pris de cours de comédie ni été en présence d’une caméra. Son interprétation lui vaudra d’être récompensée par le César du meilleur espoir féminin.

Pendant 1h40, nous devenons témoins d’un conflit des générations où les jeunes tentent d’échapper à la tristesse en s’abandonnant au sexe (sans aucun sentiment), tandis que le père n’hésite pas à faire part de ses rancoeurs lors d’un dîner, indéniablement la plus grande et saisissante scène du film. Les séquences d’affrontements physiques et psychologiques font mal, très mal, à l’instar du (véritable) pétage de plombs d’Evelyne Ker (la mère) qui s’en prend violemment envers sa fille et qui se blesse (réellement) alors que son fils (Dominique Besnehard, excellent) tente de la contrôler. Ce chaos affectif, marqué par un montage cut, des dialogues percutants et d’absolus moments de grâce, prend aux tripes et ne cesse de triturer les méninges bien longtemps après.

Présentation - 4,0 / 5

De la jaquette en passant par l’élégance des menus (pour une fois fixes et muets) et la restauration du film lui-même, saluons le travail de l’éditeur qui n’a pas son pareil pour offrir au spectateur un bel objet à ranger dans sa collection Gaumont Classique.

Bonus - 4,5 / 5

Le premier disque, le Blu-ray, comprend un formidable documentaire réalisé en 2012 par David Thompson, Il était une fois… A nos amours (54’), composé d’entretiens passionnants avec Dominique Besnehard (Robert le frère), Sandrine Bonnaire (Suzanne), Yann Dedet (monteur), Jacques Fieschi (critique, interprète de Jacques), Cédric Kahn (cinéaste), Arlette Langmann (scénariste), Jacques Loiseleux (directeur de la photographie), Sylvie Pialat (régisseuse) et Florence Quentin (première assistante). Ce documentaire rétrospectif regorge d’anecdotes de tournage, d’images des prises de vue montrant Maurice Pialat à l’oeuvre avec ses comédiens, d’interviews de l’époque, de photos de plateau et des images des essais. Chacun revient sur les conditions de tournage, les thèmes explorés, le casting, la collaboration avec Maurice Pialat, le tout sans langue de bois.

Nous trouvons ensuite un entretien avec le réalisateur et ancien journaliste Dominique Maillet (20’) revenant sur ses diverses rencontres (et altercations) avec Maurice Pialat ainsi que sur les éléments autobiographiques présents dans A nos amours. Ce module revient notamment sur une critique négative de Loulou publiée dans la revue Cinématographe dont s’est inspirée Maurice Pialat lors de la scène du repas où il fustige le personnage incarné par Jacques Fieschi… ancien rédacteur en chef de la revue Cinématographe. Se dessine un portrait corrosif et spontané d’un cinéaste anticonformiste, provocant, exigeant, critique envers ses propres films, capable de pousser à bout ses comédiens tout comme ses techniciens, au final difficile à cerner.

L’interactivité de ce premier disque se clôt sur la bande-annonce.

Le reste des suppléments repose sur un deuxième disque, un DVD comprenant près de deux heures de bonus, repris de l’ancienne édition SD d’A nos amours.

Une fois de plus, nous retrouvons Sandrine Bonnaire (2003, 17’) dans un entretien mené par Serge Toubiana, reprenant en gros tout ce qui est déjà dit dans le documentaire présent sur la première galette. Toutefois, le naturel et la franchise de la comédienne demeurent très attachants, surtout lorsqu’elle évoque sa relation très forte avec Maurice Pialat et ses premiers pas devant la caméra.

L’éditeur joint ensuite quelques extraits de l’émission Etoiles et toiles (1983, 12’) durant laquelle Maurice Pialat s’exprime sur A nos amours, sur son rôle dans le film et sa direction d’acteurs. Par ailleurs, quelques images issues du tournage nous montrent l’envers du décor.

Mais le plus gros de ce deuxième disque demeure le film L’oeil humain (1999, 55’) réalisé par Xavier Giannoli, composé d’interviews de Dominique Besnehard, Sandrine Bonnaire, Yann Dedet, Jacques Fieschi, Jean-Michel Frodon (journaliste, critique), Arlette Langmann, Jacques Loiseleux, Maïté Maillé (comédienne), Pierre-Loup Rajot (comédien) et Jean Umansky (ingénieur du son). Bien que ce documentaire reste important, signalons de nombreuses redondances avec celui présent sur le Blu-ray. Toutefois, cette analyse filmique d’A nos amours, où le fond est habilement croisé avec la forme, finira de combler les quelques questions qui auraient pu rester en suspens, notamment sur le processus créatif de Maurice Pialat.

L’interactivité se clôt sur les essais filmés (29’) de Jackie Berroyer, Dominique Besnehard, Sandrine Bonnaire, Sandrine Bonnaire et Maurice Pialat, Patrick Bruel, Cyril Collard, et Jacques Gamblin.

Image - 4,5 / 5

Il serait difficile de faire mieux que ce Blu-ray (Encodage MPEG 4 / AVC - Format du film respecté 1.66, 1080p) qui respecte les volontés artistiques originales dont le grain original, tout en tirant intelligemment partie de l’opportunité HD. La clarté est fort appréciable, notamment sur toutes les séquences en extérieur, la propreté du master est irréprochable, ainsi que la stabilité, le relief, la gestion des contrastes et le piqué qui demeure agréable. En dehors de quelques flous (la séquence de Suzanne avec l’américain), revoir A nos amours dans de telles conditions était presque inespéré.

Son - 4,0 / 5

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono tente d’instaurer un confort acoustique même si quelques dialogues manquent parfois d’intelligibilité. En dehors de cette petite déconvenue, l’ensemble se révèle très propre, quelques ambiances naturelles parviennent à percer et les silences sont profonds. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Sabrina Piazzi
Le 26 janvier 2013
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