Réalisé par Pascal Laugier
Avec
Jessica Biel, Jodelle Ferland et Stephen McHattie
Édité par M6 Vidéo
À Cold Rock, petite ville minière isolée des Etats-Unis, de nombreux enfants ont disparu sans laisser de traces au fil des années, et n’ont jamais été retrouvés. Chaque habitant semble avoir sa théorie sur le sujet mais pour Julia, le médecin dans cette ville sinistrée, ce ne sont que des légendes urbaines. Une nuit, son fils de 6 ans est enlevé sous ses yeux par un individu mystérieux. Elle se lance à sa poursuite sachant que si elle le perd de vue, elle ne reverra jamais son enfant.
Il aura fallu sept ans et une dizaine de versions du scénario pour que Pascal Laugier puisse tourner The Secret, étrange titre « français » à The Tall Man, en Amérique du Nord, en anglais, avec Jessica Biel en vedette.
Faux film d’épouvante et véritable thriller, plus inspiré par le scandale de L’Arche de Zoé que des histoires de croque-mitaines, The Secret est porté par une véritable déclaration d’amour pour le film de genre, avec lequel Pascal Laugier prend un grand plaisir à filmer un diner éclairé aux néons, un village et ses mystérieux habitants à la Twin Peaks. La mise en scène est très inspirée, la photo élégante, le rythme enlevé, les rebondissements inattendus et la prestation de Jessica Biel ne cesse d’impressionner. Nous pouvons même dire que la comédienne obtient ici son meilleur rôle, également le plus ambigu de sa carrière.
Si le film ne contentera évidemment pas le public initialement visé (par les publicitaires ?), autrement dit les aficionados de film d’horreur, les amateurs d’histoire bien ficelée (Pascal Laugier est un raconteur hors-pair) et de suspense en auront pour leur argent.
La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal, animé et musical, manque d’élégance et fait penser à un DTV quelconque.
Outre la bande-annonce, nous trouvons un formidable making of de plus d’une heure. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas vu un aussi bon documentaire consacré au tournage d’un film. En maître de cérémonie, Pascal Laugier, cigarette à la main mais non allumée, confortablement installé dans un canapé, évoque sans langue de bois la genèse de The Secret, l’évolution du scénario, le casting (il faut voir Laugier se confronter aux humeurs de Stephen McHattie), le tout étant constamment illustré par de savoureuses images de tournage montrant le metteur en scène au travail (et en parfaite osmose) avec sa comédienne principale. N’oublions pas les dessins préparatoires, les cascades, les propos de Jessica Biel, les problèmes en raison des intempéries, et vous obtenez un module indispensable, à ne visionner qu’après avoir vu le film bien entendu.
En dépit d’un sensible manque de concision sur certains contrastes, il serait idiot ne pas donner la note maximale au master HD français (voir les credits) en 1080p et AVC de The Secret, qui dépasse toutes les espérances. Armé de sa caméra numérique Red One, Pascal Laugier joue avec les codes et les couleurs du film de genre, en faisant la part belle aux ambiances nocturnes sensiblement ouatées. La propreté est donc éblouissante, les détails précis et riches, la colorimétrie respecte les partis-pris esthétiques originaux, tout comme le léger grain heureusement conservé lors du transfert. Enfin, n’oublions pas la profondeur de champ toujours appréciable, un relief omniprésent sur les séquences diurnes ainsi qu’un piqué acéré sur les gammes plus froides.
C’est là que le bât blesse. Pour un film de cet acabit, on s’attendait à ce que ça pulse ! Au contraire, les enceintes demeurent plutôt timides et ne délivrent leur lot d’ambiances naturelles (un orage et ses coups de tonnerre) et d’effets annexes qu’avec une rare parcimonie. Alors certes, la musique de Todd Bryanton (Surveillance) est correctement spatialisée sur les pistes anglaise et française (DTS-HD Master Audio 5.1), mais les voix des comédiens auraient nettement gagné à être relevés sur la centrale. Les latérales demeurent en retrait alors n’hésitez pas à monter suffisamment le volume (en version originale de préférence) pour instaurer une ambiance digne de ce nom, afin de mieux vous plonger dans le film.
Crédits images : © SND