L'Assassin (1961) : le test complet du Blu-ray

L'Assassino

Édition Collector

Réalisé par Elio Petri
Avec Marcello Mastroianni, Micheline Presle et Cristina Gaioni

Édité par Carlotta Films

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Le 28/03/2013
Critique

Alfredo Martelli est un être infâme, antiquaire de métier, qui ne rate aucune occasion pour asseoir sa situation économique. Un beau matin, celui-ci voit débarquer dans son appartement la police, le convoquant au commissariat où on l’accuse du meurtre d’Adalgisa de Matteis, une ancienne maîtresse, associée dans ses affaires. Durant le long et pénible interrogatoire, Alfredo se remémore certains passages de sa vie où il eut un comportement peu reluisant…

Malgré une Palme d’or remportée en 1972 avec La Classe ouvrière va au paradis, le prix FIPRESCI et le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes en 1970, l’Oscar du meilleur film étranger la même année pour , et d’autres récompenses internationales, le réalisateur italien Elio Petri (1929-1982) semble avoir été oublié dans le paysage cinématographique, notamment dans son pays. Ce cinéaste brillant, autodidacte, engagé et passionné a d’abord fait ses classes en tant que scénariste avant de se tourner vers le documentaire dans les années 50, puis de se lancer dans la fiction en 1961 avec son premier long métrage L’Assassin, co-écrit avec Tonino Guerra.

D’emblée, Elio Petri critique ouvertement et de manière acerbe l’autorité de son pays à l’aube des années ‘60 en présentant une police très autoritaire, omnisciente, obéissant à un état démocrate chrétien désireux de contrôler les esprits et qui ne laisse pas la possibilité à un individu de se défendre. Il faut dire aussi que le cinéaste cible un personnage merveilleusement ambigu à qui Marcello Mastroianni prête toute son ironie mordante. La structure en flashback du film dresse un portrait acide et psychologique de cet homme accusé de meurtre en le présentant comme sans scrupule avec les femmes, dissimulant sa pauvreté intellectuelle et ses origines modestes sous des signes extérieurs de richesse, n’hésitant pas à escroquer ses clients et à renier sa mère. Avec la vie qu’il mène, il est déjà un assassin du point de vue de la morale rigoureuse prônée dans le pays.

Elio Petri n’est pas tendre envers l’Italie, asphyxiée par les rouages de la bureaucratie portant encore les stigmates du fascisme, et cet antiquaire romain peu scrupuleux qui souhaite jouir du boum économique italien envers et contre tous. Si le rythme se révèle inégal, notamment durant une deuxième partie longue, bavarde et parfois poussive, le propos n’a rien perdu de sa verve et de sa causticité. Marcello Mastroianni et Salvo Randone (acteur culte et fétiche du cinéaste, vu chez Rosi, Fellini, Zurlini et Montaldo) rivalisent de charisme, la photo brûlante de Carlo Di Palma est éblouissante et la mise en scène inventive de Petri étouffe progressivement et intelligemment les personnages jusqu’à la résolution finale. Tout en rendant un hommage appuyé aux romans et films noirs américains qu’il affectionnait tout particulièrement, Elio Petri entre dans la cour des grands en jouant avec les codes du genre pour livrer au final un thriller psychologique et politique qui sera sa marque de fabrique avec pour apothéose .

Présentation - 4,5 / 5

La jaquette reprend le visuel issu de l’affiche réalisée pour la ressortie de L’Assassin dans les salles françaises en 2012. Elle est glissée dans un boitier Blu-ray classique de couleur noire, lui-même recouvert d’un surétui. Le menu principal est fort élégant, animé et musical. N’oublions pas la sérigraphie soignée du disque.

Bonus - 3,0 / 5

L’historien du cinéma et spécialiste du cinéma italien Jean A. Gili avait déjà officié pour Carlotta sur les DVD d’Ferroviere (Le disque rouge), Il, Meurtre à l’italienne, Signore & signori (Ces messieurs dames), Bubu de Montparnasse, Liberté, mon amour !, Les Garcons, Vertiges et de Boccace 70. Dans le segment intitulé Coupable d’innocence (17’), notre interlocuteur présente rapidement le cinéaste Elio Petri tout en replaçant l’histoire de L’Assassin dans le contexte économique, social, politique et cinématographique de l’Italie du début des années 60. Jean A. Gili en vient ensuite aux thèmes explorés dans L’Assassin et se penche également sur la complexité du personnage principal interprété par Marcello Mastroianni. Enfin, les partis-pris stylistiques sont finement analysés à l’instar des différents cadres et de l’usage de la structure en flashback.

Nous retrouvons une fois de plus Jean A.Gili, cette fois accompagné de Paola Pegoraro Petri, épouse d’Elio Petri, racontant la production de L’Assassin, premier long métrage du réalisateur, de la genèse du projet à la confrontation avec la censure, en passant par la figure du policier sicilien incarné par Salvo Randone (16’). Ne manquez pas cette conversation passionnante et émouvante qui revient sur les grandes étapes de la carrière d’Elio Petri. Jean A. Gili, qui a visiblement bien connu le cinéaste, partage également ses souvenirs personnels.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce d’époque, celle de la ressortie 2012 et les credits du DVD.

Image - 4,5 / 5

La restauration numérique a été réalisée à partir du négatif caméra original auquel manquait deux bobines et d’un interpositif d’époque. Les deux éléments ont été scannés à une résolution de 2K et restaurés numériquement. L’étalonnage a été effectué d’après une copie appartenant à la Titanus (la plus ancienne maison cinématographique italienne) et conservée à la Cineteca di Bologna. Les travaux de restauration ont été réalisés en 2011 par le laboratoire L’Immagine Ritrovata de la Cinémathèque de Bologne. Si l’ouverture du film demeure marquée par quelques rayures verticales et autres petits accrocs, le nouveau master HD au format 1.85 respecté de L’Assassin se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans d’Elio Petri, la photo signée par le grand Carlo Di Palma retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé.

Son - 4,5 / 5

Comme pour l’image, le son a été restauré à partir du négatif original optique 35mm dont a été tiré un positif son de conservation numérisé et restauré numériquement. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien DTS-HD Master Audio 1.0. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, apparaissent en léger décalage avec le mouvement des lèvres. La composition jazzy de Piero Piccioni est joliment délivrée et berce délicieusement le film d’Elio Petri.

Crédits images : © Carlotta Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 7 novembre 2014
Pas de commentaire.
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Sabrina Piazzi
Le 29 mars 2013
Pas de commentaire.

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