Le Quattro volte (2010) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Michelangelo Frammartino
Avec Giuseppe Fuda, Bruno Timpano et Nazareno Timpano

Édité par Potemkine Films

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Le 26/02/2013
Critique

En Calabre la nature ne connait pas de hiérarchie. Tout être possède une âme. Pour s’en convaincre, il suffit de croiser le regard d’une bête, d’entendre le son de la charbonnière, qui est comme une voix, ou bien d’observer le flottement du sapin battu par le vent, qui appelle tout le monde à se grouper.

Venu de l’architecture, des arts plastiques et des installations vidéo, le réalisateur Michelangelo Frammartino a immédiatement affirmé sa singularité au sein de l’industrie cinématographique italienne avec Il Dono et Le Quattro Volte, deux fictions à la frontière du documentaire centrés sur des petites bourgades de la Calabre (située à la pointe de la botte de la péninsule italienne), quasi-désertées par ses habitants.

Sans dialogue, sans musique, Le Quattro Volte plonge le spectateur dans un monde figé entre deux époques, entre croyances modernes et archaïques. Les acteurs s’apparentent à des fantômes qui ne font que circuler entre le monde contemporain et les temps anciens marqués par de nombreux rites, à l’instar de la Pita, la fête du sapin, marquant la dernière partie du film et déjà filmée par Vittorio de Seta en 1959 à Alessandria del Carretto.

Si Le Quattro Volte met un peu de temps à titiller l’attention du spectateur, les images (superbes) et les cadres composés distillent progressivement un charme fou. En racontant le voyage d’une âme qui voyage de corps en corps (l’être humain, l’animal, le végétal, le minéral), Michelangelo Frammartino signe une oeuvre philosophique, poétique, hypnotique et sensorielle (la richesse acoustique est sensationnelle), qui n’est parfois pas sans rappeler Le Cheval de Turin de Bela Tarr, et qui laisse souvent pantois d’admiration.

Présentation - 4,0 / 5

Le disque est logé à l’intérieur d’un boîtier Blu-ray gris fumé. Un beau fourreau cartonné complète l’écrin. Le menu principal est joliment animé et bruité.

Bonus - 4,0 / 5

Le plus gros de cette interactivité se compose d’interviews des différents techniciens du film. Le réalisateur Michelangelo Frammartino (20’), le dresseur Gianluca Villa (7’), les ingénieurs du son Paolo Benvenuti et Simone Olivero (16’) interviennent chacun de leur côté sur la genèse des Quattro Volte, les partis-pris esthétiques, le montage, le tournage du long plan-séquence mettant le chien Vuk au centre de l’action (récompensé d’ailleurs par la Palme Dog à Cannes). Si les propos ne manquent évidemment pas d’intérêt, l’éditeur aurait gagné à couper quelques redondances.

Le cinéaste Michelangelo Frammartino est de retour pour commenter quelques séquences du film (20’), à l’instar des scènes montrant la chèvre sur la table, la meule à charbon, la fourmi sur le visage du berger. Notons que les ingénieurs du son préalablement cités sont également de retour et commentent également quelques extraits des Quattro Volte.

Le storyboard est également passé au peigne fin (8’) en compagnie de Michelangelo Frammartino, montrant que rien n’a été laissé au hasard. Divers dessins préparatoires sont également disponibles.

Le plan-séquence (un piano sequenza in italiano) central de 10 minutes des Quattro Volte est ensuite largement disséqué à travers un module de 19 minutes suivi de son animation préparatoire de 8 minutes. C’est ici la seule occasion de voir l’envers du décor avec chacun des membres de l’équipe technique qui se voit confier une tâche bien spécifique pour le bon déroulement des prises de vue. Le metteur en scène replace la scène dans son contexte et analyse une fois de plus les thèmes des Quattro Volte sans tomber dans la redondance avec ce qui a déjà été entendu. Cette séquence aura nécessité 30 personnes, 50 chèvres, 2 bergers, 100 figurants, 2 dresseurs, 1 chien, une semaine de répétition, une semaine de tournage et 16 prises. Ouf !

Enfin, nous trouvons un court-métrage intitulé La Pita (2007, 19’) présentant un rituel ancestral perpétué depuis le début du XXè siècle à Alessandria del Carretto (région Calabre en Italie) et célébré le 3 mai de chaque année. Ce documentaire de Pierluigi Laffi met en valeur chaque étape de cette fête locale où un sapin géant est coupé puis le tronc dressé au milieu du village. Chacun est alors libre d’y monter à la force des bras et des jambes pour aller y récolter quelques présents accrochés au sommet, sous les encouragements des autres habitants.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 4,0 / 5

Le Blu-ray est proposé dans un format 1080i. Cela est d’autant plus flagrant sur les séquences tournées en extérieur, plus particulièrement en forêt où le relief déçoit ainsi que la colorimétrie qui se révèle assez pâle. La photo sensiblement ouatée et plutôt bien restituée, la clarté est de mise et l’apport HD finalement probant sur les larges étendues de la Calabre. Cependant, le piqué n’est pas aussi pointu qu’espéré, même sur les plans plus rapprochés, la profondeur de champ manque d’envergure, des fourmillements s’invitent à la partie et un grain occasionnel reste constatable sur les éclairages tamisés ou les séquences sombres.

Son - 3,5 / 5

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 peine à créer une spatialisation, d’autant plus qu’aucune musique n’est disponible. Tout reste focalisé sur les enceintes frontales, qui distillent habilement des effets éloquents, à l’instar du charbon qui pétille et le tintement des clochettes des chèvres. De son côté, le subwoofer exsude ses basses avec économie mais avec ardeur, notamment lors du passage de l’âme d’un corps à l’autre.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm