Réalisé par Franck Khalfoun
Avec
Elijah Wood, Nora Arnezeder et America Olivo
Édité par Orange Studio
Frank suit des jeunes femmes, la nuit, dans le centre de Los Angeles : il se souviendra d’elles, après les avoir scalpées, en posant leur chevelure sur les mannequins qu’il restaure dans son magasin. Il attire l’attention d’Anna, une jeune photographe française, qui lui emprunte des mannequins pour compléter la décoration d’une exposition de ses oeuvres.
Maniac reprend, assez fidèlement, le scénario du Maniac réalisé par William Lustig en 1980. Ce remake a été coproduit par Thomas Langmann et Alexandre Aja, qui cosigne le scénario, réalisé par Franck Khalfoun. Qu’ajoute cette « French touch » à la flasher story bien connue des amateurs du genre ?
L’accent mis sur la relation entre le tueur en série et Anna (parée de la douce beauté de Nora Arnezeder) ainsi que le choix d’Elijah Wood pour incarner le personnage (à cent lieues du Hobbit du Seigneur des Anneaux mais moins monstrueux que le Frank de 1980 auquel Joe Spinell prêtait sa gueule) changent le regard sur le tueur, devenu plus équivoque, mi-ange, mi-démon, ce qui pousse même à espérer que la passion qu’il éprouve pour Anna pourrait guérir le traumatisme de sa petite enfance qui a fait de lui un dangereux assassin. Cet apport à l’original aurait été plus convaincant si le scénario avait réservé une dizaine de minutes supplémentaires à construire cette relation, un peu trop vite esquissée.
Une autre différence tient à l’écriture filmique : l’essentiel est vu par les yeux du tueur, par une caméra subjective plutôt bien contrôlée, les quelques mouvements erratiques révélant les crises de panique dont il souffre. Derrière la caméra, Maxime Alexandre, un autre Français (enfin presque : il est Belge), le chef op’ attitré d’Alexandre Aja depuis Haute tension, réalise une photographie souvent inspirée, notamment quand elle exploite l’image du tueur reflétée par un miroir ou une vitrine, qui paraît observer un étranger.
Une autre caractéristique du remake est sa cruauté, exposée avec un réalisme pointilleux. On est tout de suite dans le bain (de sang !) : un coup porté sous le menton de la première victime et la lame du poignard brille dans sa bouche entrouverte ! Le premier aperçu des talents d’un tueur polyvalent, capable de renouveler à chaque assassinat son mode opératoire. Seule constante : les scalps prélevés, pardon arrachés, remplissent toute la largeur du cinémascope, le bruitage ajoutant à l’horreur de l’image.
Le soin, assez remarquable, porté à la symbiose entre l’image et la musique de Robin Coudert, alias Rob (Belle épine, Populaire), sur synthés des années 80, nous est expliqué dans le documentaire sur les coulisses du tournage.
L’original tient encore sa place parmi les références des séries B (on accueillerait volontiers le Blu-ray, dont l’édition du 30e anniversaire n’a pas traversé l’Atlantique). Néanmoins, le remake mérite une place sur vos étagères.
Le Blu-ray a les honneurs d’un boîtier métallique SteelBook avec une belle sérigraphie en noir et blanc éclairée de deux taches rouges, celle du poignard ensanglanté dans la main droite du tueur et de la flaque de sang dégoulinant d’un scalp tenu dans sa main gauche.
Le menu animé offre de choix entre deux pistes audio DTS-HD MA 5.1, l’une pour la version originale, l’autre pour le doublage français (plus deux pistes DTS-HD 2.0). Sur la version originale, les sous-titres français sont imposés et pas toujours inspirés. À titre d’exemple, pour : « So where do you live Frank? Probably in a trendy loft », on nous gratifie de : « Où donc habites-tu Frank ? Sûrement dans un loft branchouille » !
En supplément, un documentaire sur le tournage d’une heure, divisé en sept chapitres, source d’informations intéressantes sur le remake des méfaits de Frank Zito (inspirés par ceux commis par le célèbre tueur en série américain Ted Bundy), sur les choix du casting, sur l’histoire d’amour sous-jacente à l’horreur. Les parties les plus intéressantes sont celles qui montrent, en détail, la réalisation des maquillages pour les scènes de scalp et, surtout, le tournage de quelques prises de vue en caméra subjective où le chef op’, caméra fixée sur le torse, filme ses propres mains (ou sont-ce celles du spectateur, donc les vôtres ?) en train d’étrangler ou de faire une coupe au rasoir… excessive ! En avant-première, le même filme des travellings avant debout sur un Segway « mains-libres » ! À noter un bug dans la prise de son qui rend inaudible pendant 10 secondes une interview, à 36’45”.
Ces suppléments (VOST) sont tous en haute définition (AVC et DTS-HD stéréo).
La première scène, filmée dans la rue, la nuit, donne un bon aperçu de la qualité de l’image (encodage AVC 1080p) : précise sur une grande profondeur de champ, bien contrastée, avec des noirs très denses.
Le son DTS-HD MA 5.1 est disponible dans les deux versions. Le son est dynamique, avec une bonne ouverture spectre et des rendus d’ambiance cohérents. Le doublage des dialogues en français est médiocre : par exemple, dans la scène commençant à 13’, la voix de la jeune femme est particulièrement irritante et les paroles parfois peu distinctes.
Crédits images : © Warner Bros