Réalisé par Jim Sheridan
Avec
Daniel Day-Lewis, Emma Thompson et Pete Postlethwaite
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
En 1975, Gerry Conlon, jeune délinquant originaire de Belfast, est arrêté par la police londonienne qui l’accuse d’être l’instigateur des attentats terroristes à Guildford pour le compte de l’IRA. Sous la pression des policiers, Gerry signe des aveux fabriqués de toutes pièces qui non seulement le mettent en cause mais également Pau Hill son ami d’enfance, un couple d’amis hippies, ainsi que plusieurs membres de sa famille dont son propre père.
Au nom du père est l’un des sommets de la carrière du cinéaste irlandais Jim Sheridan. En 1993, il retrouve Daniel Day-Lewis quatre ans après My Left Foot, qui avait valu au comédien son premier Oscar du meilleur acteur.
Toujours engagé et soucieux de la situation économique et sociale de son pays, Jim Sheridan s’inspire du procès à scandale des « Quatre de Guildford », quatre jeunes gens accusés et condamnés à tort (pour meurtre et conspiration) à la prison à vie par la cour d’assises d’Old Bailey à Londres en octobre 1974 au Royaume-Uni pour les attentats des pubs de Guildford. Ce crime commandité par l’Armée républicaine irlandaise avait fait cinq morts et près de cent blessés. En 1989, quinze ans après leur condamnation, les charges retenues contre les prisonniers sont annulées suite à une preuve irréfutable apportée par Gareth Peirce, l’avocate de la famille Conlon, jusqu’alors dissimulée par la police britannique. En février 2005, le Premier ministre Tony Blair a présenté des excuses publiques pour cette erreur judiciaire.
De cette histoire vraie, Jim Sheridan en a tiré un scénario implacable, un drame puissant, magnifiquement interprété par Daniel Day-Lewis (habité par son rôle), la grande Emma Thompson et l’inoubliable Pete Postlethwaite, doublé d’un bouleversant portrait père-fils et porté par une musique enivrante.
Critique violente du système judiciaire britannique qui voulait avant tout faire du chiffre et désigner des coupables afin de rassurer les concitoyens en usant pour cela de la torture physique et psychologique, Au nom du père emporte le spectateur dans une spirale infernale, éprouvante, dramatique pour ne plus le lâcher pendant plus de deux heures. Ours d’or au festival de Berlin en 1994.
La jaquette est glissée dans un boitier Blu-ray classique de couleur bleue. Un menu principal animé et musical accueille de manière classique et dynamique, à la manière de tous les Blu-ray Universal. Les suppléments semblent s’être perdus sur une route irlandaise…
Jusqu’à maintenant, Au nom du père n’était guère pris en compte par l’éditeur Universal dont l’édition DVD remonte déjà à 2003. Repris par Opening en 2010 dans une copie également décevante, Universal reprend les choses en main et livre enfin une édition HD digne de ce nom du film de Jim Sheridan.
Autant dire que nous ne sommes pas déçus ! D’emblée, la colorimétrie s’impose par sa vivacité, le relief des rues de Belfast est très appréciable et le piqué est souvent tranchant pour un film qui vient de fêter son vingtième anniversaire. Le grand chef-opérateur Peter Biziou (The Truman Show, La Vie de Brian) voit sa photo merveilleusement restituée et offre un lot de détails conséquents. Si la profondeur de champ n’est guère exploitée, certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise, les contrastes probants, la copie stable (merci au codec VC-1) et les noirs denses. N’oublions pas non plus la vertueuse propreté de la copie, débarrassée de toutes les scories perceptibles sur les anciennes éditions SD.
Penchons-nous tout d’abord sur la version originale proposée en DTS-HD Master Audio 5.1. Immersive dès la première séquence, cette piste offre de fabuleuses ambiances intimistes bien que les voix des comédiens auraient mérité d’être un poil plus ardentes sur la centrale. La superbe partition de Trevor Jones alliée à la voix aérienne de Bono est savamment spatialisée, sans oublier les effets latéraux souvent saisissants au moment des deux explosions. Les basses ne sont pas non plus oubliées et ponctuent de manière frappante la musique du film. Au nom du père contient un lot conséquent de séquences en intérieur où l’action est évidemment canalisée sur les frontales.
La piste française est encodée en DTS Surround 5.1 (comme pour les langues italienne, espagnole, allemande) de fort bon acabit. Cependant, bien que le niveau des dialogues demeure vif, l’aspect intimiste reste moins convaincant. La version anglaise s’impose également par une homogénéité plus évidente.