The Master (2012) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Paul Thomas Anderson
Avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman et Amy Adams

Édité par Metropolitan Film & Video

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Le 23/05/2013
Critique

Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd - « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe…

Quatre ans après There Will Be Blood, son plus grand succès international, le cinéaste Paul Thomas Anderson revient avec The Master, son sixième long métrage, une oeuvre inclassable qui malgré la défense du cinéaste semble s’inspirer de l’histoire du fondateur de la Scientologie L. Ron Hubbard et de la naissance de ce mouvement religieux.

Le Maître est incarné par l’intense Philip Seymour Hoffman qui signe sa cinquième collaboration avec le réalisateur de Magnolia. Dans The Master, il donne la réplique à l’immense Joaquin Phoenix, de retour après ses faux adieux cinématographiques pour le rap (ce serait trop long à vous expliquer si vous ne connaissez pas l’histoire), qui signe une extraordinaire performance. L’oeil torve, sourire en coin, émacié, dos voûté et démarche saccadée, Freddie est un ancien marine traumatisé par la guerre dont il est revenu alcoolique, incapable de maîtriser sa violence telle une grenade dégoupillée prête à exploser dans une Amérique elle-même en manque de repères. Sur le chemin qui s’ouvre devant lui, aucun horizon, jusqu’à ce qu’il rencontre le fameux Maître éponyme, charismatique, chaleureux, bienveillant, qui va le prendre sous son aile et celle de sa Cause, tel un père spirituel.

Récompensés tous les deux par le Prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2012, Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman sont également épaulés par Amy Adams, dont le personnage ambigu affirme son importance à mesure que les rapports mêlant fascination, répulsion, tendresse, amitié, violence et amour entre le maître et le disciple s’affirment. A l’aide de la magnifique photographie du chef opérateur Mihai Malaimare Jr. et de la musique enivrante de Jonny Greenwood (Radiohead), Paul Thomas Anderson, Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise, expérimente sur le cadre (virtuose), les sens, les angles et le son pour instaurer une véritable séance d’hypnose avec les spectateurs.

L’élégante texture consécutive à un tournage en 70 mm donne à l’image une patine duveteuse et aux couleurs une teinte renvoyant aux tâches du test de Rorschach, tout comme les décors nous renvoient à ceux dépeints dans les écrits de John Steinbeck. Ces partis-pris participent à l’immersion de l’audience dans un véritable trip sensitif auquel on adhère complètement (même si on est loin de tout comprendre, mais là n’est pas le but) ou pas du tout, pas de juste milieu. Dans les deux cas, tous s’accordent à dire que nous sommes en présence ici de deux des plus fascinants acteurs au monde, ni plus ni moins.

Présentation - 4,5 / 5

Le visuel de la jaquette diffère de celui de l’affiche française, mais se révèle fort élégant et mise cette fois entièrement sur le test de Rorschach d’où émerge les yeux du Master. Il en est de même pour le menu principal animé et musical. La tête des trois comédiens principaux orne la sérigraphie du Blu-ray. La jaquette omet de préciser la présence du supplément intitulé Spots caritatifs. Le boîtier classique est glissé dans un surétui cartonné.

Bonus - 4,0 / 5

En premier lieu, nous trouvons un superbe montage constitué de scènes ou morceaux de séquences coupées (22’). Autant dire que les images présentées ici complètent idéalement The Master puisqu’elles se révèlent tout aussi belles et soignées que celles conservées dans le montage final. Nous y voyons un prologue différent présentant Freddie sur son bateau en temps de guerre, une version rallongée de la femme de sable et du test de Rorschach, quelques discussions supplémentaires entre Freddie et Peggie sur l’origine du monde, un flirt de Freddie dans la baie de San Francisco, Freddie ratant le départ de son bateau, etc. L’ensemble se termine par une petite scène bêtisier amusante entre Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman.

Nous enchaînons ensuite avec un module intitulé « Coulisses du tournage » qui comme son titre l’indique montre plus les couloirs et l’arrière du plateau plutôt que des images du tournage proprement dites, le tout étant vraisemblablement filmé au moyen d’un téléphone portable. Ce document de huit minutes n’a pas vraiment d’intérêt (aucun entretien n’est proposé), si ce n’est les quelques photos de plateau qui émaillent ce petit documentaire. Décevant.

Sous le titre Spots caritatifs (15’, non mentionnés sur la jaquette) se dissimule en réalité un montage de bandes-annonces destinées aux avant-premières américaines de The Master, dont les recettes (10 $ la place pour une projection en 70mm) étaient ensuite reversées à la Film Foundation. Quoi qu’il en soit, ce supplément n’a également aucun intérêt puisqu’il reprend en gros quelques scènes issues des séquences coupées ou tirées directement du montage final.

L’éditeur a la bonne idée d’inclure Let There Be Light - Que la lumière soit, un film documentaire (58’) réalisé par John Huston en 1945, portant sur la thérapie d’une poignée de soldats revenus aux Etats-Unis traumatisés par la guerre. 20 % des soldats américains victimes des combats souffraient de troubles neuropsychologiques. L’hypnose et la narcoanalyse parvenaient alors à des résultats spectaculaires pour aider à lutter contre les névroses, angoisses et traumatismes. Ce film impressionnant commandé par le Gouvernement américain montre plusieurs dizaines de soldats dans leurs entretiens avec les psychiatres, sans trucage ni mise en scène (on reste néanmoins très perplexe là-dessus), dans un hôpital militaire. Sous hypnose, quelques-uns revivent l’événement responsable de leur catatonie. Le film de John Huston a été censuré pendant 35 ans et présenté au Festival de Cannes en 1981.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

Image - 5,0 / 5

Magnifique. The master HD (il fallait la trouver celle là) édité par Metropolitan ne cesse de subjuguer par tant de beauté. Tourné en 70 mm, le film de Paul Thomas Anderson bénéficie d’un traitement de faveur et la photo signée par le chef opérateur surdoué Mihai Malaimare Jr. (Tetro, L’Homme sans âge, Twixt) trouve en Blu-ray un écrin indispensable. Le grain y est savoureusement respecté, la luminosité des scènes diurnes brûlent littéralement les yeux, les contrastes affichent une rare densité et le piqué aussi aiguisé que la lame d’un scalpel rend compte des multiples détails des visages, taillé à la serpe pour Joaquin Phoenix, constellé de taches de rousseur pour Philip Seymour Hoffman.

Le relief des textures y est chronique (on croirait toucher le velours des costumes), la colorimétrie est riche et bigarrée avec de nombreuses teintes bleues (voir la mer d’encre), la profondeur de champ est abyssale (le désert à perte de vue à 1h48) tandis que les séquences sombres, de clairs-obscurs et nocturnes demeurent aussi précises que les scènes étincelantes tournées en plein jour. Du grand art.

Son - 4,5 / 5

Expérience cinématographique sensorielle et hypnotique, la palette d’émotions est aussi instaurée par le son dans The Master. Autant dire que les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français remplissent aisément leur contrat, même si la version originale l’emporte sur son homologue du point de vue homogénéité des dialogues, effets et musique (plus perçante en v.o.), ainsi que du point de vue spatialisation et ardeur. En anglais, l’immersion se fait plus palpable avec une intégration plus limpide des voix, tandis qu’en français les échanges des comédiens prennent souvent le dessus par rapport aux effets annexes. Dans les deux cas, le confort acoustique est largement assuré, la balance frontales-latérales demeure brillante et quelques basses se révèlent frappantes.

Crédits images : © Metropolitan Video

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Sabrina Piazzi
Le 23 mai 2013
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