Le Bal des vampires

Le Bal des vampires (1967) : le test complet du Blu-ray

The Fearless Vampire Killers

Ultimate Edition - Blu-ray + DVD - Édition limitée boîtier métal

Réalisé par Roman Polanski
Avec Jack MacGowran, Sharon Tate et Roman Polanski

Édité par Warner Bros. Entertainment France

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Le 23/01/2014
Critique

Persuadé que les vampires existent, le professeur Abronsius consacre tout son temps à la traque de cette espèce effrayante. Accompagné par son fidèle assistant, le jeune Alfred, ce scientifique farfelu parcourt la Transylvanie et finit par arriver dans un petit village qui semble être un nid de vampires. Dans la taverne, des gousses d’ail ornent les murs. Les habitants n’osent répondre à ses questions et semblent terrifiés par une étrange présence. Bientôt, la fille de l’aubergiste, Sarah, est enlevée par un vampire. Abronsius et Alfred, transi d’amour devant la belle jeune fille, partent à sa recherche. Elle est retenue au château du comte von Krolock. Mais leur étonnement est à son comble lorsqu’ils sont reçus avec amabilité dans la luxueuse demeure. Là, les vampires préparent leur bal annuel. Les deux compères ne sont pas au bout de leurs surprises…

Le Couteau dans l’eau, premier long-métrage réalisé par Roman Polanski (1962), a littéralement sonné le glas du cinéma polonais classique. Premier film - et le seul tourné dans la langue maternelle du cinéaste - à s’éloigner des contraintes du réalisme social liées à la politique du pays, cette oeuvre en apparence simpliste, subjugue dès sa sortie par son étonnante maîtrise technique. Le cinéaste enchaîne avec Répulsion, pierre angulaire de sa filmographie à venir, récompensé par l’Ours d’argent au festival de Berlin. Le metteur en scène y maintenait une tension permanente grâce à une mise en scène aussi virtuose qu’implacable, porté par la beauté froide et inquiétante de Catherine Deneuve qui venait d’exploser en France avec Les Parapluies de Cherbourg.

Après le succès de Répulsion, Roman Polanski est totalement libre de réaliser un projet qui lui tient à coeur, un film coécrit avec Gérard Brach qui reflète leurs goûts en matière de cinéma. Avec une liberté créatrice totale et une imagination débordante, Roman Polanski, littéralement galvanisé derrière sa caméra, signe son film le plus singulier, l’irracontable Cul-de-sac, qui reflète alors l’état d’esprit du metteur en scène, exalté et passionné, touchant à tous les genres, du film de gangsters des années 40 en passant par la comédie et même le fantastique. Dans Cul-de-sac, Roman Polanski privilégie l’atmosphère, le cadre, la photo, le baroque des personnages (magnifique Françoise Dorléac, survoltés Donald Pleasence et Lionel Stander), le non-sens. Roman Polanski obtient l’Ours d’Or au Festival de Berlin 1966 et le Prix de la critique italienne au Festival de Venise en 1966.

Jusqu’alors, Roman Polanski avait fait preuve de son aisance à filmer une action réduite et un lot restreint de personnages dans un décor exigu (un petit voilier, un appartement, un château abandonné), avec un sens réel du suspense. Avide des série B d’épouvante, qui comme beaucoup d’autres spectateurs le font plus rire que frissonner, Roman Polanski collabore à nouveau avec son scénariste Gérard Brach et planchent tous deux sur une comédie d’horreur, une parodie des films de la Hammer, un film de vampires à travers lequel le cinéaste souhaite rendre hommage aux comiques qui l’ont fait rire dans sa jeunesse, notamment le duo Laurel & Hardy. Pour cela, il demande au comédien Jack MacGowran, déjà présent dans Cul-de-sac, de tenir le rôle principal du Bal des vampires, celui du légèrement abruti Professeur Abronsius. Roman Polanski se réserve le rôle du disciple, jeune naïf embarqué malgré-lui dans cette aventure, qui sur le chemin va tomber amoureux d’une affriolante jeune rousse, et on le comprend puisqu’elle est interprétée par la sublime Sharon Tate. Ce quatrième long métrage est également le premier en couleurs du cinéaste polonais.

Non seulement Le Bal des vampires est une magnifique comédie burlesque renvoyant aux grands classiques du slapstick américain des années 1930, mais c’est aussi un véritable film de genre magistralement mis en scène, qui respecte la mythologie du vampire tout en la réinventant constamment, en détournant les codes et clichés du genre avec virtuosité. La photographie de Douglas Slocombe (la trilogie Indiana Jones) réalisée en Metrocolor est à se damner, la musique de Krzysztof Komeda (Le Couteau dans l’eau) envoûtante, les décors - dans les Dolomites italiennes pour les extérieurs - sont majestueux. Chaque séquence est un véritable tableau à part entière.

Le Bal des vampires n’a absolument pas pris de rides, demeure frais, divertissant, enjoué, furieusement poétique et ravit toujours autant les sens. On peut donc parler de chef-d’oeuvre.

Présentation - 4,0 / 5

Warner dégaine un énorme coffret Ultimate métallique, au superbe visuel, qui ne tient cependant nulle part. Dans ce coffret, réside un livret de 18 pages ainsi qu’un digibook en deux volets comprenant le Blu-ray et le DVD du film, ainsi qu’un magnet reprenant le visuel du coffret. Le menu principal du Blu-ray est animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

Pour cette édition, l’éditeur propose une excellente interview de Roman Polanski (25’) réalisée en septembre 2013 par Jérôme Wybon. Le réalisateur aborde la genèse du Bal des vampires, le casting, les conditions de tournage, l’importance du son, l’échec cuisant du film aux Etats-Unis à cause du montage repris par le producteur Martin Ransohoff, l’adaptation du film en comédie musicale (qui devrait arriver en France prochainement), le tout étant parsemé d’anecdotes (sa petite visite à Stanley Kubrick sur le plateau de 2001 qui se tournait à côté) et illustré par des photos de plateau.

Egalement au programme, un court entretien réalisé en 2013 à Varsovie avec le producteur polonais Gene Gutowski (7’), légèrement redondante avec ce qui a pu être entendu dans l’interview précédente.

Notons que le DVD comprend deux suppléments exclusifs : la bande-annonce et une featurette d’époque de 10 minutes (« Le b.a-ba des vampires »), vraiment très drôle, présentée par « le conseiller technique » sur le film, qui n’hésite pas à donner quelques avertissements aux spectateurs s’ils devaient se retrouver nez à nez avec un vampire, comme ne pas brandir une étoile de David sur un vampire arabe, « au risque de l’énerver ».

Image - 4,0 / 5

Depuis le temps que nous attendions Le Bal des vampires en Haute Définition, il faut dire que nous sommes un peu désappointés par le format de ce Blu-ray proposé en 1080i, malgré ce qu’indique le verso du coffret. Au début du tournage, pour des raisons de coûts de production, Roman Polanski ne bénéficiait pas de caméras Scope Panavision pour tourner les scènes en extérieur. Le cinéaste obtient ensuite gain de cause bien après le début des prises de vues en 1.85, mais ne peut retourner en cadre large les séquences déjà en boîte, faute de temps. Avec son chef opérateur, il décide alors de reprendre les images déjà filmées, de les centrer puis de les agrandir. C’est pour cette raison que le grain des scènes en extérieur est nettement plus appuyé puisque l’image a été gonflée.

Malgré tout, ce master HD propose la plus belle version à ce jour du chef-d’oeuvre de Roman Polanski. Les contrastes s’en trouvent nettement relevés, le piqué est agréable sur les scènes diurnes, le relief des matières est palpable, les décors enneigés bien détaillés, la clarté de mise, la propreté de la copie est indéniable et les couleurs baroques made in Metrocolor (pour une gamme chromatique violemment contrastée) toujours élégantes. En revanche, les visages demeurent un peu cireux, bien que nettement plus précis sur les gros plans, les séquences nocturnes sont sensiblement plus altérées, mais le codec AVC consolide l’ensemble avec brio et limite les fourmillements à l’arrière-plan.

Son - 3,5 / 5

Les versions française et originale sont présentées en DTS-HD Master Audio Mono. Honnêtement, l’élévation HD demeure anecdotique, car même si la piste anglaise se révèle plus dynamique, aérée, propre et équilibrée que la piste française, l’écoute demeure souvent confinée. La langue de Molière se révèle sourde, étouffée même, les dialogues paraissent souvent lointains et la musique n’a aucun peps. Heureusement, cela se rattrape sur la version originale donc avec une délivrance des dialogues nettement plus fluide et distincte, sans aucun souffle chronique, ni de craquements. Les effets sont plus notables, la musique ardente, bien que la saturation soit parfois limite. Signalons que le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le recours au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Warner Bros.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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jean-marc
Le 24 janvier 2014
1080i ? Je n'ai pas fait attention, mais c'est possible oui.
Le film reste tout de même un de ceux que je préfère parmi ma vidéothèque.
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Franck Brissard
Le 21 janvier 2014
Pas de commentaire.
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Josquin
Le 27 octobre 2005
le film culte de Roman Polanski.
Une comédie vampirique drôle à souhait. Un hommage au genre avec des paysages nocturnes enneigés superbes, une servante aux seins opulents, une rousse ingénue terriblement craquante. Hormis, ces détails sympathiques, le film ne manque pas de noirceur, toujours flirtant impeccablement avec l'amour, ce qui est rare de réussite.
Le concept historique transpire les Dracula sans jamais les singer, en proposant quelque chose de censé et divertissant.
Une merveille.

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