Syngué Sabour - Pierre de patience (2012) : le test complet du Blu-ray

The Patience Stone

Réalisé par Atiq Rahimi
Avec Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan et Hassina Burgan

Édité par Orange Studio

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Le 08/07/2013
Critique

Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l’autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l’amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes… Jusqu’à ses secrets inavouables. L’homme gisant devient alors, malgré lui, sa « syngué sabour », sa pierre de patience - cette pierre magique que l’on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances… Jusqu’à ce qu’elle éclate !

Lauréat du Prix Goncourt en 2008, l’écrivain Atiq Rahimi adapte lui-même son livre Syngué Sabour - Pierre de patience, aidé au scénario par l’immense Jean-Claude Carrière et interprété par la sublime Golshifteh Farahani. Atiq Rahimi n’en est pas à sa première expérience derrière la caméra puisqu’il avait déjà signé la transposition à l’écran de son premier roman Terre et Cendres en 2004 (Prix Regard vers l’avenir dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes) où il faisait déjà fait preuve d’une sensibilité égale à celle de ses écrits.

Dans la mythologie perse, la Syngué Sabour éponyme est une pierre dite magique à laquelle on peut confier ses secrets les plus intimes, ses malheurs, son désespoir. Par son caractère surnaturel, cette pierre est capable d’absorber ces confidences puis d’exploser en libérant la personne de ses maux.

Afin de retranscrire l’émotion de son roman, le réalisateur-écrivain a jeté son dévolu sur Golshifteh Farahani, actrice d’origine iranienne découverte en 2009 dans le remarquable À propos d’Elly d’Asghar Farhadi, Mensonges d’Etat de Ridley Scott, Poulet aux prunes de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud et Just Like a Woman de Rachid Bouchareb.

De tous les plans, la comédienne illumine le film par sa beauté, transperce le coeur par son immense sensibilité et désarçonne par l’ambiguïté de ses intonations et ses regards quand elle confie à son mari immobilisé et muet (qui devient sa Syngué Sabour), ses peurs, ses reproches, ses frustrations (y compris sexuelles), ses doutes quant à cette société entièrement régie par l’homme, réduisant la femme à un asservissement quotidien et violent.

Quasi-huis clos jamais étouffant, comprenant de belles idées de mise en scène, d’élégants mouvements de caméras et magnifiquement photographié par le chef opérateur Thierry Arbogast, Syngué Sabour - Pierre de patience rappelle parfois Cris et chuchotements d’Ingmar Bergman, mais en plus empathique.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est joliment animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

Nous vous conseillons de démarrer cette interactivité par l’interview du scénariste Jean-Claude Carrière (8’). Plus qu’un entretien, notre interlocuteur livre une formidable leçon de cinéma centrée sur la transposition d’un roman pour le grand écran. Comme il le résume lui-même « j’ai trahi le roman avec le consentement d’Atiq Rahimi ». En effet, comme il l’explique merveilleusement, pour adapter un roman au cinéma il est nécessaire de s’en éloigner, de prendre un nouveau courant tout en conservant l’âme du support original. Jean-Claude Carrière aborde ensuite la création des personnages auxquels le scénariste doit pouvoir s’identifier jusqu’au point où il leur prête un inconscient.

Certains propos de Jean-Claude Carrière sont repris à travers l’excellent making of (28’) du film, compilant de nombreuses images issues du tournage et les propos de l’équipe. Les comédiens, le metteur en scène, le chef-décorateur, le premier assistant-réalisateur, le chef opérateur, la costumière interviennent à tour de rôle afin de partager leur expérience sur le plateau. Nous y voyons également Atiq Rahimi à l’oeuvre avec ses acteurs, la mise en place des décors, le tournage au Maroc et en Afghanistan.

S’ensuit un remarquable entretien avec l’écrivain et réalisateur Atiq Rahimi (26’). En français, il aborde la genèse du livre Syngué Sabour - Pierre de patience, le fait divers à l’origine de cette histoire, le fait de se mettre dans la peau d’une femme. Surtout, notre interlocuteur se penche sur le travail solitaire de l’écriture, violent, douloureux. Enfin, Atiq Rahimi en vient à la transposition de son oeuvre à l’écran.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

Image - 4,0 / 5

A l’instar de Rubber de Quentin Dupieux et La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli, quelques séquences de Syngué Sabour - Pierre de patience ont été réalisées au moyen d’un appareil photo numérique, le Canon EOS 5D muni d’une fonction vidéo de très grande qualité. S’il n’y a rien à redire concernant la luminosité de ces séquences (la partie tournée en Afghanistan), la définition apparaît bien trop douce, le piqué émoussé et les détails manquent à l’appel. La colorimétrie est plutôt vive, le master très propre et les noirs joliment concis mais le cadre large n’offre aucune profondeur de champ et les séquences sombres demeurent quelque peu poreuses. Mais il ne s’agit que d’une petite partie du film car le reste du temps la définition est plus éclatante, la photo de Thierry Arbogast resplendit et les contrastes affichent une concision appréciable. Le Blu-ray est au format 1080p.

Son - 4,0 / 5

Seule la version originale est disponible. Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 restitue habilement les nombreux dialogues sur la centrale, même si nous vous conseillons d’augmenter un peu plus le volume que d’habitude afin d’en bénéficier pleinement. La balance frontale est joliment équilibrée, les latérales interviennent évidemment sur toutes les séquences en extérieur, tandis que le caisson de basses ne sert qu’à appuyer les quelques explosions et tirs en rafales. La spatialisation musicale est douce et le confort acoustique assuré. Il en est de même pour la piste Stéréo, de fort bon acabit, qui conviendra aisément à ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © Le Pacte

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm