Série noire (1978) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Alain Corneau
Avec Patrick Dewaere, Myriam Boyer et Marie Trintignant

Édité par Studiocanal

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Le 01/08/2013
Critique

Franck, représentant de commerce, traîne son existence minable dans la triste banlieue parisienne. Ce porte-à-porte laborieux fait bientôt la rencontre de Mona, une adolescente de 17 ans. Ils se découvrent alors un même but : fuir leur morne condition, quitte à employer les moyens les plus… expéditifs !

En dehors des mythiques Valseuses de Bertrand Blier et du chef-d’oeuvre Coup de tête de Jean-Jacques Annaud, le film qui vient instantanément à l’esprit quand on évoque Patrick Dewaere est Série noire d’Alain Corneau. Ce drame sombre teinté d’humour surréaliste et de personnages désaxés demeure toujours aussi singulier dans la production hexagonale de l’époque puisqu’il échappe aux étiquettes. Si Série noire devait faire partie d’un genre ce serait celui personnel de Jim Thompson puisque le film est adapté de son roman noir A Hell of a woman paru dans la collection Série noire (Éditions Gallimard) sous le titre Des cliques et des cloaques.

Avec une liberté créatrice sidérante, le jeu époustouflant de Patrick Dewaere, les dialogues sarcastiques signés George Perec (également coscénariste), le sens du cadre, de l’esthétique et de l’atmosphère d’Alain Corneau, Série noire prend progressivement le spectateur à la gorge en l’installant d’abord dans le quotidien maussade d’un pauvre VRP, marié à une femme au chômage (magnifique Myriam Boyer) et sous la coupe d’un patron ambigu (Bernard Blier), frappant de porte en porte dans la grisâtre et même sordide banlieue parisienne, qui va se retrouver malgré lui dans une spirale infernale allant jusqu’à tuer par amour pour une jeune adolescente entreprenante incarnée par Marie Trintignant alors âgée de 16 ans.

Série noire est un film magnifique, mais totalement désespérant, éreintant, pessimiste sur la nature humaine et les relations entre hommes et femmes. Après Police Python 357 et La Menace, Alain Corneau signe une fois de plus une référence du polar à la française, injustement boudée lors de la Cérémonie des Césars en 1979.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est élégant et animé sur des extraits du film.

Bonus - 4,0 / 5

A l’occasion de l’édition de Série noire en Haute-Définition, l’éditeur joint un indispensable documentaire rétrospectif de 50 minutes intitulé Série noire, les noirceurs de l’âme (2013), constitué d’entretiens avec la comédienne Myriam Boyer, le réalisateur Guillaume Nicloux, le comédien Jean-Hugues Anglade, Nadine Trintignant (cinéaste et écrivain), François Guérif (éditeur et critique de cinéma), le producteur Maurice Bernart, Christophe Carrière (journaliste et auteur de Patrick Dewaere, une vie), Laurent Ferrier (assistant-réalisateur), le monteur Thierry Derocles, la directrice de production Catherine Lapoujade et le chef opérateur Pierre-William Glenn. Chacun raconte l’histoire de Série noire, son tournage (à deux caméras), le casting, le travail d’Alain Corneau avec les acteurs, l’adaptation du roman Des cliques et des cloaques de Jim Thompson, la collaboration d’Alain Corneau avec l’écrivain Georges Perec (qui signe également les dialogues), et bien sûr l’interprétation hors normes de Patrick Dewaere.

L’éditeur reprend ensuite les suppléments de l’édition DVD parus en 2003.

C’est avec un grand pincement au coeur que nous revoyons l’entretien d’Alain Corneau et de Marie Trintignant (29’) réalisé en 2002. Dans ces interviews croisées, le réalisateur, toujours passionnant et enjoué, revient sur sa rencontre avec l’écrivain américain Jim Thompson qui a travaillé avec lui sur l’adaptation du roman 1275 âmes, qui finalement n’a pas pu se faire, mais dont le projet a ensuite été repris par Bertrand Tavernier qui est devenu Coup de Torchon. C’est alors qu’Alain Corneau jette son dévolu sur le roman A Hell of a woman paru dans la Série noire (Éditions Gallimard) sous le titre Des cliques et des cloaques. Dans un second temps, nos deux interlocuteurs s’expriment sur les thèmes de Série noire, les références américaines et françaises (Sidney Lumet, Martin Scorsese, Jacques Deray, Henri-Georges Clouzot), les partis pris esthétiques (Corneau avait d’abord voulu faire le film en N&B), le travail avec l’écrivain Georges Perec, sans oublier la préparation de Patrick Dewaere et la façon dont il travaillait avec les autres comédiens, en particulier avec Marie Trintignant. Ce segment se clôt sur l’évocation de la sortie du film suivie de sa sélection au Festival de Cannes en compétition officielle.

Nous trouvons également un précieux petit module de 6 minutes extrait de l’émission Ciné Regards (1979) qui dévoile quelques images de tournage, notamment l’une des séquences sur le terrain vague où Patrick Dewaere revoie son texte avec Marie Trintignant sous l’oeil attentif d’Alain Corneau, le tout agrémenté des propos de Georges Perec et du réalisateur.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce d’époque non restaurée.

Image - 4,5 / 5

Série noire fait peau neuve en Blu-ray et trouve ici un superbe écrin. La photo cendreuse, hivernale et morose de Pierre-William Glenn est impeccablement restituée avec son grain originel sans lissage excessif. L’ensemble retrouve une nouvelle fraîcheur, le piqué, les contrastes, le relief, les détails sont admirablement renforcés, tout comme la stabilité aidée par un codec AVC de haute volée. Certains plans qui posaient déjà de menus problèmes et se révélaient imprécis ne le sont pas moins ici et occasionnent toujours quelques flous occasionnels. Mais qu’importent ces pertes de la définition, nous nous trouvons ici en présence de la plus belle copie de Série noire à ce jour.

Son - 4,0 / 5

Point de remixage à l’horizon si ce n’est une piste DTS-HD Master Audio 2.0 de fort bon acabit, propre, suffisamment dynamique et délivrant les dialogues avec une belle fermeté. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 1 août 2013
Pas de commentaire.
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pascal
Le 26 octobre 2006
Ce beau film méritait une image irréprochable, ce qui est le cas pour cette édition. Mais le son est vraiment mauvais.

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