Le Facteur sonne toujours deux fois

Le Facteur sonne toujours deux fois (1981) : le test complet du Blu-ray

The Postman Always Rings Twice

Réalisé par Bob Rafelson
Avec Jack Nicholson, Jessica Lange et John Colicos

Édité par Warner Bros. Entertainment France

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Le 25/02/2014
Critique

Au début des années 1940, quelque part dans un coin perdu du Middle-West, le vagabond Frank Chambers rencontre, lors de ses pérégrinations, Nick Papadakis, qui tient un café au bord de la route. Quand il voit Cora, la très jolie femme de Nick, il accepte le travail qu’il lui propose. Il séduit Cora, ils deviennent amants et décident de s’enfuir. Cora réussit à convaincre Frank de se débarrasser du mari gênant…

Le roman policier de James M.Cain, Le Facteur sonne toujours deux fois (1934), a connu sa première transposition à l’écran en 1939 avec Michel Simon dans Le Dernier Tournant de Pierre Chenal. Bien que non mentionné au générique, Les Amants diaboliques de Luchino Visconti, le premier film du cinéaste italien, est également inspiré de l’oeuvre de James M.Cain. Mais l’adaptation la plus célèbre demeure celle de Tay Garnett, mise en scène en 1946 avec Lana Turner et John Garfield. Il faudra attendre 1981 pour que Le Facteur sonne toujours deux fois revienne sur les écrans.

Réalisateur du mythique 5 pièces faciles, Bob Rafelson et le scénariste David Mamet livrent une nouvelle adaptation du roman de James M.Cain, également auteur d’Assurance sur la mort auquel on pense souvent, et confient le premier rôle à Jack Nicholson, tout droit sorti du tournage éprouvant de Shining. Le comédien est un ami et un fidèle collaborateur du cinéaste puisqu’il avait signé en 1968 le scénario de Head, le premier film de Bob Rafelson. Les deux hommes se retrouveront encore en 1992 dans Man Trouble et en 1996 dans l’excellent Blood & Wine. Le rôle féminin est confié à Jessica Lange, découverte en 1976 dans la version de King Kong de John Guillermin.

Dans cette mouture, Bob Rafelson et David Mamet mettent l’accent sur l’érotisme et la passion charnelle voire animale qui lie Frank et Cora, avec un réalisme cru, à l’instar de la célèbre séquence du rapport sexuel sur la table débutant comme un viol. Si l’immense Jack Nicholson est comme d’habitude exceptionnel, c’est surtout Jessica Lange qui retient encore plus l’attention. Jamais, la comédienne n’a été aussi belle, sulfureuse, torride, sensuelle et désirable que dans Le Facteur sonne toujours deux fois, malgré le côté sombre et immoral de son personnage. Une femme fatale quoi ! Plus qu’un remake du film homonyme de 1946, cette relecture accentue l’obsession destructrice des deux amants destinés et condamnés à être ensemble, même si le sort n’a de cesse de s’acharner sur eux du début à la fin.

Dans la campagne sèche de la Californie de la Dépression, on suit le destin de ce couple qui s’enflamme et se consume. La photo du célèbre chef opérateur Sven Nykvist, fidèle collaborateur d’Ingmar Bergman (La Source, Les Communiants, Persona), est magnifique. Les personnages, complexes et divinement dépeints, déambulent dans des décors sombres, terreux et réalistes, mais l’aspect pourtant ouaté donne un accent chimérique aux desseins du couple adultère. Même si la deuxième partie, dès le procès, s’avère moins passionnante, grisante et marquante que la première heure, le film de Bob Rafelson demeure indispensable pour les amoureux de grand cinéma et surtout de film noir.

Présentation - 4,0 / 5

La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, est attractive. Dommage que le menu soit fixe et muet…

Bonus - 2,0 / 5

En plus de la bande-annonce d’époque, Warner propose d’écouter les commentaires du réalisateur Bob Rafelson, du scénariste David Mamet et du comédien Jack Nicholson, enregistrés séparément. Ces commentaires récents sont uniquement disponibles en version originale (sans sous-titres français) et sur certaines séquences spécifiques, soit 1h20 du film. La part belle est laissée à Bob Rafelson, l’ami Jack se montre un poil répétitif, tandis que David Mamet a l’air de s’endormir quelque peu, mais reste toujours intéressant.

Image - 4,5 / 5

L’élévation HD (1080p) magnifie les superbes partis pris esthétiques de la photographie signée Sven Nykvist, chef opérateur culte à qui l’on doit les images de La Source et Persona d’Ingmar Bergman ou L’Insoutenable légèreté de l’être de Philip Kaufman. La photo éthérée du Facteur sonne toujours deux fois baigne dans des teintes brunes, légèrement sépia, du plus bel effet. Le piqué dépend dont des volontés artistiques originales et s’avère plus incisif sur toutes les séquences tournées en extérieur. La copie est très propre, la restauration est superbe, aucune poussière n’est à signaler, les contrastes sont concis, les noirs souvent denses, les couleurs relevées. La gestion du grain est équilibrée mais tend à être plus appuyé sur les scènes sombres et nocturnes. Mais le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, les arrière-plans sont stables, la profondeur de champ est indéniable. Un très beau Blu-ray.

Son - 3,5 / 5

Ce n’est pas une surprise, seule la version originale bénéficie d’un écrin DTS-HD Master Audio 1.0, tandis que la piste française est livrée en Dolby Digital 1.0. En anglais, le mixage est très propre, dynamique, les voix et la belle composition de Michael Small (Portrait d’une enfant déchue, Marathon Man) sont restituées avec force, les ambiances annexes sont plus marquées et le confort acoustique est indéniable, à condition de monter suffisamment le volume. En revanche, la version française apparaît plus confinée, sourde et manque singulièrement d’ardeur.

Crédits images : © Warner Bros.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm