Contre-enquête (1990) : le test complet du Blu-ray

Q & A

Réalisé par Sidney Lumet
Avec Nick Nolte, Timothy Hutton et Armand Assante

Édité par Carlotta Films

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Le 17/07/2013
Critique

Mike Brennan est un flic reconnu et admiré par ses pairs. Une nuit, il abat de sang-froid le gangster Tony Vasquez. Plusieurs témoins confirment qu’il a agi en état de légitime défense. Pourtant, le substitut du procureur Al Reilly, chargé de confronter les témoignages et de rédiger le procès-verbal, ne tarde pas à avoir des doutes sur la véracité des faits…

Considéré comme étant l’un des derniers grands films du réalisateur mythique Sidney Lumet, Contre-enquête, adapté du roman d’Edwin Torres, synthétise autant qu’il clôt de façon magistrale tous les polars et thrillers du cinéaste.

Rétrospectivement, ce film policier réalisé en 1990 se présente comme étant le dernier volet d’une trilogie sur les forces de l’ordre new-yorkaises entamée en 1973 avec Serpico puis prolongée en 1981 avec Le Prince de New York. Chaque film étant bien inscrit dans son époque, ses moeurs, la politique du moment, ses espoirs et progressivement ses désillusions. Contre-enquête est un film profondément pessimiste. Sidney Lumet montre le monde policier rentrant directement en collision avec celui des gangsters, créant des liens étroits jusqu’à effacer petit à petit la frontière qui les sépare… jusqu’à la corruption. A ce stade, les forces juridiques, policières et politiques se trouvent gangrenées de l’intérieur et ne peuvent plus assurer la protection des concitoyens.

Dans Contre-enquête, le flic intègre et idéaliste impeccablement interprété par Timothy Hutton, entre détermination et fragilité à fleur de peau, voit ses convictions s’effacer devant la réalité des faits, les flics peuvent être aussi pourris que les criminels, les mafieux, les petites frappes locales qu’ils sont censés mettre sous les verrous à l’instar du personnage génialement interprété par Armand Assante, une vraie gueule de cinéma. L’armoire à glace Nick Nolte, profondément inquiétant, en impose facilement et se déchaîne dans l’un de ses plus grands rôles. Du point de vue technique, Sidney Lumet laisse libre cours à sa virtuosité légendaire. Ici, tout est classe même dans les ruelles glauques. Le montage, la photographie, le cadre, la direction d’acteurs, tout y est exemplaire, même si pour une fois quelques longueurs se font parfois ressentir.

Avec son sens du réalisme, le cinéaste filme le monde poisseux, violent, prostitué et cocaïné de la nuit et nous livre quelques dialogues fleuris caractéristiques de l’affrontement quotidien des communautés, y compris dans le milieu de la police. Autant dire qu’à travers ces insultes raciales, le racisme ordinaire et l’explosion du melting-pot américain (italiens, irlandais, portoricains) sont également au coeur de ce diamant noir à multiples facettes qu’est Contre-enquête.

Présentation - 4,5 / 5

La jaquette au visuel attractif est glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le tout est recouvert d’un surétui cartonné reprenant le même visuel. N’oublions pas le soin apporté au menu principal légèrement animé, bruité et musical.

Bonus - 3,5 / 5

En guise d’interactivité, nous ne trouvons qu’un entretien (27’) mais pas des moindres, indispensable et passionnant, par l’un des plus grands historiens et critiques cinématographique français, Jean-Baptiste Thoret. Spécialiste du cinéma américain et notamment du Nouvel Hollywood, notre interlocuteur replace Contre-enquête dans son contexte cinématographique, en croisant habilement le fond et la forme. Toujours aussi didactique, spontané et captivant, Jean-Baptiste Thoret évoque le roman de l’écrivain portorican mais également juge de la Cour Suprême de l’État de New York Edwin Torres, à qui l’on doit également Carlito’s Way, adapté au cinéma par Brian de Palma avec L’Impasse.

Notre interlocuteur insiste sur la fidélité avec laquelle Sidney Lumet a transposé ce roman, au point d’en reprendre parfois des répliques entières. Jean-Baptiste Thoret en tire les thèmes exposés dans le livre et par conséquent dans le film de Sidney Lumet, puis se penche un peu plus sur les différences entre la fin écrite par Edwin Torres puis celle filmée par le cinéaste. Enfin, Jean-Baptiste Thoret met en parallèle le premier long métrage de Sidney Lumet, 12 hommes en colère avec Contre-enquête en indiquant les thèmes récurrents, l’évolution du style du metteur en scène, mais aussi celle de son point de vue sur la justice.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits du Blu-ray.

Image - 4,0 / 5

Ce master HD de Contre-enquête présente une propreté quasi-irréprochable. Les partis-pris rappellent un peu ceux de The Offence, un autre chef d’oeuvre de Sidney Lumet. La copie est immaculée et quasiment dépourvue de déchets résiduels. Les gammes de gris-brun prédominent dans le film. Les décors dépouillés de couleur grise sont omniprésents (voir le commissariat) et les personnages se détachent sans mal devant des fonds unis, très froids, les gros plans étant bien restitués bien que manquant de détails. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt poreux et dénaturent quelque peu le piqué. Un léger grain cinéma est heureusement conservé donnant une texture non déplaisante à l’image. Les séquences se déroulant dans les bars éclairés aux néons sont particulièrement soignées, le codec AVC consolide l’ensemble avec brio et évite les fourmillements intempestifs. Voilà un nouvel écrin idéal pour redécouvrir ce grand film de Sidney Lumet.

Seule ombre au tableau, le format original 1.85 fait place à un nouveau cadre 1.77. Enfin, signalons que les échanges en espagnol sont sous-titrés en anglais sur l’image puis sous-titrés à nouveau en français.

Son - 3,5 / 5

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround distillent parfaitement la musique du film. La piste anglaise manque peut-être un brin de dynamisme mais se révèle nettement suffisante. Au jeu des différences, la version française (au doublage excellent avec Jacques Frantz qui prête son timbre inimitable à Nick Nolte) se focalise trop sur les dialogues au détriment des ambiances et effets annexes, mais le rendu musical est élevé. La piste originale s’accompagne d’un très léger bruit de fond, le niveau des dialogues est aléatoire, certains échanges sont un peu pincés et le mixage manque souvent d’harmonie.

Crédits images : © The Odyssey/Regency Company

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm