L'Emmerdeur (1973) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Édouard Molinaro
Avec Lino Ventura, Jacques Brel et Caroline Cellier

Édité par TF1 Studio

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Le 25/09/2013
Critique

Un tueur à gages sur un « contrat » se voit dans l’obligation de sauver la vie d’un commis voyageur aux tendances suicidaires. Rapidement, ce dernier devient très collant, empêchant le tueur dans sa mission.

Grand classique de la comédie française des années 1970 mis en scène par Edouard Molinaro, triomphe populaire de 1973 avec 3,3 millions d’entrées, L’Emmerdeur est une comédie culte écrite par Francis Veber d’après sa propre pièce de théâtre intitulée Le Contrat. On retrouve déjà dans ce film une mécanique parfaitement huilée et des dialogues savoureux. Misant sur un duo improbable, Lino Ventura en tueur à gages impitoyable face à Jacques Brel en petit représentant en chemises au bord du gouffre, Edouard Molinaro et Francis Veber enchainent les petites vignettes les unes à la suite des autres avec un sens indéniable du rythme et du gag qui fait mouche, tout en faisant oublier l’aspect théâtral de l’histoire en l’aérant aux moments opportuns.

Après avoir refusé le rôle principal du génial Il était une fois un flic de Georges Lautner (déjà écrit par Francis Veber), Lino Ventura trouve dans L’Emmerdeur un de ses rôles les plus « décalés » et se permet même de jouer certaines scènes de comédie burlesque, à l’instar de la mise sous tranquillisants. Dans le rôle désormais mythique de François Pignon, Jacques Brel est souvent bouleversant et repousse les limites de l’empathie.

Comme toujours dans l’écriture de Veber, les seconds rôles ne sont pas oubliés. Ainsi Caroline Cellier, Jean-Pierre Darras (le « neurologue de mes fesses »), Nino Castelnuovo et André Valardy apparaissent comme de merveilleux et indispensables électrons dans la galaxie véberienne.

Montage virtuose d’engrenages et de quiproquos, la structure de L’Emmerdeur aligne les scènes drôles comme des cases de bandes dessinées posées sur un fil conducteur, une catastrophe conduisant à une autre, pendant 1h20. C’est dire si le film passe à vitesse grand V, vieillit comme le bon vin et fonctionne encore à plein régime.

Notons que L’Emmerdeur a fait l’objet d’un remake par mister Billy Wilder en personne, Victor la gaffe (1981), plus connu sous son titre original Buddy Buddy, avec Walter Matthau dans le rôle du tueur et Jack Lemmon dans le rôle de l’emmerdeur. Quant à Francis Veber, il aura signé une nouvelle transposition de sa pièce en 2008 au théâtre puis au cinéma avec Patrick Timsit et Richard Berry, un échec retentissant.

Présentation - 3,5 / 5

Le menu principal est élégant, animé sur une des séquences cultes du film.

Bonus - 4,0 / 5

Cette édition reprend l’intégralité des suppléments disponibles sur l’édition collector 2 DVD de L’Emmerdeur éditée en 2005 :

Nous trouvons tout d’abord cinq longs et passionnants entretiens : Jean-Marie Poiré (13’) collaborateur d’Edouard Molinaro, Vincent Perrot (12’) animateur de radio, de télévision et grand cinéphile, le comédien Nino Castelnuovo (13’), le réalisateur Edouard Molinaro (19’) et France Brel (14’), fille de.

Chacun aborde la genèse de L’Emmerdeur, la mise en scène d’Edouard Molinaro, le scénario de Francis Veber, les partis pris et le casting du film. Jean-Marie Poiré s’attarde sur la confrontation des deux comédiens principaux, Vincent Perrot - en tant que fan incontesté du film - analyse pertinemment le fond et la forme de cette comédie qu’il aime tant. Nino Castelnuovo se souvient avec émotion de sa rencontre avec Jacques Brel et Lino Ventura tout en partageant quelques anecdotes de tournage très sympathiques et sa merveilleuse entente avec Edouard Molinaro. De son côté, ce dernier revient sur tous les aspects de son film devenu culte, les comédiens, sa très grande affection pour Jacques Brel qu’il considère comme étant la plus rencontre de sa carrière, le scénario de Francis Veber qu’il encense, bien qu’il avoue ne pas avoir aimé L’Emmerdeur à sa sortie, tout comme il avait détesté La Cage aux folles et Oscar.

France Brel dirige la Fondation Jacques Brel et continue de promouvoir avec passion et enthousiasme l’oeuvre de son père. Elle revient sur la venue au cinéma de Jacques Brel après l’annonce de sa retraite anticipée du monde de la chanson. Des Risques du métier d’André Cayatte (1967) en passant par La Bande à Bonnot de Philippe Fourastié (1968) et la rencontre en 1969 avec Edouard Molinaro pour Mon oncle Benjamin jusqu’à ses deux mises en scène (Franz et Le Far West) et L’Emmerdeur sa dernière apparition à l’écran, France Brel raconte son père avec émotion.

Nous retrouvons cette dernière dans le petit module intitulé Lettre de Edouard à Jacques (2’), durant lequel France Brel lit une lettre hommage écrite par Edouard Molinaro à l’occasion d’une exposition consacrée à Jacques Brel en 2003.

En plus de la bande-annonce originale indispensable puisque narrée par Claude Piéplu, l’éditeur joint également une analyse du film par Christian-Marc Bosséno, enseignant du cinéma à la Sorbonne, dictée par une voix-off sur un montage d’images tirées du film. Habituellement, ce genre de procédé est souvent rébarbatif, mais une fois n’est pas coutume cet exposé croisant intelligemment le fond avec la forme tient bien la route et se permet même un parallèle bien vu avec Tais-toi ! de Francis Veber qui peut se voir comme une suite à L’Emmerdeur.

Image - 3,5 / 5

Ce master HD semble tiré de la copie éditée en DVD en 2005. L’image est très propre, mais point de miracle concernant la photo peu reluisante de Raoul Coutard qui demeure peu avenante en Blu-ray, même en 1080p.

Il n’y a pas à dire, les papiers peints horribles des années 1970 restent affreux en Haute définition et les couleurs hétérogènes (voir les murs de l’hôtel) passent mal le cap du petit écran. La stabilité est de mise grâce à un codec AVC de bon aloi, la clarté semble légèrement appuyée, les contrastes ont été revus à la hausse. Cependant, le piqué est quelque peu émoussé à notre goût. Le grain est relativement bien géré et la texture plutôt agréable. Les flous occasionnels nous semblent d’origine.

Notons tout de même que les séquences tournées en extérieur sont celles qui profitent le plus de cette élévation HD… tout comme les improbables costumes rayés de certains protagonistes qui n’entrainent pas de moirages comme c’est si souvent le cas.

Son - 4,0 / 5

La piste mono a bénéficié d’une promotion DTS-HD Master Audio. Surprise, l’éditeur joint également un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 plutôt pas mal avec de bonnes ambiances « naturelles » sur les latérales sur les scènes en extérieur, ces enceintes qui distillent également de menus effets et sert joliment de chambre d’écho à la composition de Jacques Brel et François Rauber. Evidemment, les basses sont inexistantes, mais à titre de comparaison, les dialogues se révèlent plus ardents sur la 5.1 que la mono, par définition plus plate et moins immersive. N’hésitez tout de même pas à monter le volume !

Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © TF1 Vidéo

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
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Franck Brissard
Le 25 septembre 2013
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