L'Assassin habite... au 21 (1942) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Henri-Georges Clouzot
Avec Pierre Fresnay, Suzy Delair et Jean Tissier

Édité par Gaumont

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 17/09/2013
Critique

Un mystérieux assassin commet des meurtres en série et laisse sur ses cadavres sa carte de visite au nom de M. Durand. Le commissaire Wens trouve une piste qui le mène a Montmartre dans une pension de famille, les Mimosas. Il se déguise en pasteur et s’inscrit comme pensionnaire…

Après avoir réalisé un premier court-métrage en 1931, La Terreur des Batignolles, puis après avoir fait ses classes en tant que scénariste, notamment chez le cinéaste italien Carmine Gallone, Henri-Georges Clouzot met en scène son premier long métrage en 1942 en pleine Occupation, L’Assassin habite au 21.

Inspirée par le roman policier éponyme de Stanislas-André Steeman publié en 1939, l’oeuvre de Clouzot est un coup de maître. Véritable polar noir montrant quelques meurtres commis en vue subjective, mais aussi redoutable comédie portée par les immenses interprétations de Pierre Fresnay et Suzy Delair, tornades de charme, de gouaille et d’humour, L’Assassin habite au 21 annonce toutes les grandes oeuvres à venir du cinéaste qui allait être surnommé le Hitchcock français.

Réalisme de la violence, humour noir, atmosphère extérieure troublante voire ouatée reflétant la peur sous l’Occupation allemande, dialogues caustiques et même souvent vachards, élégance du cadre, seconds couteaux bien affûtés, photo N&B racée, décors froids. Le metteur en scène expérimente sur le montage cut afin de donner un rythme trépident à son histoire, les numéros de comédiens sont tous aussi formidables les uns que les autres.

Plus de 70 ans après sa sortie dans les salles, la modernité, la fluidité et l’apparente facilité de la narration demeure ahurissante. Avec L’Assassin habite au 21, Henri-Georges Clouzot entre par la très grande porte dans le monde du cinéma.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est élégant, légèrement animé et musical.

Bonus - 3,5 / 5

L’éditeur propose un documentaire rétrospectif, Signé Clouzot (39’) constitué des témoignages de Serge Bromberg (réalisateur du superbe documentaire L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot), Jean-Laurent Cochet (metteur en scène), Jean Cosmos (scénariste), Rosine Delamare (créatrice des costumes), Claude Gauteur (auteur de Clouzot critique), Josette Pieuchot (assistante scripte de Clouzot en 1956), Bernard Stora (cinéaste et assistant de Clouzot sur L’Enfer), Pascal Thomas (réalisateur) et Nicole Trabaud (amie de Suzy Delair).

Les propos de chacun des intervenants se croisent et se complètent parfaitement. Le portrait d’Henri-Georges Clouzot est dressé ici sans langue de bois, certains n’hésitant pas à parler de type odieux et profondément détestable, d’autres essayant de relativiser en disant que le cinéaste « était un homme inquiet, torturé, nerveux ». La grande Suzy Delair (âgée de 96 ans aujourd’hui) n’est évidemment pas oubliée, certains de ses amis lui rendant un grand et très bel hommage. La carrière de Clouzot et la production de L’Assassin habite au 21 sont largement abordées à travers ce module encore une fois indispensable.

Nous trouvons également un segment concis mais passionnant intitulé L’assassin restauré (8’), consacré à la renaissance de L’Assassin habite au 21 en Haute Définition. Ronald Boullet (Laboratoires Eclair) et André Labbouz (Gaumont) détaillent minutieusement chacune des étapes ayant conduit au nouveau master restauré du film de Clouzot. Nous apprenons par exemple que les Archives Françaises du Film, peu soucieuses de l’état de leurs trésors dans années 1970, n’hésitaient pas à poinçonner la pellicule originale afin de l’étudier l’état !

L’éradication des moisissures, l’équilibre des fondus enchaînés, la reconstruction,le nouvel étalonnage et l’harmonisation finale sont abordés avec concision.

Image - 4,5 / 5

Fort d’un master au format respecté et d’une compression AVC, ce Blu-ray en met souvent plein les yeux dès le générique d’ouverture. Bien que le négatif original ait été retrouvé dans un état de conservation assez critique et souffrait d’images manquantes - la restauration ayant nécessité six mois de travail - est étincelante, la stabilité de mise, les contrastes d’une densité impressionnante, les gris riches, les blancs lumineux. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes diurnes, le piqué, bien qu’aléatoire, demeure souvent tranchant et les détails étonnent par leur précision.

Toutefois, quelques flous sporadiques font parfois une apparition remarquée, quelques séquences paraissent plus douces et certains rechigneront sur le lissage du grain un brin excessif. Cela n’empêche pas de s’extasier devant la beauté de ce master HD !

Son - 4,0 / 5

L’éditeur est aux petits soins avec le film d’Henri-Georges Clouzot puisque la piste mono bénéficie d’un encodage en DTS HD-Master Audio. Si quelques saturations demeurent inévitables surtout quand Suzy Delair entonne quelques mélodies haut perchées, l’écoute se révèle fluide, limpide et surtout saisissante. Aucun craquement ou souffle intempestifs ne viennent perturber l’oreille des spectateurs, les dialogues sont clairs, même s’ils s’accompagnent d’un léger écho.

Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm