49e parallèle (1941) : le test complet du Blu-ray

1940. Après avoir torpillé un navire marchand anglais, un sous-marin allemand est coulé par la Canadian Royal Air Force dans la baie d’Hudson. Six officiers nazis ont trouvé refuge sur la côte canadienne peu avant l’attaque. Seuls et sans recours en territoire ennemi, ils projettent de franchir le 49e parallèle marquant la frontière avec les États-Unis encore neutres. S’ensuit alors un long périple meurtrier où certaines rencontres risquent d’ébranler les convictions les mieux ancrées…

49e parallèle est la troisième collaboration du duo mythique Michael Powell et Emeric Pressburger, auteurs des Chaussons rouges, Le Narcisse noir et Colonel Blimp. Cette oeuvre de propagande, commanditée en 1941 par le gouvernement britannique pour contribuer à l’effort de guerre et inciter les Etats-Unis à venir lutter contre les forces de l’Axe, dresse un remarquable et singulier portrait d’antihéros puisque l’histoire adopte le point de vue des ennemis, des allemands, en l’occurrence six officiers nazis qui se retrouvent sur le territoire adverse, au Canada, suite au torpillage de leur sous-marin dans la baie de l’Hudson.

L’intérêt du film repose sur cette ambiguïté : les protagonistes parviendront-ils à rejoindre leur camp sans se faire prendre ou même à passer la frontière - la seule au monde à ne pas être gardée indique un panneau en introduction - caractérisée par le 49e parallèle éponyme ?

Michael Powell et Emeric Pressburger se focalisent sur six personnages, six hommes, génialement dépeints, chacun ayant leur personnalité propre, sans jamais omettre la monstruosité qui les habite et leur idéologie malsaine, en particulier leur leader incarné par un Eric Portman pervers et fanatique à souhait. Les rencontres, y compris avec des exilés allemands qui refusent catégoriquement de s’allier aux nazis - prouvant ainsi qu’un allemand ne soutient pas forcément pour Hitler - et les scènes fortes s’enchaînent (celle dans communauté huttérite est incroyable), le trait n’est jamais exagéré et participe à une montée de tension jusqu’à la dernière scène abrupte et bourrée d’ironie.

Entre-temps, le lien n’aura de cesse de s’effilocher dans ce groupe. Si la première partie patine avec un Laurence Olivier irritant qui cabotine en franco-canadien à l’accent improbable, 49e parallèle prend son ampleur et révèle sa richesse thématique. Entre suspense, humour et une dimension documentaire exemplaire, l’oeuvre de Michael Powell, écrite par Emeric Pressburger et montée par un certain David Lean, remplit son cahier des charges du point de vue « commande », mais se voit littéralement transcendé par une esthétique irréprochable (les décors sont somptueux), un rythme soutenu, une mise en scène inventive, une direction d’acteurs irréprochable (fabuleux Leslie Howard), une approche romanesque, audacieuse et intelligente.

Considéré comme une oeuvre mineure, 49e parallèle est pourtant un grand film de guerre, mais également d’aventures et d’action, récompensé par l’Oscar du meilleur scénario en 1943.

La superbe jaquette est glissée dans un boîtier classique de couleur noire, lui-même recouvert d’un surétui. Le menu principal est fort élégant, fixe et musical. N’oublions pas la sérigraphie soignée du disque.

Outre la bande-annonce, une belle galerie de photos et les credits, nous trouvons un court-métrage de propagande destiné à soutenir l’effort de guerre, écrit, produit et réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger, intitulé The Volunteer (43’). À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, l’assistant maladroit et distrait d’un acteur de théâtre britannique s’engage au sein de la Fleet Air Arm, s’émancipe et devient un héros. Ce petit film alliant fiction et documentaire, drôle, excellemment interprété (Ralph Richardson, Pat McGrath) et documenté, émouvant, intelligent, attachant et très bien réalisé, a bénéficié du soutien de la Royal Navy. The Volunteer complète parfaitement 49e Parallèle, respecte habilement son cahier des charges sans trop en faire et avec humanisme.

Curieusement, aucune présentation ou analyse de 49e parallèle n’est proposée.

Cette édition restaurée en Haute définition de 49e parallèle contient encore un lot de points, griffures, poussières, fils en bord de cadre et rayures, surtout durant le générique en ouverture. Signalons que ces défauts tendent à s’amenuiser au fil du visionnage. Si le N&B retrouve une certaine fermeté, une clarté plaisante et une densité indéniable, le piqué et la gestion du grain restent aléatoires. Michael Powell use de certains stockshots qui n’ont évidemment pas été restaurés comme le reste du film et se voient donc comme le nez au milieu de la figure. Des fondus enchaînés décrochent, un bruit vidéo est notable mais aidé par un encodage solide, un effet de clignotement peut agacer, tandis que diverses séquences sortent du lot et se révèlent particulièrement belles - la superbe photo est signée Freddie Young (Lawrence d’Arabie, Le Docteur Jivago) - détaillées et dignes du support Blu-ray made in Carlotta. La copie est proposée dans son format 1.33 respecté.

La bande-son semble avoir été restaurée également car peu de craquements sont à déplorer. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur cette piste unique DTS-HD Master Audio Mono 1.0. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible, mais le confort acoustique est très appréciable.

Crédits images : © ITV Studios