La Marque des anges - Miserere (2013) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Sylvain White
Avec Gérard Depardieu, JoeyStarr et Héléna Noguerra

Édité par Pathé

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Le 14/03/2014
Critique

A Paris, Lionel Kasdan, commissaire de la BRI à la retraite, enquête sur un meurtre étrange : un chef de choeur a été retrouvé mort dans sa paroisse, les tympans détruits, sans qu’aucun témoin n’ait apparemment assisté à la scène. De son côté, Frank Salek, un agent d’Interpol menacé d’être mis à pied par ses supérieurs à cause de son comportement excessif, traque la piste d’une organisation secrète, spécialisée dans le kidnapping d’enfants.
Lorsque Salek apprend la mort du chef de choeur, il pense avoir établi un lien avec sa propre enquête et accepte de faire équipe avec Kasdan. Mais plus l’enquête avance, plus Salek semble perdre pied, comme rattrapé par un secret jusque-là enfoui. Dès lors, les deux hommes vont plonger dans une affaire qui trouve sa source dans les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale…

Si ses livres se vendent comme des petits pains à travers le monde, Jean-Christophe Grangé n’a jamais été vraiment gâté par les adaptations de ses romans au cinéma, à l’instar de L’Empire des loups de Chris Nahon (la pire transposition qui soit) et Le Concile de pierre de Guillaume Nicloux. Si les enquêtes ésotériques de Grangé se révèlent souvent passionnantes au coin du feu, il en est souvent autrement quand elles arrivent sur le grand écran, à part peut-être pour Les Rivières pourpres qui reste un petit miracle en la matière. Pourtant, cela ne décourage pas certains producteurs. La preuve avec l’adaptation de Miserere, septième roman de l’écrivain français publié chez Albin Michel en septembre 2008.

La tâche a été confiée à Sylvain White, réalisateur franco-américain inconnu dans nos contrées, qui a principalement fait sa carrière aux Etats-Unis avec entre autres un troisième et improbable volet de la saga Souviens-toi… l’été dernier. Pour sa première incursion dans le cinéma hexagonal (et dans la langue de Molière), le cinéaste dispose d’un budget confortable de 15 millions d’euros, de l’ogre Depardieu en tête d’affiche avec JoeyStarr qui porte pour la première fois un film sur ses épaules.

A première vue, le duo-vedette peut d’abord laisser perplexe, mais il faut bien admettre que l’alchimie prend rapidement. Gégé semble prendre beaucoup de plaisir à donner la réplique à monsieur Morville, qui s’avère - contre toute attente - crédible, bien dirigé et convaincant dans les scènes d’action. Certes, l’ami Didier reste limité dans ses expressions, mais son partenaire lui renvoie la balle comme il le faut et parvient à le canaliser.

Autre point fort, les personnages secondaires sont campés par de solides comédiens, Thierry Lhermitte, Helena Noguerra, Marthe Keller, Corinne Masiero, qui apportent chacun leur pierre à l’édifice. Les amateurs de l’univers de Grangé ne seront pas dépaysés avec ces deux enquêtes menées en parallèle par deux flics, qui vont finir par se télescoper et finir par unir leurs forces et leurs méthodes d’investigation. Les obsessions et thèmes récurrents de l’écrivain sont de retour, enlèvement d’enfants, secte néonazie (inspirée de la Colonia Dignidad au Chili), expériences sur les corps, monstruosité de l’âme humaine, traumatisme prépubère.

Dommage que l’intérêt s’émousse au fil de l’intrigue et que le réalisateur ne peut s’empêcher quelques effets clipesques et de parasiter son montage, pourtant bien fichu, de quelques tics dispensables et éculés. La Marque des anges part bien, très bien même, et l’on se prend à espérer être enfin devant une transposition - très fidèle malgré quelques changements inévitables - de Grangé enfin potable à l’écran. Malheureusement, il semble y avoir une malédiction car l’histoire part dans tous les sens à mi-parcours et le pilotage automatique est enclenché jusqu’au dénouement particulièrement raté. Nous retiendrons tout de même le soin apporté à l’image, à la solide direction d’acteurs, aux scènes d’action lisibles, aux décors recherchés et au portrait attachant dressé de ces deux écorchés vifs, qui n’ont plus rien à perdre et qui sont bien décidés à aller jusqu’au bout de leur investigation.

Présentation - 4,5 / 5

La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est très beau, animé sur le Miserere d’Allegri.

Bonus - 3,5 / 5

Pathé livre un making of banal (22’), qui remplit honnêtement son cahier des charges. L’adaptation, les lieux de tournage, les thèmes, le casting sont abordés à travers ce documentaire. La parole est surtout donnée au réalisateur Sylvain White, qui indique à plusieurs reprises qu’il a fait carrière aux States, au chef opérateur Denis Rouden, à l’un des producteurs et à JoeyStarr. Comme tout bon making of qui se respecte, de nombreuses images issues du tournage et du plateau viennent illustrer l’ensemble de ces propos.

En plus de la bande-annonce, nous trouvons un documentaire choc sur la Colonia Dignidad (52’), qui a inspiré Jean-Christophe Grangé pour Miserere et qui nous plonge au coeur de l’enquête, sur les traces d’une secte fondée en 1961 par Paul Schäfer (mort en 2010), un ancien dignitaire nazi, fondateur au Chili de cette « structure agricole » sectaire et recluse, en réalité un véritable camp de concentration composé principalement d’expatriés allemands qu’il dirigeait et au sein de laquelle il commettait de nombreux sévices sexuels contre des enfants. En outre la colonie servait pendant la dictature Pinochet à détenir et torturer des personnes arrêtées par la DINA, la police politique du régime.

Réalisé en 2006 par José Maldavsky, ce film composé de nombreux entretiens et témoignages qui font froid dans le dos (avocats des victimes pédophiles, des droits de l’homme, ex-colons enfuis ou toujours présents à l’époque du documentaire, essayistes, anciens prisonniers politiques) est déconseillé aux âmes sensibles, surtout quand les anciens pensionnaires et victimes évoquent leurs tortures. Secte reconnue comme l’une des plus dangereuses au monde, multinationale dont le chiffre d’affaires s’élève aujourd’hui à plus de 100 millions de dollars, dernier bastion nazi et cellule de lutte et de déstabilisation politique, la Colonia Dignidad, rebaptisée en 2007 Villa Baviera, s’est depuis… ouverte au tourisme.

Image - 4,5 / 5

Les partis pris esthétiques sont respectés avec un léger grain cinéma conservé - issu du tournage avec la caméra numérique Arri Alexa Studio - qui confère à l’image une agréable texture, une gestion des contrastes (tranchants) fabuleuse, et des séquences sombres aussi soignées. Cependant, le piqué n’est peut-être pas aussi ciselé qu’espéré en raison d’un codec VC-1 (Pathé persévère) solide mais qui a parfois du mal à consolider les séquences les plus agitées du film de Sylvain White.

Cela n’empêche pas que la photo du chef opérateur Denis Rouden (Zulu, Largo Winch, 36 Quai des Orfèvres) d’être habilement retranscrite avec un beau lot de détails sur les séquences diurnes, aux quatre coins du cadre large. Ces dernières sont d’ailleurs lumineuses, la profondeur appréciable, la colorimétrie beaucoup plus vive, souvent chatoyante (avec un usage de filtres à l’étalonnage) ou froide (dans l’église), et le relief y est palpable. N’oublions pas la densité des noirs et la clarté des blancs brûlés ! Au final, en dehors de quelques petites saccades sur les mouvements rapides et divers plans trop surexposés, Pathé nous livre un remarquable master HD de La Marque des anges - Miserere.

Son - 4,5 / 5

Le film profite à fond de l’apport HD pour en mettre plein les oreilles grâce à une piste DTS-HD Master Audio 5.1 spectaculaire. Le score très présent de Max Richter (Valse avec Bachir, Perfect Sense) est délivré par l’ensemble des enceintes, les basses sont sollicitées dès la première séquence du film, tout comme les latérales qui créent un environnement acoustique percutant. Les dialogues sont dynamiques et solidement délivrés par la centrale, jamais noyées par les nombreux effets sonores (les balles qui fusent de partout) et la musique.

Que ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière se rassurent, le spectacle est largement assuré grâce à la piste DTS-HD Master Audio 2.0. L’éditeur joint également une piste Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Cadillacman
Le 20 octobre 2019
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Baptiste
Le 17 mars 2016
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Franck Brissard
Le 10 mars 2014
Pas de commentaire.

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