Les Risques du métier (1967) : le test complet du Blu-ray

Édition 35ème Anniversaire

Réalisé par André Cayatte
Avec Jacques Brel, Emmanuelle Riva et René Dary

Édité par Gaumont

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Le 29/10/2013
Critique

Dans un petit village normand, un instituteur est accusé d’outrage aux moeurs par trois élèves de sa classe. Malgré ses dénégations, il est arrêté et incarcéré. Convaincue de son innocence, sa femme met tout en oeuvre pour lui venir en aide en affrontant ses élèves et une partie du village qui commence à douter.

En 1966, à la stupéfaction générale, Jacques Brel décide d’abandonner la chanson et la scène. Après son dernier tour de chant, ses adieux à l’Olympia en octobre 1966 et son ultime récital à Roubaix en mai 1967, Jacques Brel est rapidement courtisé par le milieu du cinéma. C’est le réalisateur André Cayatte, auteur d’immenses succès populaires et critiques comme Le Passage du Rhin, Nous sommes tous des assassins, Le Miroir à deux faces, qui lui offre son premier rôle au cinéma. C’est une véritable révélation.

Instinctif, à fleur de peau, Jacques Brel impose d’emblée un immense talent de comédien. Dans Les Risques du métier, il incarne avec une stupéfiante authenticité un instituteur d’un petit village accusé du viol de l’une de ses élèves. Alors qu’il clame son innocence, d’autres accusations l’accablent. Ce sujet choc et rare dans le panorama cinématographique français de l’époque est magistralement traité par André Cayatte qui happe l’attention du spectateur dès le remarquable plan-séquence qui ouvre le film, celui montrant la jeune fille courant de l’école jusqu’à la maison de ses parents, en pleurs, sous l’oeil interloqué des passants.

Avec un découpage au cordeau, l’accusation en entraîne une autre, la rumeur court, l’homme est désigné coupable sur la parole d’une enfant. L’instituteur voit alors le monde s’écrouler autour de lui, personne ne met en doute les paroles sacrées de son élève. Tout semble perdu, mais sa femme incarnée par Emmanuelle Riva va mener l’enquête de son côté. Ancien avocat au Barreau de Toulouse, André Cayatte met en relief l’hypocrisie d’une petite bourgade bien propre sur elle, mais aussi et surtout les failles de la justice française en adaptant le livre éponyme de Simone et Jean Cornec, avocats, ardents défenseurs de la présomption d’innocence.

Les Risques du métier est un immense succès avec plus de 3,5 millions d’entrées. Drame à suspense, cette oeuvre toujours aussi brûlante d’actualité et intensément interprétée - y compris par des jeunes comédiennes incroyables - a le mérite de passer les années sans tracas. Le cinéma d’André Cayatte, souvent pillé et jamais mentionné à l’instar de La Chasse de Thomas Vinterberg, est à réhabiliter de toute urgence.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est étonnamment fixe, muet et peu recherché.

Bonus - 4,0 / 5

André Cayatte : la justice dans l’angle mort (31’) : Ce documentaire rétrospectif signé Pierre-Henri Gibert croise les témoignages des comédiennes Nadine Alari (Mme Arnaud), Delphine Desyeux (Catherine), Nathalie Nell (Hélène), Ulli Pickardt (directeur de production), Emmanuelle Riva (par téléphone interposé) et Jean Valère (assistant d’André Cayatte). Comme c’est habituellement le cas avec ce genre de module, les anecdotes liées au tournage se succèdent avec un réel plaisir. Les comédiennes évoquent leur collaboration avec André Cayatte et Jacques Brel, le directeur de production parlant quant à lui du travail avec le cinéaste, ancien avocat au Barreau de Toulouse, qui s’est très souvent penché sur des sujets tournant autour de la justice française et de ses failles. Le sujet du film est posément et délicatement abordé, un portrait dense et sincère d’André Cayatte se dessine tout du long.

Les risques du métier… du livre à l’écran (12’) : Gaumont joint ce segment d’archives réalisé en 1967, à travers lequel nous découvrons l’histoire du film racontée par Simone et Jean Cornec, avocats, ardents défenseurs de la présomption d’innocence, auteurs du livre dont est adapté le film et qui ne devait à l’origine servir que le personnel affilié à la justice. André Cayatte et Jacques Brel apparaissent également dans ce documentaire, chacun s’exprimant sur l’histoire et le sujet abordé dans Les Risques du métier. Le comédien répond aux questions d’un journaliste, avide d’apprendre comme s’est passée la transition entre le monde de la chanson à celui du cinéma, ce à quoi Brel répond un modeste « j’en sais rien, j’y connais rien au monde du cinéma, j’ai fait ce que j’ai pu, du mieux possible ». De son côté, André Cayatte est dithyrambique sur Brel, lui promet une grande carrière en tant que comédien et même en tant que metteur en scène.

Image - 4,0 / 5

Le master HD des Risques du métier n’est pas exempt de défauts, mais se révèle globalement satisfaisant. A l’instar des autres titres de la collection Gaumont Classiques, cette copie bénéficie d’un traitement de faveur concernant la restauration et aucune scorie n’est à signaler. Soutenue par une solide compression AVC, l’image affiche une belle stabilité mais c’est au niveau des contrastes que cela gène légèrement. Heureusement, la colorimétrie est riche, comme l’atteste le bleu étincelant des yeux des jeunes comédiennes. Le grain cinéma a certes été atténué mais demeure palpable, quelques flous sporadiques sont à noter, l’étalonnage tend à varier au cours d’une même séquence et les visages demeurent blanchâtres voire cireux. Ce sont finalement les séquences diurnes qui s’en tirent le mieux avec une clarté indéniable, des teintes plus variées et un piqué nettement plus ciselé. La profondeur de champ y est tout aussi nette, tout comme la photo pastelle de Christian Matras (La Grande illusion), habilement restituée.

Son - 4,0 / 5

Ce mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique probant et solide. Quelques dialogues paraissent étouffés, d’autres sont au contraire délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise et les silences sont denses. Notons toutefois que certains échanges semblent avoir été repris en postsynchronisation et qu’un sensible décrochage se fait ressentir avec le son direct, parfois au cours d’un échange.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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JCL83
Le 12 janvier 2014
Premier film de J Brel aux sujets et traitement très intéressants aussi bien en 1966 qu'aujourd'hui....
Si en 50 ans la société a incroyablement changé il est terrifiant de regarder ce film et de s’imaginer dans cette situation à cette époque et encore plus terrifiant de s’imaginer la vivre aujourd’hui…..on est forcement partager entre l’idée d’être innocent et accusé de la sorte ou être parent et avoir un enfant victime…l’horreur dans les deux cas….
Pour une première interprétation, Jacques Brel est simplement étonnant dans un rôle pas facile à tenir….

D’un point de vue technique c’est du tout bon, Gaumont nous gratifie d’une belle édition et d’un travail de qualité…
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Franck Brissard
Le 29 octobre 2013
Pas de commentaire.

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