Jeune & Jolie (2013) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par François Ozon
Avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas et Frédéric Pierrot

Édité par France.TV Distribution

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Le 08/01/2014
Critique

Isabelle, lycéenne de 17 ans, mène une double vie. Après les cours, secrètement, elle se prostitue sous le nom de Léa, auprès de clients rencontrés sur Internet. Mais un événement tragique va faire éclater son secret au grand jour.

L’éclectique, prolifique et inclassable François Ozon est de retour avec Jeune & Jolie. Dans cette oeuvre dense, ambiguë, complexe, provocante et déstabilisante, quatorzième film du cinéaste en 15 ans, François Ozon aborde à nouveau le thème de l’adolescence (comme dans Gouttes d’eau sur pierres brûlantes et Les Amants criminels), cette fois à travers le portrait sombre d’une jeune de 17 ans, en quatre saisons, chacune ponctuée par une chanson de Françoise Hardy, qui se prostitue volontairement dans les hôtels de luxe une fois sortie du lycée.

Quelle en est la raison ? Une rébellion contre une mère trop propre sur elle ? Recherche-t-elle un père (absent) de substitution quand elle multiplie les rendez-vous avec un homme d’âge mûr ? Cherche-t-elle son désir - ou sa propre identité - en répondant à celui des autres ? Souhaite-t-elle oublier un dépucelage catastrophique durant lequel elle n’a rien ressenti ? Même Isabelle ne semble pas savoir pourquoi. Est-ce que la prostitution est l’ultime libération de la femme qui prend possession de son corps, y compris du droit de le vendre ? Ou bien est-ce une soumission intolérable ? Sans aucun jugement moral, le réalisateur nous fait réfléchir sur la prostitution, même si ce n’est pas le sujet du film.

Le réalisateur pose un regard inédit et stupéfiant sur le mal-être adolescent, sur le désir de transgression durant ce passage délicat entre l’enfance et l’âge adulte. Outre la toujours magnifique partition de Philippe Rombi, la photo de Pascal Martis qui reflète les changements de saison et le jeu impeccable des comédiens (Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot), Jeune & Jolie révèle aussi et surtout un visage, celui magnétique et troublant de Marine Vacth, découverte dans Ma part du gâteau de Cédric Klapisch, qui crève littéralement l’écran. Plus qu’Adèle Exarchopoulos dans La Vie d’Adèle, Marine Vacth est LA jeune révélation du cinéma français en 2013.

Du point de vue formel, le réalisateur a acquis une indiscutable maturité. Sa mise en scène est pure, élégante, délicate, caressante, surtout quand elle épouse la beauté, la démarche, la grâce, la fragilité, le regard mélancolique et triste de la comédienne principale dont la fascination se ressent à chaque plan. Les silences priment dans Jeune & Jolie, là où Dans la maison reposait en grande partie sur les dialogues. Comme dans ses drames précédents, François Ozon laisse quelques soupapes d’humour pour permettre aux spectateurs de respirer. C’est le cas dans quelques scènes confrontant Isabelle avec sa famille. Si certaines séquences demeurent difficiles, surtout celles (superbes) entre Géraldine Pailhas et Marine Vacth, d’autres font preuve d’un humour pince-sans-rire plutôt inattendu.

Vertigineux, classe, intelligent et virtuose, Jeune & Jolie est un film coup de poing, percutant, dérangeant, en un mot, capital.

Présentation - 3,5 / 5

France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 3,5 / 5

Contrairement aux autres éditions DVD et Blu-ray des films de François Ozon, nous ne trouvons aucun making of à se mettre sous la dent. Dommage, nous aurions bien aimé voir le cinéaste à l’oeuvre avec sa jeune comédienne. Malgré tout, l’éditeur livre quelques suppléments aussi intéressants qu’indispensables.

On commence donc par trois entretiens enregistrés lors de la présentation de Jeune & Jolie au Festival de Cannes en 2013. François Ozon (12’), Marine Vacth (5’) et Géraldine Pailhas (8’) reviennent sur la genèse de Jeune & Jolie, les thèmes du film, les partis pris narratifs et formels, le travail de recherche sur la prostitution, le casting, la préparation avant le tournage, l’usage des chansons de Françoise Hardy, l’évolution du personnage principal.

S’ensuivent six scènes coupées plus une fin alternative (7’). Le matériel rejeté par François Ozon demeure tout le temps intéressant, même quand ces séquences montrent simplement la famille en train de prendre le petit déjeuner. La fin alternative ramenait Isabelle sur la plage l’été suivant avec ses parents. Alors que sa famille part se baigner, Isabelle marche le long de la mer vers la caméra, tandis que la sublime chanson Je suis moi de Françoise Hardy commence à retentir et que le soleil décline à l’horizon.

L’éditeur joint également un superbe montage compilant les images des essais costumes et lumières (4’), un autre montrant la présentation de Jeune & Jolie à Cannes (2’), une galerie de projets d’affiches (2’), ainsi que la bande-annonce.

Image - 4,5 / 5

Quelques petites pertes de la définition et un piqué manquant parfois de mordant nous empêchent d’attribuer la note maximale à cette édition HD. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie à la fois chatoyante (les scènes de plage) et glacée (les séquences dans les hôtels) avec une dominante bleue, couleur toujours très présente chez François Ozon. Les contrastes sont denses et élégants, la gestion solide, le relief palpable, les détails précis sur les gros plans (voir les taches de rousseur de Marine Vacht) et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Pascal Martis (L’Ennui, Roberto Succo) qui caractérisent chaque saison, trouvent en Blu-ray (au format 1080p, AVC), un magnifique écrin.

Son - 4,5 / 5

Un des éléments que l’on retient de Jeune & Jolie après la projection, c’est la superbe musique de Philippe Rombi, fidèle collaborateur de François Ozon, qui signe ici une de ses plus belles partitions et arrache de nombreux frissons. Autant dire que nous ne sommes pas déçus par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui crée une spatialisation en adéquation avec le sujet du film, même si la musique est sans doute moins présente que dans les précédents films du cinéaste. Les dialogues ne sont jamais noyés par les ambiances et les effets annexes, la balance frontale est riche et les latérales ne sont pas en reste.

L’éditeur joint également une piste en Audiodescription ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Distribution

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm