Dark Star (1974) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector

Réalisé par John Carpenter
Avec Brian Narelle, Cal Kuniholm et Dre Pahich

Édité par Carlotta Films

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Le 06/02/2014
Critique

Dans le futur, le vaisseau éclaireur Dark Star a pour mission de faire le tri entre les planètes habitables et celles instables, dont l’orbite risque de dévier et de déclencher des supernovas. Depuis vingt ans que l’équipage exerce cette activité, l’ennui est le seul maître à bord. Mais lorsque le vaisseau se trouve confronté à un tourbillon électromagnétique, l’ordinateur de bord et la bombe n°20 se détraquent…

« Ils ne sont pas perdus dans l’espace, ils sont à la masse… » disait la bande-annonce de Dark Star à sa sortie. L’histoire de la réalisation du film est nettement plus passionnante que ce premier long métrage de John Carpenter, fabriqué avec trois bouts de ficelle, des décors en carton, des effets visuels dignes de Space Invaders et des costumes d’astronautes bricolés avec des tuyaux d’aspirateurs et des moules à muffins (véridique) dans les locaux du département cinéma de l’Université de Californie du Sud.

Au départ, Dark Star était un film de fin d’études scénarisé par John Carpenter et Dan O’Bannon (futur scénariste d’Alien), mais au fur et à mesure de son évolution, les principaux instigateurs de cette entreprise sidérale décident d’en faire un vrai long métrage gonflé en 35 mm qui sera distribué au cinéma en 1974. Si le film n’a connu qu’un succès modeste, il a su acquérir un statut culte auprès de nombreux cinéphiles puisque Big John est depuis devenu un cinéaste mythique. Et comme chacun commence bien quelque part, Dark Star est devenu un peu la cerise sur le gâteau une fois que l’on s’est penché sur l’entièreté de l’oeuvre de John Carpenter, le film que l’on déclare fièrement avoir vu après avoir visionné moult fois les autres opus du réalisateur d’Halloween.

Le système D est roi dans Dark Star. Les effets spéciaux sont vraiment risibles, tellement kitsch qu’ils en deviennent drôles et attendrissants. D’ailleurs, le film parodie ouvertement les oeuvres spatiales qui venaient de poindre - THX 1138 de George Lucas a changé la donne, comme 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick avant lui - et malgré les moyens extrêmement limités mis à disposition de John Carpenter, Dark Star transpire d’un amour sincère pour le cinéma. Toutefois, le film est aujourd’hui longuet, ennuyeux la plupart du temps, le rythme est en dents de scie et les dialogues plombants. Si quelques séquences sortent du lot comme celle de l’ascenseur où le cosmonaute se retrouve en prise avec un ballon de plage alien (!), on ne peut pas s’empêcher de trouver le temps long à l’image du quotidien monotone et même soporifique de ces routiers cosmiques (détruire des planètes) puisque tel était le souhait du metteur en scène, montrer que l’espace était chiant.

S’il n’a pas révolutionné le cinéma de science-fiction comme certaines critiques ont souvent trop tendance à le dire, Dark Star se voit comme un petit objet de curiosité, un OVNI cinématographique que l’on doit voir au moins une fois dans sa vie de cinéphile.

Présentation - 5,0 / 5

La superbe jaquette est glissée dans un boîtier classique de couleur noire, lui-même recouvert d’un surétui liseré gris. Le menu principal reprend l’interface d’un écran de contrôle aperçu dans film avec les bruitages qui vont avec. N’oublions pas la sérigraphie soignée du disque. Encore un superbe objet made in Carlotta.

Bonus - 4,5 / 5

L’éditeur propose de (re)découvrir Dark Star dans sa version cinéma (83’) ou Director’s Cut (71’). Cette dernière version est plus courte puisque les séquences de la traversée du champ d’astéroïdes, de l’armement accidentel de la bombe 20, du repos des astronautes dans leur piaule (avec la séquence du couteau) décorée de photos de nanas à poil (floutées d’ailleurs), puis celle du piano avec les bocaux ont purement et simplement été supprimées par John Carpenter. Dommage que le réalisateur ait mis de côté ces scènes qui sont probablement les plus singulières et surtout les plus drôles.

Outre la bande-annonce et les credits, Carlotta propose l’exceptionnel documentaire de deux heures (!) intitulé Let There Be Light : l’odyssée de Dark Star. Produit et réalisé par Daniel Griffith en 2010, ce documentaire exclusif et rétrospectif sur le tournage du film croise les témoignages de l’acteur Brian Narelle (Lt. Doolittle), de Diane O’Bannon (femme de Dan O’Bannon et assistante sur le film), de l’assistant-décorateur Tommy Lee Wallace, du directeur de la photographie Douglas Knapp, du producteur Jack Harris, avec certains propos de John Carpenter, en audio seulement puisque Big John a refusé de participer à cette aventure. Tout ce qui est raconté ici est absolument passionnant.

Si Dark Star ne laisse pas un grand souvenir en mémoire, nous ne saurons que trop vous conseiller de visionner ce long documentaire-fleuve qui se déguste du début à la fin. Les anecdotes liées à la production de Dark Star valent réellement leur pesant de cacahuètes. Rien n’est oublié : la genèse du film, le casting, les conditions de tournage à l’Université de Californie du Sud, l’influence de George Lucas et de son film THX 1138, l’évolution du film pendant le tournage (John Carpenter désireux d’en faire un long métrage gonflé en 35 mm), la création des effets spéciaux et des maquettes, les dessous des séquences les plus célèbres, la musique, la distribution du film, sa sortie dans les salles et l’héritage de Dark Star avec les années, le tout souvent illustré par des photos de plateau.

Parallèlement, à travers les différentes interviews, se dressent les portraits de John Carpenter et surtout de Dan O’Bannon (1946-2009). Sur Dark Star, ce dernier a officié en tant qu’acteur, créateur des effets visuels et scénariste. Dan O’Bannon est ensuite devenu le scénariste d’Alien de Ridley Scott, Tonnerre de feu de John Badham, Total Recall de Paul Verhoeven, Alien 3 de David Fincher, Planète hurlante de Christian Duguay et Alien, la résurrection de Jean-Pierre Jeunet. Malgré ces énormes productions, Dan O’Bannon considérait Dark Star comme son bébé et n’a eu de cesse de prendre soin de ce film bien après sa courte exploitation dans les salles, au point de contrôler la jaquette de la VHS du film mise en vente des années plus tard. Si les propos ont l’air de modérer quelque peu les tensions survenues entre John Carpenter et son scénariste, chacun semble vouloir calmer le jeu en rendant un brillant hommage à Dan O’Bannon, à qui le documentaire est d’ailleurs dédié.

Rien que ce supplément vaut à lui seul l’achat du Blu-ray de Dark Star !

Image - 3,5 / 5

Au départ, Dark Star est un film de fin d’études réalisé par John Carpenter. Devant l’avancée de cette minuscule production et convaincu de son potentiel, le cinéaste et son scénariste Dan O’Bannon décident d’en faire un long métrage. Dark Star est réalisé en 16 mm. Après la décision d’exploiter le film sur grand écran, chaque plan est gonflé manuellement et recadré au format 35 mm. Félicitons Carlotta de proposer le premier long métrage de John Carpenter en Haute Définition car ce master reflète les modestes conditions de tournage tout en apportant de nouvelles fondations techniques, autrement dit une stabilité, un renforcement des contrastes, avec un total respect des partis pris esthétiques originaux.

Alors certes tout n’est pas parfait - il ne saurait en être autrement - et les couleurs claires apparaissent très souvent délavées, le manque de netteté est certain et quelques plans restent flous. Malgré tout, la gestion du grain est équilibrée, les personnages ressortent bien sur un fond uni, le léger bruit vidéo ne dérange nullement et la copie est très propre. N’attendez donc pas un niveau élevé de détails, mais plutôt un rendu fort acceptable pour un film dont la rareté est indiscutable.

Son - 3,5 / 5

Comme pour l’image, la bande-son de Dark Star a également subi un dépoussiérage sympathique. Si la version originale est disponible en DTS-HD Master Audio 5.1, ce mixage n’apporte rien ou pas grand chose au confort acoustique, largement probant et suffisant en DTS-HD Master Audio Mono heureusement proposé. Cette version est sans doute la meilleure puisque la 5.1 ne distille ses effets latéraux qu’avec une trop rare parcimonie, à tel point d’ailleurs qu’on se demande d’ailleurs si ce n’est pas juste le souffle qui est spatialisé ! Anecdotique donc. En Mono, les dialogues paraissent plus ardents, les effets et la musique sont dynamiques et suffisent amplement pour se faire un petit space-trip sur fond de country.

La version française est également excellente et de fort bon acabit, même si un peu étouffée dans son report des dialogues. Le doublage en rajoute dans le genre « nanar » et nous vous conseillons de visionner Dark Star au moins une fois dans la langue de Molière pour savourer cette expérience d’une autre manière.

Crédits images : © Jack H. Harris Enterprises

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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jean-marc
Le 8 février 2014
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Franck Brissard
Le 25 janvier 2014
Pas de commentaire.

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