Huit heures de sursis (1947) : le test complet du Blu-ray

Odd Man Out

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Carol Reed
Avec James Mason, Robert Newton et Robert Beatty

Édité par Elephant Films

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Le 26/05/2014
Critique

Irlande du Nord, après la Seconde Guerre mondiale. Blessé lors d’un braquage, Johnny McQueen, leader d’une organisation indépendantiste irlandaise, se cache alors que la police met en place une chasse à l’homme et offre une récompense pour sa capture. Ses amis, dont la belle Kathleen, partent à sa recherche, mais le destin du fugitif est entre les mains des citoyens qui vont croiser sa route, comme celles d’un pauvre alcoolique, d’une infirmière ou d’un prêtre. Comment vont-ils réagir ? Vont-ils lui apporter leur aide ou le livrer ? Séparé de ses camarades, il va passer huit heures d’enfer dans les bas fonds de Belfast.

Panneau en introduction : « Le contexte politique est difficile dans les villes d’Irlande du Nord. Ce film ne prend pas parti pour la loi ni pour aucune organisation illégale, et ne s’intéresse qu’aux déchirements ressentis par ceux qui s’y trouvent mêlés involontairement ».

Nommé à l’Oscar du meilleur montage en 1948 et lauréat du Meilleur film britannique lors de la British Academy of Film and Television Arts, Huit heures de sursis demeure l’un des plus grands films de Carol Reed et offre également à l’immense James Mason un de ses rôles les plus emblématiques (la meilleure performance de sa carrière selon le comédien), ainsi que le premier grand succès international pour les deux hommes. Hollywood accueillera l’acteur immédiatement après.

Il interprète ici le chef d’une organisation irlandaise clandestine, qui après avoir été blessé à la suite d’un hold-up raté, prend la fuite, se cache et fait quelques rencontres étrangères et singulières, qui ont toutes leur avis sur le combat à mener pour l’indépendance tout en espérant tirer profit de la situation en traitant Johnny comme un pantin, trimballé d’un endroit à un autre à mesure qu’il se vide de son sang.

Magnifiquement photographié par l’immense chef opérateur Robert Krasker (Le Troisième homme, Brève rencontre, Senso), sans oublier la sublime partition de William Alwyn, Huit heures de sursis est un immense chef-d’oeuvre crépusculaire, qui subjugue du premier au dernier plan. Quel cadre !

Adapté du roman écrit par le britannique F.L. Green en 1945, le film de Carol Reed plonge les spectateurs dans les ruelles sombres de Belfast. La chasse à l’homme est ouverte, mais Carol Reed se focalise sur la psyché du poursuivi, un homme qui lutte pour ses idéaux. D’où ces séquences sidérantes et oniriques nous emmenant dans les contrées du rêve, du cauchemar devrait-on dire, quand Johnny, isolé, un homme qui n’a plus sa place dans ce monde (son ombre se détache souvent sur les murs et les pavés recouverts de neige), se laisse aller à des délires croisant son passé (17 ans passés en prison) et le présent (vers une possible rédemption).

Eprouvant, virtuose, haletant et éblouissant, Huit heures de sursis mérite tous les éloges et qu’on le réhabilite immédiatement, aux côtés du Troisième homme.

Présentation - 4,5 / 5

Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un très beau boîtier classique de couleur bleue. La jaquette est très élégante, tout comme le menu principal, animé et musical. Le boîtier est également glissé dans un surétui du plus bel effet, mentionnant la collection des maîtres éditée par Elephant Films.

Bonus - 2,5 / 5

En plus d’un lot de bandes-annonces, nous trouvons une excellente présentation de Huit heures de sursis par Jean-Pierre Dionnet (15’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bandes dessinées et animateur de télévision, notre interlocuteur se penche sur ce film qui lui tient particulièrement à coeur et qu’il considère comme étant un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Notre interlocuteur revient sur le casting du film, l’histoire, les thèmes, les partis pris esthétiques et indique qu’il s’agit du film préféré de Roman Polanski.

Image - 4,0 / 5

Soutenu par un encodage AVC solide, ce très beau master parvient à tirer parti de la HD et impose une clarté élégante ainsi qu’une restauration notable. La gestion des contrastes est équilibrée, les scories et accrocs comme les points blancs et noirs, les rayures verticales ont été éradiqués en grande partie, la propreté de l’image demeure souvent impressionnante. Les blancs sont lumineux, les yeux des comédiens brillent avec un nouvel éclat, le N&B est dense et stylisé (magnifique photo signée Robert Krasker), la palette de gris étant étendue tout du long jusqu’à la dernière bobine.

Si le piqué demeure aléatoire, le grain est habilement restitué, les quelques flous sporadiques ne perturbent jamais l’homogénéité de la copie et les arrière-plans sont assurés. Hormis quelques clignotements, fourmillements et de très sensibles décrochages inhérents à l’âge du film, la qualité technique est indéniable.

Son - 4,0 / 5

La version originale semble avoir été restaurée également, car peu de craquements sont à déplorer. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur cette efficace piste Mono 2.0 qui ne comporte aucun souffle parasite. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible, mais le confort acoustique est très appréciable.

Une piste française, de bonne qualité, est également disponible. Notons que deux séquences, qui n’ont visiblement pas été doublées à l’époque, nous apparaissent en anglais.

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm