Quai d'Orsay (2013) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Bertrand Tavernier
Avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz et Niels Arestrup

Édité par Pathé

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Le 13/03/2014
Critique

Alexandre Taillard de Worms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone.

Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du « langage » au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares… Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates.

A plus de 70 ans, Bertrand Tavernier a toujours le vent en poupe. Après le ténébreux et poisseux Dans la brume électrique, superbe adaptation du roman éponyme de James Lee Burke, la merveilleuse Princesse de Montpensier, le cinéaste adapte le roman graphique Quai d’Orsay - vendu à plus de 400.000 exemplaires - de Christophe Blain et Abel Lanzac, alias Antonin Baudry, qui retrace l’expérience de ce dernier en tant que diplomate chargé de rédiger des discours pour le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, entre 2002 et 2004.

Cette adaptation est explosive et démontre à certains détracteurs que Bertrand Tavernier en a encore sous le capot et que les nouveaux metteurs en scène devraient grandement s’inspirer de leur aîné, toujours à l’aise et virtuose en passant d’un genre à l’autre, tout en offrant constamment aux spectateurs un spectacle beau à regarder, élégant, chiadé, de la photographie en passant par les décors, la musique et le montage.

Véritable tornade cinématographique, Quai d’Orsay restitue parfaitement le ton, le rythme, l’âme de la bande dessinée. Ce qui fait également le sel de ce futur grand classique en puissance, c’est la parfaite représentation des personnages originaux à l’écran et l’alchimie des comédiens, tous sensationnels. Thierry Lhermitte effectue un comeback fracassant dans le rôle du ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms et se trouve merveilleusement épaulé par Raphaël Personnaz (notre vecteur, celui par lequel nous entrons dans la ruche), Niels Arestrup (formidable dans le rôle de Claude Maupas, librement inspiré de l’ancien directeur du cabinet du ministre des Affaires étrangères, Pierre Vimont), Bruno Raffaelli, Julie Gayet, Anaïs Demoustier, Thomas Chabrol, Thierry Frémont, Alix Poisson, Marie Bunel et bien d’autres, tous indispensables. Cela faisait d’ailleurs très longtemps que nous n’avions pas vu des acteurs en parfaite osmose et aussi énergiques dans le cinéma français.

Bertrand Tavernier livre une comédie extrêmement drôle, un genre qu’il a longtemps convoité. Avec délice, il nous plonge dans une réalité moderne, contemporaine, celle d’un cabinet ministériel, du travail quotidien de la diplomatie où les onomatopées (Tchak ! Tak !) remplacent l’habituel langage hermétique pour faire passer des idées. Tout cela mènera au célèbre discours de l’ONU stipulant clairement la position de la France vis-à-vis de la guerre en Irak, remplacé ici par le pays fictif du Lousdem. Un discours de paix créé dans le chaos le plus total et qui fut le seul jamais applaudi dans le Conseil de sécurité.

La caméra de Tavernier nous convie dans les arcanes du pouvoir, où les décisions sont prises, sans tomber dans la caricature gratuite puisque la réalité politique dépasse parfois et même souvent toutes les fictions imaginables. Quai d’Orsay est une immense réussite, un slaptick made in France, une oeuvre truculente, populaire, cocasse, épatante, jubilatoire du début à la fin et surtout formidablement réalisée.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé sur quelques séquences du film.

Bonus - 4,5 / 5

Bertrand Tavernier avait déjà prouvé son aisance dans l’exercice du commentaire audio. Ici, pour Quai d’Orsay, il signe une fois de plus un exposé évidemment indispensable, dense, passionné, communicatif, vivant. Le cinéaste croise constamment le fond avec la forme, aborde la transposition de la bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, le casting, le travail avec les comédiens - qu’il n’a de cesse d’encenser - la musique de Philippe Sarde, les décors, le montage, le mixage, les costumes, tout, absolument tout est analysé pour notre plus grand plaisir. Une vraie leçon de cinéma !

En plus de la bande-annonce, l’éditeur livre un remarquable making of d’1h31 intitulé A bord du Quai d’Orsay. Chapitré en une quinzaine de chapitres, ce documentaire illustre les propos tenus par Bertrand Tavernier au cours de son commentaire audio. Tandis que le réalisateur passe son casting en revue, les comédiens, les auteurs de la bédé Christophe Blain et Antonin Baudry, le directeur de la photographie, le chef décorateur, mais aussi Bruno Lemaire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, Frédéric de La Mure, photographe officiel du Quai d’Orsay depuis 1982, le producteur Frédéric Bourboulon, répondent tous présents pour présenter les personnages, pour parler de l’adaptation du roman graphique, pour détailler les partis pris narratifs et esthétiques, le tout largement illustré par des images issues du plateau et du tournage dans les véritables Quai d’Orsay et Conseil de sécurité de l’ONU.

Image - 4,5 / 5

Le codec VC-1 a parfois du mal à créer une harmonie sur les mouvements de la caméra de Bertrand Tavernier, qui saccadent légèrement. En dehors de cela, les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les dorures du Quai d’Orsay, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Jérôme Alméras (Contre-enquête, Secret défense) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Son - 4,5 / 5

Outre une piste Audiovision et des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets tirés de la bande dessinée (les portes qui claquent), la musique de Philippe Sarde et les ambiances naturelles ne manquent pas. On retiendra notamment la scène du repas à New York (à 1h31) quand le ministre expose une fois de plus ses idées en prenant comme exemple Tintin, illustrées par une balance gauche-droite, latérales, à faire perdre la boule. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole, mais l’immersion est fort probante.

De son côté, la DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle également dynamique, percutante même, créant une véritable homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets.

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 10 mars 2014
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