Réalisé par Cédric Klapisch
Avec
Romain Duris, Audrey Tautou et Cécile de France
Édité par Studiocanal
Xavier a maintenant 40 ans. Sa vie ne s’est pas forcément rangée et tout semble même devenir de plus en plus compliqué. Désormais père de deux enfants, son virus du voyage l’entraîne cette fois à New York, au beau milieu de Chinatown. Dans un joyeux bordel, Xavier cherche sa place en tant que fils, en tant que père… en tant qu’homme en fait ! Séparation. Famille recomposée. Homoparentalité. Immigration. Travail clandestin. Mondialisation. La vie de Xavier tient résolument du casse-tête chinois ! Cette vie à l’instar de New York et de l’époque actuelle, à défaut d’être cohérente et calme vient en tout cas nourrir sa plume d’écrivain…
Xavier, Wendy, Martine et Isabelle sont de retour, mais pas les autres anciens d’Erasmus. Douze ans après L’Auberge espagnole et huit ans après Les Poupées russes, Cédric Klapisch a donc voulu donner des nouvelles de quelques membres de sa clique avec Casse-tête chinois. Tout ce beau petit monde vient d’avoir 40 piges, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils n’ont quasiment pas changé, ou très peu. Avec près de 6 millions de spectateurs réunis pour les deux premiers volets, c’est à bras ouverts que nous accueillons ce nouvel opus, onzième film du metteur en scène.
Dans la droite lignée des deux précédents films, Casse-tête chinois a la bonne idée de délocaliser ses personnages à New York (très bien filmée), une cacophonie qui sied à merveille à Xavier, toujours aussi paumé, à la fois dans sa vie personnelle (un divorce avec la magnifique Wendy, deux enfants, Martine qui ressurgit, un don de sperme pour sa meilleure amie lesbienne, un mariage blanc) et professionnelle (trouver un boulot pour s’en sortir dans la Grosse Pomme tout en continuant à écrire).
Cédric Klapisch aime ses protagonistes et nous aussi. Il faut dire que les comédiens sont géniaux, Romain Duris, Kelly Reilly, Audrey Tautou (qui vole la vedette), Cécile de France (2 César grâce aux deux premiers opus) se délectent à retrouver leurs marques tout en emmenant les personnages dans d’autres directions, en l’occurrence au moment du bilan à l’âge de 40 ans, et vers d’autres rencontres comme le cinéaste l’a très souvent fait à travers sa filmographie avec son amour du melting-pot et l’affinité des êtres sur fond de mondialisation.
Cette trilogie demeure la partie de l’oeuvre de Cédric Klapisch la plus euphorisante, la plus attachante et universelle. Après deux films franchement dispensables, Paris (2008) et Ma part du gâteau (2011), on retrouve le réalisateur du culte Chacun cherche son chat (1996) tel qu’on l’aime, d’autant plus que la mise en scène demeure enlevée, les scènes très drôles et joyeusement foutraques s’enchaînent sur un rythme endiablé et redoutablement efficace dans la comédie française. C’est d’ailleurs sans doute ce qu’on fait de mieux dans le genre aujourd’hui dans nos contrées. En revanche, le succès relatif de Casse-tête chinois au box-office avec deux fois moins d’entrées que pour les précédents, laisse perplexe quant à un possible quatrième épisode. Même Cédric Klapisch déclarait à la sortie de ce troisième volet qu’il s’agissait là du dernier voyage de Xavier. Nous verrons bien. Rendez-vous dans dix ans ?
La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche du film, dans le même ton que celles de L’Auberge espagnole et des Poupées russes. Le menu principal est également morcelé de la même façon, animé et musical.
C’est ce qu’on appelle une section bien remplie !
On commence par un documentaire intitulé Mes films sont des villes (53’), qui n’est autre que l’excellent et très attachant making of de Casse-tête chinois. Pendant près d’une heure, les comédiens et le réalisateur s’expriment sur ce troisième volet, abordent l’évolution des personnages depuis L’Auberge espagnole, les conditions de tournage à New York. De très nombreuses images de plateau dévoilent l’envers du décor et montrent Cédric Klapisch à l’oeuvre avec ses acteurs et son équipe américaine, avec laquelle il doit se plier à des horaires fixes et des règles de tournage très rigoureuses.
Dans le segment suivant, Ecrire est un casse-tête chinois (26’), nous découvrons Cédric Klapisch, enfermé dans un appartement vide à Manhattan, seul devant son ordinateur, en train de redonner vie à ses personnages de L’Auberge espagnole et Les Poupées russes. Le cinéaste se confie, évoque ses doutes, sa façon de travailler, l’envie de retrouver Xavier, Martine, Wendy et les autres…
L’interactivité se clôt sur le clip vidéo If I Had My Way (4’) et la bande-annonce du film.
L’éditeur livre un master HD de haute volée, lumineux, détaillé, élégant, formidablement contrasté et au piqué vif. Toutefois, si la définition n’est pas optimale avec des scènes sombres un peu trop douces, force est de constater le soin apporté au transfert. Le cadre bénéficie d’un beau traitement de faveur, les détails abondent sur les lumineuses séquences extérieures diurnes, la Grosse Pomme apparaît dans toute sa splendeur, les contrastes sont riches, la colorimétrie est bigarrée, la profondeur probante, un léger grain flatte les rétines - le film a été tourné en 35mm - et la compression AVC consolide l’ensemble. Seuls les gros plans ne sont peut-être pas aussi précis qu’on l’attendait.
Comme pour Les Poupées russes et Paris, la bande originale du film a été confiée au compositeur Christophe Minck. Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle magistral du point de vue spatialisation, les basses sont parfois vibrantes (les scènes de métro) et les latérales soutiennent en permanence les frontales en exsudant les accords tonitruants de Christophe Minck. Les dialogues, y compris la voix-off de Xavier, sont d’une belle ardeur sur la centrale et se détachent sans mal des effets divers distillés par les frontales, notamment de la cacophonie new-yorkaise. Quelques séquences étonnent réellement par leur dynamisme, à l’instar de la recherche d’appartement (35e minute). Extrêmement riche en détails, le mixage plonge assurément le spectateur dans l’ambiance souvent survoltée du film.
L’éditeur joint également une piste DTS-HD Master Audio 2.0, qui devrait sans mal contenter ceux qui ne seraient pas équipés sur la plage arrière, ainsi que des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant. N’oublions pas la piste Audiodescription !
Crédits images : © Studiocanal