Le Cinquième Pouvoir (2013) : le test complet du Blu-ray

En rendant publics des documents confidentiels, ils ont fait vaciller les plus grands pouvoirs de la planète. La révélation d’informations ultra-secrètes explosives a mis en lumière un monde jusque-là inconnu. WikiLeaks a changé la donne à jamais. Comment Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, et Daniel Domscheit-Berg, ont-ils pu obtenir ces documents ? Comment est né leur site qui, en quelques mois, a réussi à révéler bien plus de secrets que tous les plus grands médias officiels réunis ?

Le quatrième pouvoir est constitué par la presse. Le cinquième pouvoir éponyme désigne l’internet, « un média social de masse qui possède son propre système d’information ». Ce deuxième contre-pouvoir auquel il est fait référence ici est le désormais célèbre site WikiLeaks. Le Cinquième pouvoir de Bill Condon s’inspire du livre Inside WikiLeaks: My Time With Julian Assange At The World’s Most Dangerous Website, écrit par l’activiste allemand Daniel Domscheit-Berg, interprété dans le film par l’excellent Daniel Brülh, un des cocréateurs de WikiLeaks et ancien bras droit de Julian Assange, mais il repose également sur le livre de deux journalistes anglais intitulé WikiLeaks : Inside Julian Assange’s War On Secrecy. Bill Condon se concentre essentiellement sur la création et les débuts retentissants de WikiLeaks, vus de l’intérieur et du point de vue de ceux qui l’ont créé. La partie consacrée aux démêlés de Julian Assange avec la justice n’est traitée que dans le générique de fin ! Pour info, Julian Assange n’a pas apprécié le film - on s’en serait douté, même s’il déclare ne pas l’avoir vu - et a su faire entendre son mécontentement en présentant son propre documentaire (et sa vérité) sur la célèbre opération Cablerun qui a fait connaître WikiLeaks en 2010 dans le monde entier et remis en question les limites de la liberté d’information.

C’est le sensationnel Benedict Cumberbatch qui prête ses traits singuliers (et sa tignasse) à l’australien Julian Assange, le créateur de WikiLeaks, et livre une prestation ambiguë. Le comédien parvient à rendre compte des différentes facettes de ce personnage complexe et controversé. A l’origine, James McAvoy devait interpréter Daniel Domscheit-Berg, rôle finalement dévolu à Daniel Brülh, qui vient compléter un casting soigné constitué d’Anthony Mackie, David Thewlis, Moritz Bleibtreu Stanley Tucci, Laura Linney et Carice Van Houten. Capable du meilleur (Dr Kinsey) comme du pire (Dreamgirls, Twilight - Révélation 1 & 2), l’éclectique Bill Condon a toujours été un excellent directeur d’acteurs. Même si le récit du Cinquième pouvoir contient de sacrés trous d’air, les comédiens sont tous parfaits et portent l’histoire du début à la fin. C’est d’ailleurs pour eux, plus que pour l’histoire elle-même, que Le Cinquième pouvoir tient la route.

Mais bon, Le Cinquième pouvoir n’est pas The Social Network, il n’a d’ailleurs pas la prétention de l’être ou de rivaliser avec le film de David Fincher, et le film de Bill Condon passe bien trop de temps à passer d’un pays à l’autre, comme un Jason Bourne sans poursuites, sans bastons et sans flingues, juste des gars armés d’un ordinateur portable… Ajoutez à cela un jargon souvent incompréhensible qui tape sur le système, une bande originale abrutissante et un rythme en dents de scie. C’est dommage, car le potentiel est énorme, c’est juste que le film est beaucoup trop long, l’histoire trop grasse s’appesantit trop sur certains aspects des personnages dont on se serait finalement bien passés.

Enorme échec commercial à sa sortie en 2013, Le Cinquième pouvoir ne manque pourtant pas de qualités dans le côté thriller-computer.

Le test a été réalisé sur check-disc. L’édition vendue dans le commerce est un combo avec fourreau cartonné, avec le Blu-ray et le DVD du film. Le menu principal est joliment animé et musical.

On commence cette section avec des interviews croisées (6’) du réalisateur Bill Condon et du comédien Benedict Cumberbatch. Très intéressants, ces propos méritent le détour. Chacun s’exprime sur les thèmes du Cinquième pouvoir, Benedict Cumberbatch évoque également sa préparation avant le tournage.

S’ensuit un module très sympa consacré aux décors du film et plus particulièrement sur la création de la plateforme de dépôt de WikiLeaks (10’). De nombreuses images de tournage (sur green-screen) viennent illustrer ce module et les propos des responsables des effets spéciaux, du décorateur, du scénariste Josh Singer et du metteur en scène.

L’éditeur joint également un documentaire de 9 minutes consacré à la musique du film. A travers des images d’une session d’enregistrement et une session de mixage, le compositeur Carter Burwell revient sur la création des thèmes principaux du Cinquième pouvoir et sa collaboration avec Bill Condon.

On termine avec un segment centré sur la création des écrans de texte (6’) visibles pendant tout le film. Le réalisateur Bill Condon, le décorateur et le responsable des effets visuels directs évoquent l’univers visuel créé pour certaines scènes clés du film.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

Metropolitan livre un superbe master HD du Cinquième pouvoir, instaurant les plus belles et élégantes conditions pour ceux qui voudraient donner une deuxième chance au film de Bill Condon. Le cadre large et les contrastes sont ciselés, les détails abondent, la colorimétrie froide à dominante verte (comme l’affiche du film) côtoie un léger grain cinéma flatteur, le piqué est acéré et les noirs denses. La copie restitue toutes les volontés artistiques du chef opérateur allemand Tobias A. Schliessler (Hancock, L’Attaque du métro 123) faisant la part belle à des dégradés de couleurs (teintes bleues, rouges, vertes, jaunes), peut-être pas très reluisants, mais qui savent rester homogènes et riches. Le relief et la profondeur de champ sont omniprésents, l’encodage AVC est solide comme un roc, excepté sur quelques séquences en intérieur.

Honnêtement, on ne s’attendait pas à un tel ramdam ! Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets souvent fracassants, notamment dans le Tacheles de Berlin. L’éditeur joint également une piste française Audiodescription 2.0, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan Video