La Vie rêvée de Walter Mitty (2013) : le test complet du Blu-ray

Walter Mitty est un homme ordinaire, enfermé dans son quotidien, qui n’ose s’évader qu’à travers des rêves à la fois drôles et extravagants. Mais confronté à une difficulté dans sa vie professionnelle, Walter doit trouver le courage de passer à l’action dans le monde réel. Il embarque alors dans un périple incroyable, pour vivre une aventure bien plus riche que tout ce qu’il aurait pu imaginer jusqu’ici. Et qui devrait changer sa vie à jamais.

De Génération 90 en 1994 en passant par Disjoncté (1996), Zoolander (2001) et Tonnerre sous les tropiques (2008), l’excellent Ben Stiller a su imposer une marque de fabrique derrière la caméra, une sensibilité, un humour singulier bien évidemment, ainsi qu’un réel talent de directeur d’acteurs. Pour son cinquième long métrage La Vie rêvée de Walter Mitty, Ben Stiller adapte la très célèbre nouvelle de James Thurber, parue en 1939, déjà transposée à l’écran en 1947, La Vie secrète de Walter Mitty, avec le méconnu (en France) Danny Kaye.

Cette nouvelle approche rend compte de la solitude de l’être humain dans les grandes villes contemporaines. C’est aussi le film de la maturité pour le comédien-réalisateur. La cinquantaine approchante, Ben Stiller dresse le bilan d’une vie, une quête de soi, celle de Walter, dont le boulot de développeur sur pellicule pour le magazine Life est en train de disparaître face au rouleau-compresseur du numérique. Il invite le spectateur à s’évader avec lui durant deux heures, de la Grosse Pomme en passant par l’Islande où le volcan Eyjafjallajökull rentre en éruption, comme le personnage principal d’ailleurs.

Du point de vue formel, Ben Stiller soigne le cadre de cette fable, la photo est chiadée (très beau grain argentique), les trouvailles visuelles s’enchaînent du début à la fin, les véritables décors naturels sont magnifiques et les couleurs rendent compte de l’évolution du personnage. SI Ben Stiller monopolise l’écran, il ne faut pas oublier l’excellence des personnages secondaires, à commencer par la géniale et indispensable Kristen Wiig, délicieuse et touchante, dont Walter tombe immédiatement amoureux, ainsi que Sean Penn en photographe aventurier inaccessible, Adam Scott, impeccable en tête à claques de compétition. Les rêves éveillés de Walter sont propices à quelques séquences mémorables, notamment un affrontement du style Matrix (ou Dragon Ball Z selon les références) dans les rues de New York.

Mélancolique, beau, intelligent, drôle, injustement boudé aux Etats-Unis à sa sortie, La Vie rêvée de Walter Mitty est un véritable coup de coeur.

Le Blu-ray repose dans un boîtier classique de couleur bleue, lui-même glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

On nous propose tout d’abord un excellent making of de 37 minutes, divisé en plusieurs sections consacrées à l’histoire du film, la direction artistique, l’affrontement avec le requin, la musique, le tournage en Islande, le casting des comédiens nordiques, le générique du début, les effets visuels et le son et les prévisualisations. Les comédiens, les producteurs, le compositeur, le scénariste, le décorateur, le responsable des effets spéciaux interviennent à tour de rôle afin d’évoquer tout cela, sans pour autant tomber dans la promo plombante.

Chacun revient sur la nouvelle de James Thurber, la première adaptation intitulée La Vie secrète de Walter Mitty (1947) avec Danny Kaye, les thèmes du film, les partis pris esthétiques, les conditions des prises de vue, les cascades, le tout illustré par de nombreuses images de plateau et de tournage. A ce titre, nous apprécions les images brutes montrant le tournage de la séquence de skate sur les routes islandaises, ainsi que celle de la baston entre Ted et Walter tournée dans les rues de New York. La prévisualisation nous montre quelques animatiques et storyboards de cette dernière séquence.

Nous trouvons ensuite quelques scènes coupées (8’), intégrales (5’) ou alternatives (4’), de fort bonne facture et qui feront le bonheur de celles et ceux qui auront eu comme nous un coup de foudre pour le film de Ben Stiller. Ces séquences prolongent le quotidien de Walter, surtout le matin avant d’aller au travail, mais aussi sa relation avec sa frangine et ses rêves, nettement plus étendus à l’origine. Quant à la scène alternative, elle se distingue par l’usage d’une autre musique lors du départ de Walter pour le Groenland.

L’interactivité se clôt sur une petite galerie de photos et le clip vidéo Stay Alive de José González (4’).

La promotion HD sied à merveille aux couleurs vives, saturées et chatoyantes de la photo signée Stuart Dryburgh (La Leçon de piano, Portrait de femme) qui possède ici un réel éclat, surtout lorsque Walter décide de partir à l’aventure. Dans la partie new-yorkaise, les teintes des scènes de bureau paraissent métalliques, grises, bleues, surexposées, avec l’ombre des buildings qui s’écrase sur les personnages.

Certes, les séquences tournées en extérieur profitent constamment de l’encodage AVC avec un relief constant, une profondeur de champ ahurissante (sublime cadre large), un piqué incisif et des détails très riches sur le cadre large, mais les scènes en intérieur n’ont pour une fois rien à leur envier et s’avèrent tout autant définies. L’image reste immaculée et élégante, les contrastes denses, les textures des costumes demeurent flagrantes et palpables. Une très belle image qui n’omet pas de restituer la patine argentique du tournage réalisé en 35mm. On en prend plein les yeux ! Edition Blu-ray indispensable donc.

La version française doit se contenter d’une piste DTS 5.1 et c’est bien dommage car l’environnement acoustique est tout aussi chiadé que la photographie. Heureusement, la version originale jouit d’un écrin DTS-HD Master Audio 7.1 particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient souvent et à bon escient (l’affrontement dans les rues new-yorkaises, l’éruption), tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son, constamment spatialisée, est superbe.

Crédits images : © 20th Century Fox