Réalisé par Claude Zidi
Avec
Louis de Funès, Coluche et Julien Guiomar
Édité par Studiocanal
Charles Duchemin, le directeur d’un guide gastronomique qui vient d’être élu à l’Académie Française, se trouve un adversaire de taille en la personne de Jacques Tricatel, le PDG d’une chaîne de restaurants. Son fils Gérard anime en cachette une petite troupe de cirque.
L’Aile ou la cuisse marque le grand retour de Louis de Funès devant la caméra après deux infarctus qui l’ont fortement diminué en 1975. Alité, aux soins intensifs après le triomphe des Aventures de Rabbi Jacob (8,8 millions d’entrées), le comédien français le plus populaire est obligé de décliner l’offre de Gérard Oury, Le Crocodile, qui ne verra jamais le jour, dans lequel Fufu devait incarner un dictateur sud-américain aux côtés d’Aldo Maccione. C’est dans une superproduction réalisée par l’immense Claude Zidi que Louis de Funès opère son retour aux côtés de Coluche (dans son plus grand succès) - le rôle avait au préalable été proposé à Pierre Richard - sous la houlette du grand producteur Christian Fechner.
Fufu apparaît amaigri, mais L’Aile ou la cuisse est le film parfait pour que le comédien puisse réaliser son comeback. Sur un scénario aussi jubilatoire qu’intelligent écrit par Claude Zidi et des gags visuels dignes du cinéma muet (l’usine Tricatel, le repas forcé), les deux têtes d’affiche s’en donnent à coeur joie (un passage de flambeau symbolique), l’alchimie est indéniable, la mécanique implacable, les seconds rôles fameux (immense Julien Guiomar dans la peau de l’industriel Jacques Tricatel), la musique de Vladimir Cosma cultissime et la prolifération de la malbouffe n’a jamais été autant d’actualité.
Certes, Fufu n’incarne plus le français moyen impulsif et râleur puisqu’il a dû mettre de l’eau dans son vin, mais cela ne l’empêche pas de livrer une fabuleuse prestation qui lui va comme un gant. Une fois de plus, Claude Zidi met en boîte un chef-d’oeuvre de la comédie française, immense succès populaire à sa sortie avec près de 6 millions d’entrées, moult fois diffusé à la télévision avec le record d’audience systématique. Deux ans plus tard, Louis de Funès et Claude Zidi feront à nouveau équipe pour La Zizanie, avec un succès plus relatif.
Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé sur quelques séquences cultes du film.
A l’occasion de cette édition Blu-ray, l’éditeur livre un documentaire de 51 minutes intitulé La Guerre des chefs. Claude Zidi (réalisateur), Alain Senderens (chef cuisinier français, trois étoiles au Michelin de 1978 à 2005), Philippe Bouvard (journaliste, présentateur de télévision et de radio, écrivain, qui joue son propre rôle dans L’Aile ou la cuisse), Jean-Paul Schwartz (directeur de la photographie et cadreur sur le film de Claude Zidi), Stéphane De Groodt (comédien et humoriste, grand fan de Louis de Funès), Ann Zacharias (comédienne, Marguerite 2 dans L’Aile ou la cuisse) interviennent pour évoquer la genèse et les thèmes de L’Aile ou la cuisse. L’ensemble manque singulièrement de rythme et part un peu dans tous les sens, mais les anecdotes de production sont là et demeurent plaisantes. Dommage qu’aucune photo de tournage ne soit disponible pour illustrer tout ça…
Fort d’un master au format respecté et d’une compression AVC qui consolide l’ensemble avec brio, ce Blu-ray en met souvent plein les yeux. La restauration est étincelante, les contrastes d’une densité remarquable, la copie est propre et lumineuse. Les détails étonnent par leur précision, y compris sur les séquences sombres et nocturnes, les gros plans impressionnent, les couleurs bigarrées retrouvent un éclat inespéré (le tailleur rouge de Marguerite 2), le relief des séquences diurnes est inédit et le piqué demeure acéré. La définition flanche légèrement durant le prologue - constitué de stock-shots au grain appuyé et le générique - mais cela reste anecdotique. Le plus embêtant demeure tout de même le rendu des visages, trop rosés à notre goût… Autrement le lifting est impressionnant !
Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La géniale composition de Vladimir Cosma jouit également d’un écrin phonique somptueux.
L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Studiocanal