La Vie future (1936) : le test complet du Blu-ray

Dans un avenir proche, la petite ville d’Everytown est frappée par la guerre. En traversant les décennies des années 40 jusqu’au milieu des années 2000, elle va connaître des bouleversements inconcevables. En surmontant la dictature et la maladie, elle va voir se développer des nouvelles technologies, le triomphe de la télévision et une utopie politique basée sur la raison et la connaissance.

La Vie future de H.G. Wells est comme son titre l’indique adapté du roman du célèbre écrivain de science-fiction. Ecrit et publié en 1933, le roman est transposé par H.G. Wells (1866-1946) lui-même, comme le sera L’Homme qui pouvait accomplir des miracles en 1936. Produit par Alexander Korda, supervisé par H.G. Wells et réalisé par William Cameron Menzies (1896-1957), également décorateur et scénariste, La Vie future, connu également sous le titre Les Mondes futurs ou Things To Come en version originale est typique de l’oeuvre de l’écrivain.

Méconnue, troublante, ahurissante, prophétique et souvent prodigieuse, cette fresque s’avère une réflexion politique sur la société sous la forme d’un pamphlet virulent. Marqué par des effets spéciaux sidérants qui n’ont rien perdu de leur magie, mais aussi par des décors incroyables qui participent grandement à sa réussite, La Vie future s’interroge sur l’avenir de l’homme, étroitement lié au progrès technologique, et rend compte de l’anxiété ambiante à l’idée de voir le monde basculer à nouveau dans un conflit mondial.

D’une société lambda en passant par la dictature jusqu’à une utopie politique, nous suivons l’évolution d’une métropole appelée Everytown de 1940 à 2036. Le premier tiers laisse pantois d’admiration. Malgré les mises en garde de pacifistes, une Guerre « globale » est déclarée. En Angleterre, Everytown, n’est pas épargnée par les combats. 1966. Les violents affrontements n’ont laissé que ruines à Everytown et la ville est dirigée par le Patron, un homme aux pouvoirs et à l’influence redoutable. Les habitants tentent de survivre et certains errent comme des zombies.

C’est à ce moment que Cabal, disparu quelques décennies auparavant, reparaît aux commandes d’un astronef. Détenteur d’une nouvelle technologie, il parvient à l’imposer à ses contemporains malgré les tentatives du Patron pour l’en empêcher. 2036. L’humanité a atteint un nouveau stade de développement. Mais déjà, la révolte gronde lors de l’envoi d’une fusée dans la Lune. Il faut voir avec quelle ingéniosité et quelle maestria William Cameron Menzies montre Everytown se retrouvant sous les bombardements et le chaos qui s’y installe.

La qualité de la mise en scène, des décors, des maquettes (voir les véhicules futuristes !) et des effets visuels subjuguent encore presque 80 ans après et les thèmes sur le devenir des combustibles fossiles, la peur face aux nouvelles technologies, au point qu’une nouvelle insurrection populaire s’élève au sein même d’une société « idéaliste » dirigée par des technocrates, demeurent toujours d’actualité. Seuls bémols, une interprétation un peu figée, des dialogues aujourd’hui lourds, trop démonstratifs et même parfois pompeux qui appuient trop l’ensemble, surtout en ce qui concerne l’apologie du « positivisme ». Sans ces points négatifs, il est certain que La Vie future aurait aujourd’hui le même statut chef d’oeuvresque de Metropolis auquel on ne peut s’empêcher de penser. Néanmoins, il n’y a pas loin à penser que ce récit d’anticipation apparaît tout aussi important et indispensable dans le genre.

La vie future est édité en combo, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier transparent, est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos, de liens internet et des credits du Blu-ray, nous trouvons une excellente présentation de La Vie future par Jean-Pierre Dionnet (19’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur replace le film de William Cameron Menzies dans son contexte. JPD considère La Vie future comme un des films de science-fiction les plus importants de l’histoire du cinéma, détaille les thèmes du film, avant de passer le casting au peigne fin.

Ce Blu-ray au format 1080p proposée par Elephant Films contient une version restaurée de La Vie future. Sans être exceptionnelle, la copie - dans son format original 1.33 - se révèle fort correcte, même si quelques scories, points, effets de pompage demeurent, ainsi que diverses tâches et griffures. Des fondus enchaînés décrochent légèrement, un bruit vidéo est notable mais aidé par un encodage AVC solide. Le N&B retrouve une certaine fermeté, la luminosité fait plaisir, certaines séquences parviennent à sortir du lot grâce à un relief impressionnant sur les magnifiques décors, tandis que les contrastes sont assurés. Même si sa gestion demeure aléatoire, le grain cinéma est évidemment conservé. Le nettoyage numérique est évident et peu importent les défauts constatés et le piqué émoussé, découvrir l’oeuvre de William Cameron Menzies dans ces conditions tient du miracle !

La bande-son (en version originale seulement) semble avoir été restaurée également, car peu de craquements sont à déplorer. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur cette efficace piste unique Dual Mono 2.0 qui ne comporte aucun souffle parasite. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible, mais le confort acoustique est très appréciable. Les sous-titres français sont imposés.

Crédits images : © Elephant Films