Maps to the Stars (2014) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par David Cronenberg
Avec Julianne Moore, Mia Wasikowska et John Cusack

Édité par France Télévisions Distribution

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Le 16/10/2014
Critique

A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star ; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice.

La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.

Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

Depuis A Dangerous Method, David Cronenberg s’est dirigé vers une épure qui à défaut d’attirer les spectateurs dans les salles, a l’air de plaire à l’ensemble de la critique. Présenté en compétition au Festival de Cannes en 2014, Maps to the Stars, écrit par Bruce Wagner, n’est pas une oeuvre aussi sèche et austère que Cosmopolis, le roman inadaptable de Don DeLillo que Cronenberg a mis en scène en s’endormant derrière la caméra, mais reste une fois de plus difficile d’accès malgré sa matière déjà traitée au cinéma, à savoir le culte de la célébrité à Hollywood. On pense à Boulevard du Crépuscule de Billy Wilder, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? de Robert Aldrich ou bien Mulholland Drive de David Lynch et Les Ensorcelés de Vincente Minnelli, quatre chefs d’oeuvres devant lesquels Maps to the Stars fait figure de retardataire, un pétard mouillé sans génie mais avec des clichés à la pelle.

Certes, on ne pourra pas reprocher au cinéaste canadien de distiller quelques touches d’humour noir devant les excès de ces personnages isolés dans un monde factice, mélange de sublime et de ridicule, entre la beauté et le glauque, un charme vénéneux comme une plante carnivore qui dévore ceux qu’elle a pris au piège. Les personnages sont typiques du cinéma de Cronenberg, déboussolés, certains hantés par des fantômes et souvenirs, d’autres plongés dans un désespoir qui engendre la violence. Tout le monde part en vrille, même un jeune adolescent, déjà starisé grâce à une comédie graveleuse, qui sort d’une cure de désintox et se gave de boissons énergisantes.

Les comédiens s’en sortent haut la main. Julianne Moore, récompensée par le Prix d’interprétation féminine à Cannes, se délecte dans le rôle d’une star has-been harcelée par l’esprit de sa mère, ancienne star de l’âge d’or hollywoodien, quasi-cloîtrée chez elle dans sa villa aseptisée et qui voit l’heure tournée à l’aube de la cinquantaine. La comédienne se lâche complètement et restitue admirablement la folie et l’exubérance de son personnage. Sa récompense est largement méritée. On ne retient finalement que l’abattage des comédiens dont un John Cusack excellent en coach-thérapeute-gourou narcissique, le jeune Evan Bird, étonnant dans la peau d’un quasi-freaks, adulte coincé dans la peau d’un jeune ado qui a déjà tout connu.

Cependant, le scénario enchaîne les séquences en mode pilotage automatique, sans rythme, sans accroche et encore moins d’empathie envers les personnages qui s’entrecroisent sans jamais réellement se rencontrer. Cette cynique déconstruction d’Hollywood (pléonasme) n’apporte donc rien de neuf et la satire voulue corrosive sur la Mecque du cinéma (pléonasme encore) est bien trop sage à notre goût, même si on en ressort avec un goût d’éther dans la bouche.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur un check-disc. A l’occasion de la sortie de Maps to the Stars en DVD et Blu-ray, le visuel de l’affiche a été modifié et met cette fois en avant les visages des quatre comédiens principaux. Le menu principal reprend l’interface classique chère à France Télévisions. Animé sur la musique du film, l’ensemble demeure efficace.

Bonus - 2,5 / 5

On commence par un making of de 13 minutes constitué d’images brutes de tournage, sans propos promotionnels, sans interventions de l’équipe. C’est ici l’occasion de voir David Cronenberg à l’oeuvre avec ses acteurs.

Mais le plus gros de cette interactivité demeure la section consacrée aux interviews de l’équipe du film : Julianne Moore (4’), David Cronenberg (6’), Mia Wasikowska (3’), John Cusack (4’), Robert Pattinson (3’), Olivia Williams (4’), Evan Bird (2’), Martin Katz (3’) et Bruce Wagner (2’). Présentés comme un Presskit destiné à promouvoir le film, ces entretiens ne volent pas bien haut et s’attardent notamment sur la collaboration des comédiens avec le réalisateur, sur les thèmes du film (le culte de la célébrité notamment), sur la psychologie des personnages, sur le fait que tout le monde est fan de David Cronenberg depuis toujours, tandis que le réalisateur s’exprime sur son premier tournage aux Etats-Unis et les difficultés de financement qui ont retardé le tournage pendant près de huit ans.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 3,5 / 5

Le Blu-ray est au format 1080i. La photographie de Peter Suschitzky (Cosmopolis, After Earth, Les Promesses de l’ombre) qui allie à la fois les couleurs froides et chatoyantes filmées en numérique aurait mérité un bien meilleur traitement. En effet, les détails manquent à l’appel, certes la clarté est de mise mais le piqué manque de mordant, les scènes sombres sont les plus mal loties et certains visages demeurent blafards. Les plans très rapprochés ne sont pas aussi bien définis que nous l’espérions et les noirs manquent parfois de concision. Ajoutez à cela quelques légers artefacts de la compression et des baisses de la définition, ainsi qu’une gestion parfois aléatoire des contrastes et vous obtenez une édition HD tout juste moyenne. Décidément, après une édition HD calamiteuse de Cosmopolis, le sieur Cronenberg n’est guère soutenu par les éditeurs…

Son - 4,0 / 5

Ce n’est pas avec le Blu-ray de Maps to the Stars que vous épaterez la galerie du point de vue acoustique ! L’essentiel du film se concentre sur les échanges entre les personnages et donc, les enceintes latérales ne sont guère mises à contribution en version anglaise comme en français, au doublage fort médiocre. Les deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 n’ont donc que peu d’occasions de briller, le caisson de basses se contente d’appuyer la composition du fidèle Howard Shore (la seizième collaboration avec Cronenberg), qui pour le coup jouit d’une réelle spatialisation. Dans les deux cas, la délivrance des voix manque souvent d’ardeur et la version française se permet même d’être plus vive que son homologue.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription. Signalons que le changement de langue est impossible à la volée et que les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © France Télévisions Distribution

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm