L'Africain (1983) : le test complet du Blu-ray

Victor, amoureux de la nature, a trouvé le repos dans une idyllique contrée de l’Afrique centrale. L’arrivée intempestive de son ex-femme menace son univers paradisiaque. Celle-ci veut en effet implanter dans la région un village-vacances pour touristes fortunés.

En 1981, Psy vient de se solder par un échec en attirant seulement 641.000 spectateurs. Encouragé par Claude Berri, Philippe de Broca revient en force avec L’Africain, confortable production qui lui permet de concilier le film à grand spectacle, la comédie et l’aventure. S’il ne retrouve pas totalement le souffle et le charme de ses anciens films comme L’Homme de Rio et Les Tribulations d’un chinois en Chine, le couple Catherine Deneuve - Philippe Noiret fait des étincelles, le cadre est superbe, les décors majestueux, les dialogues divins et le rythme souvent enlevé. La force de cette invitation au voyage et grand divertissement populaire provient donc de l’alchimie entre les comédiens. Si le rôle de Catherine Deneuve rappelle évidemment celui du Sauvage de Jean-Paul Rappeneau, la comédienne a toujours excellé dans le registre de la comédie. Son énergie, son bagou et sa beauté intemporelle subjuguent dès son apparition à l’écran.

Philippe Noiret retrouve le cinéaste après Les Caprices de Marie (1970), Tendre Poulet (1978) et sa suite On a volé la cuisse de Jupiter (1980). Alter ego de Philippe de Broca à l’écran, l’acteur fascine par sa capacité à passer du mode nounours ronchon à celui du grand enfant doux comme un agneau et à la sensibilité à fleur de peau. Le film se termine d’ailleurs sur une note d’émotion inattendue qui nous fait monter doucement les larmes, le tout emporté par la saisissante partition de Georges Delerue.

Grand amoureux de l’Afrique et préoccupé par les questions écologiques, de Broca fustige le trafic d’ivoire et milite pour la préservation de la faune et la flore, menacées par le capitalisme, représenté ici par deux employés d’une agence de voyages parisienne (Deneuve et Jean-François Balmer) qui sans scrupules décide de créer un nouveau club de vacances au fin fond de l’Afrique. C’est sans compter sur l’odieux braconnier (Jean Benguigui en mode Rastapopoulos) qui voit d’un mauvais oeil que tout ce beau monde vienne mettre son nez dans ses propres et lucratives affaires.

Nous retrouvons donc la veine du «  film Tintin  » comme le disait Philippe de Broca et même un soupçon d’Indiana Jones et le temple maudit à travers la séquence du pont suspendu et des références bien senties à l’African Queen de John Huston. Une oeuvre trépidante remplie de couleurs, d’action, sans oublier les sentiments. C’est la classe de Broca quoi !

Le test a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé sur le superbe thème de Georges Delerue.

Nous ne sommes pas étonnés de retrouver Jérôme Wybon aux manettes de l’excellent documentaire rétrospectif présent sur cette galette bleue. Le Rêve africain de Philippe de Broca (30’) croise les propos d’Henri Lanoë (monteur), Pierre Grunstein (producteur exécutif), Jean Penzer (directeur de la photographie) et Jean-François Balmer (acteur). Les anecdotes de tournage (difficultés liées au climat, travail avec les comédiens) fusent de toutes parts sur un rythme soutenu, quelques photos et images montrent Philippe de Broca au boulot avec Gérard Brach, en pleine écriture du scénario. L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Pour son édition en Haute-Définition, L’Africain dispose d’une édition Blu-ray (1080p, AVC) soignée qui instaure un confort de visionnage plaisant. La copie superbement restaurée en 2012 par Pathé est présentée dans son format original, lisse, débarrassée de toutes les scories imaginables et ce dès le générique. Si la clarté est aléatoire et que diverses scènes semblent plus délavées voire ouatées en raison de certains partis pris de la photo de Jean Penzer (Le Diable par la queue, Peur sur la ville), la colorimétrie chatoyante est à l’avenant avec de beaux contrastes, une texture exemplaire (le grain est bien géré), une profondeur de champ appréciable, un piqué souvent confondant sur les séquences diurnes et même quelques noirs compacts. C’est devenu une habitude chez Pathé, le transfert est élégant, stable, l’apport de la HD étant indéniable. Si vous possédiez l’édition DVD sortie en 2000, vous pouvez essayer de la revendre à un vide-grenier !

L’éditeur propose deux alternatives acoustiques, deux mixages DTS-HD Master Audio Mono (d’après le Mono d’origine) 3.0 ou 2.0. La première piste permet de mieux spatialiser le superbe et pourtant méconnu thème de Georges Delerue, même si les dialogues paraissent ici étonnamment moins vifs que sur la 2.0. N’hésitez donc pas à sélectionner cette dernière, plus fluide et homogène. Dans les deux cas, le confort phonique demeure probant et solide. Si le rendu des voix peut paraître parfois hasardeux, la propreté est de mise. Notons toutefois que certains échanges semblent avoir été repris en postsynchronisation et s’élèvent un peu au-dessus du lot. Pathé joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé