Heimat : Chronique d'un rêve - L'exode (2013) : le test complet du Blu-ray

Die andere Heimat : Chronik einer Sehnsucht

Réalisé par Edgar Reitz
Avec Jan Dieter Schneider, Antonia Bill et Maximilian Scheidt

Édité par Potemkine Films

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Le 28/10/2014
Critique

1842-1844, L’histoire de la famille Simon. Johann le père forgeron, Margret la mère, Lena la fille ainée, Gustav et Jakob les fils, Jettchen et Florinchen leurs futures épouses. Les coups du destin risquent de détruire cette famille mais c’est une histoire de courage et de foi en l’avenir.

Des dizaines de milliers d’Allemands, accablés par les famines, la pauvreté et l’arbitraire des gouvernants, émigrent en Amérique du Sud. « Un sort meilleur que la mort, ça peut se trouver partout ». Jakob Simon le cadet, lit tous les livres qu’il peut se procurer, il étudie les langues des Indiens d’Amazonie. Il rêve d’un monde meilleur, d’aventure, de dépaysement et de liberté. Il décide d’émigrer. Le retour de son frère Gustav du service militaire dans l’armée prussienne déclenche une série d’événements qui met à rude épreuve l’amour de Jakob et bouleverse son existence.

Heimat est un pari fou entrepris par le réalisateur Edgar Reitz au début des années 1980 : raconter un siècle d’histoire et de cataclysmes sous forme de feuilleton télévisé. À travers le destin de la famille Simon et des habitants d’un petit village de Rhénanie, les trois saisons de la minisérie Heimat - mot intraduisible en français, qui signifie la patrie, le lieu de naissance, la région d’origine, la matrice - réalisées et diffusées en 1984, 1994 et 2004 pour une durée totale de près de 60 heures - dessinent les contours d’un pays bouleversé par le 20e siècle.

Heimat / Chronique d’un rêve et Heimat / L’exode, forment un tout nouveau volet en deux temps de la saga monumentale et fresque historique d’Edgar Reitz, mais aussi et surtout un préambule aux trois saisons de la série culte qui nous plonge au coeur du 19e siècle, alliant l’incroyable précision historique avec une dimension quasi-documentaire (à l’instar des métiers d’époque), à la beauté sidérante d’un N&B en cinémascope, parfois marqué par quelques touches de couleurs. Merveilleusement écrit, interprété, mis en scène et photographié (les paysages sont magnifiques), porté par une musique quasi-hypnotique, ces deux épisodes d’Heimat subjuguent du début à la fin et ravissent les sens.

Avec ce long voyage de près de quatre heures, cette plongée dans l’Allemagne rurale de l’Allemagne des années 1840 marquée par un mouvement massif d’émigration vers une possible terre promise (le Brésil ?) pour fuir une misère sans issue et des hivers rigoureux, Edgar Reitz atteint le sublime et côtoie les plus grands maîtres du cinéma. Heimat est une oeuvre romanesque extraordinaire, étourdissante, virtuose et unique. Un chef d’oeuvre.

Présentation - 4,5 / 5

La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Elle est glissée dans un boîtier digipack classique de couleur noire, lui-même glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal propose de visionner la première ou la deuxième partie. Les deux volets de cette saga monumentale sont donc réunis sur la même galette !

Bonus - 3,5 / 5

En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint tout d’abord un entretien avec Pierre Eisenreich, critique de cinéma à la revue Positif (22’). Notre interlocuteur revient en détails sur la genèse, la généalogie et l’immense succès en Allemagne et en France de la série Heimat et ses différentes saisons (1984, 1994, 2004). Pierre Eisenreich évoque ensuite la carrière du réalisateur, les thèmes explorés, les références, l’utilisation de la couleur dans le N&B et la mise en scène proprement dite. En guise d’anecdote, Pierre Eisenreich indique que Stanley Kubrick était tellement fan du travail d’Edgar Reitz, qu’il lui a confié la postsynchronisation allemande de son film Eyes Wide Shut.

Pour cette édition Blu-ray, Potemkine Films et Agnès B. proposent également une conversation avec le réalisateur Edgar Reitz et Thomas Koebner, publiciste, expert en littérature et médias (26’). Installés dans une salle de montage, les deux hommes évoquent les thèmes de Heimat, l’oeuvre dans son intégralité, le rythme, le montage, les personnages, les partis-pris, la composition des plans, l’usage et l’importance du off dans une fresque. Edgar Reitz avoue que la première mouture durait 5h30, une version que Thomas Koebner espère découvrir un jour - on aperçoit quelques remarquables scènes coupées - ce à quoi le cinéaste répond qu’il devrait retravailler dessus mais qu’il est tout à fait possible que cette version sorte un jour devant l’accueil et le succès reçus !

Image - 4,5 / 5

Lors de sa sortie en DVD, nous déplorions que Potemkine et Agnès B. n’aient pas proposé une édition HD de Heimat. C’est aujourd’hui réparé. Pour son passage en Blu-ray, le diptyque d’Edgar Reitz est proposé au format 1080i (AVC). Le très beau master Scope respecté de Heimat apparaît ici encore plus ciselé qu’en DVD, surtout que le film a été tourné au moyen de la caméra Arri Alexa Studio. Même si de sensibles fourmillements et moirages demeurent, cette édition permet de voir ou de redécouvrir Heimat dans des conditions très soignées. La copie affiche d’emblée une propreté irréprochable ainsi qu’un N&B dense, lumineux et savamment contrasté et nuancé. Les séquences en extérieur sont merveilleuses, le piqué est souvent acéré et les détails multiples. C’est surtout au niveau des scènes en intérieur que l’apport HD demeure le plus flagrant puisqu’elles apparaissent plus concises qu’en DVD et le relief y est plus marquant. La copie est superbe et la profondeur de champ reste fort appréciable sur les nombreux plans larges.

Son - 4,5 / 5

Le mixage allemand Dolby Digital 5.1 laisse place à une piste DTS-HD Master Audio 5.1. Le confort acoustique y est tout autant assuré. La splendide musique bénéficie d’une spatialisation concrète, le caisson de basses est utilisé à bon escient, les dialogues solidement plantés sur la centrale et la balance frontale fluide et limpide. Les plages de silence sont impressionnantes, les ambiances naturelles (le vent dans les champs notamment) ne sont pas oubliées et les effets annexes sont palpables.

Crédits images : © Potemkine Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm