Sidewalk Stories (1989) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Charles Lane
Avec et Charles Lane

Édité par Carlotta Films

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Le 20/11/2014
Critique

Un artiste des rues campe dans un immeuble désaffecté. Le jour, il essaie de glaner un peu d’argent en dessinant le portrait de passants, à deux pas de Wall Street. Un soir, il est témoin du meurtre du père d’une fillette. Il décide de la prendre sous sa protection…

Dialogues sans paroles

Sidewalk Stories est le premier long métrage de Charles Lane. Un coup d’essai qui fut un coup de maître. Réalisé avec un budget de 131.000 dollars, le film fut tourné en quinze jours et fini juste à temps pour entrer dans la sélection de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 1989. Une course contre la montre qui valait la peine : le film décrocha le Prix du public !

Comédie douce-amère levant le voile sur la dure condition des sans-abri, Sidewalk Stories s’ouvre sur des plans de l’agitation de Wall Street, suivis par un long travelling latéral qui plante le décor urbain en faisant défiler sur l’écran un jongleur, un prestidigitateur, un danseur, un joueur de bonneteau, deux dessinateurs (dont notre héros), tous alignés sur le trottoir (sidewalk)… et même un ventriloque, le comble dans un film muet !

Aucun intertitre. Et pourtant tout le récit est d’une lumineuse clarté pour le spectateur qui n’éprouvera aucune difficulté à suivre les « dialogues » du film, tant Charles Lane sait faire parler l’image et les gestes.

La musique en tête d’affiche

Il s’appuie aussi sur la musique composée pour des petits ensembles instrumentaux par notre compatriote Marc Marder. Au thème propre à chaque personnage, s’ajoutent des thèmes liés aux sentiments, le thème de l’amour par exemple, ou à des lieux, comme le thème de la rue. La partition, très variée, mêle tempos et sonorités du temps du cinéma muet avec d’autres, très contemporains. À quelques reprises apparaît une parfaite synchronisation entre musique et mouvements (mickeymousing effect) et un occasionnel bruitage qui soulignent avec humour certains gags.

Il faut attendre les dernières secondes du film pour commencer à entendre les bruits de la rue, d’abord à peine perceptibles, puis finissant par s’imposer alors qu’on entend aussi les sans-abri faire la manche : le joli conte est fini, il est temps de replonger dans la réalité !

Pourquoi un cinéaste aussi talentueux n’a-t-il réalisé que deux longs métrages ? La ressortie de Sidewalk Stories en salles en 2013 pourrait avoir encouragé les producteurs : Charles Lane travaille à deux projets de films, Lady Be Good et Resurrection Man. Wait and see…

Présentation - 3,5 / 5

Test effectué que check disc.

Le disque est proposé dans un boîtier gris fumée. Une jaquette bien documentée avec, en couverture, une photo de l’artiste serrant dans ses bras la fillette, sur un fond jaune uni et, en page 2, trois personnages vus en transparence.

Accès rapide au menu fixe et musical qui reprend le visuel de la jaquette.

Le film en noir et blanc est présenté dans son format original 1.85.

Bonus - 5,0 / 5

Vibrations (28’) est l’enregistrement fait en 2014 d’une discussion entre Charles Lane et Marc Marder, préparée par Greg Ford, un historien du cinéma. Le réalisateur reconnaît, bien sûr, avoir été inspiré par Le Kid de Charles Chaplin, mais aussi par Les Yeux du témoin (Tiger Bay), réalisé en 1959 par J. Lee Thompson, l’histoire de Gillie, garçon manqué de 12 ans, un film inconnu en France sur DVD. Il dit avoir utilisé, parallèlement, les conventions du cinéma muet et du cinéma contemporain. Il a longtemps caché que la fillette était sa propre fille, craignant « que ça ne fasse pas professionnel ». Marc Marder explique son approche de l’accompagnement musical du film, justifiant, extraits de scènes à l’appui, ses choix de tempos et de timbres en harmonie avec le récit.

A Place in Time (34’, 1.33, noir et blanc, AVC, Dolby Digital 1.0) est le premier film de Charles Lane, écrit et réalisé en 1977 pendant ses études de cinéma à la State University of New York, récompensé par le Student Academy Award. La jaquette présente ce court métrage comme la « matrice » de Sidewalk Stories. Les similitudes entre les deux films sont limitées au personnage du dessinateur que ses pérégrinations rendent le témoin de scènes de rues, notamment d’agressions attirant des badauds qui se gardent bien de venir au secours des victimes. A Place in Time (lui aussi un film muet avec accompagnement musical de Marc Marder) permet de constater que Charles Lane avait déjà, à 24 ans, une sérieuse maîtrise de l’écriture cinématographique.

Un commentaire audio du film par les deux compères est également disponible, en anglais avec sous-titres français optionnels, contenant plusieurs anecdotes. Charles Lane a eu l’idée de fixer sur un trépied, au-dessus du berceau de sa fille, une caméra, pendant les trois semaines précédant le tournage, pour qu’elle finisse par ne plus y porter attention. Mais, surtout, le commentaire aide à découvrir le style du réalisateur, explique ses choix et la place que les deux auteurs ont souhaité réserver à la musique. Ce commentaire met également en lumière des détails qui avaient toute chance d’échapper au spectateur, même averti : on voit, par exemple, dans une de ses premières apparitions à l’écran, Edie Falco, bien connue des amateurs de séries pour ses prestations dans Les Soprano et Nurse Jackie.

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85, 1080p, AVC) restaurée par L’Immagine Ritrovata de Bologne, exempte de taches ou rayures, donne des niveaux de gris stables, des contrastes fermes, une grande profondeur de champ dans les plans larges, tout en respectant la texture argentique.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 restitue avec finesse la musique de Marc Marder et les timbres de tous les instruments utilisés avec fidélité. La qualité de la restauration s’apprécie sur fond d’écran noir, dès le générique, quand on entend les instruments de l’orchestre, d’abord s’échauffer puis, après quatre coups de baguette, s’accorder, avant que de nouveaux coups ne lancent l’interprétation du premier thème au moment où apparaît la première image, celle d’un gratte-ciel de Wall Street.

Crédits images : © Carlotta Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 20 novembre 2014
Le premier long métrage de Charles Lane, un petit chef d’œuvre d’originalité, d’humour et de tendresse, distingué par le Prix du public de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 1989.

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